Présentation


Je suis né il y a plus de 80 ans, dans une ferme des environs de Nantes, dans une famille très nombreuse où je suis le 7ème de douze enfants. Dix sont encore vivants, de 71 à 91 ans et nous aimons toujours nous retrouver, même si ça devient de plus en plus compliqué pour plusieurs de se déplacer.

Je suis prêtre depuis 1956: j'ai été ordonné juste à la veille de mon rappel en Algérie: première expérience inoubliable.

J'ai vécu vingt ans dans des ministères au service des mouvements en Monde Ouvrier: ACE, JOC, ACO, Mission Ouvrière et je reste toujours fidèle à cette intuition de l'Action Catholique qui a été déterminante pour l'Église.

Je n'en ai pas moins aimé mes ministères en paroisse, à Basse-Indre, Saint-Nazaire et Nantes, toujours en milieu populaire, avec le souci d'aider les communautés chrétiennes à s'ouvrir au monde tout en s'enracinant dans la foi au Christ, par l'accueil de la Parole et des sacrements

La dynamique du Concile Vatican II a 'bousté' toute ma génération, mais nous n'en avons pas moins été souvent déçus, sinon scandalisés par l'autoritarisme et le moralisme de cette Église que nous aimons pourtant comme une mère.

Aujourd'hui en retraite, je cultive les liens, j'entretiens les amitiés, j'essaie de conjuguer l'indignation et la gratitude et je surveille le baromètre de la joie et de la paix. Ce blog est un moyen parmi d'autres de ne pas m'isoler et de partager avec des amis quelques 'feuilles d'automne'...

Autre adresse: Paul Feuilles d'automne over-blog.com
















Sur les pas de Charles de Foucauld - 14 / 22 Mars 2007

J'avais entendu des amis me parler avec enthousiasme du Hoggar et de l'Assékrem...
Mais je n'avais même pas envisagé de réaliser ce rêve.
Il en a été ainsi de la plupart des voyages que j'ai fait: j'ai saisi l'occasion qui se présentait.
La différence - et elle est grande - c'est que pour la première fois, je vais m'inscrire à un voyage organisé.
Et découvrir qu'il existe toute une "faune" de retraités qui sont devenus des pros de ces voyages.

Évidemment, j'aurais préféré - et de loin - la formule de marche à travers le désert,
avec des chameaux pour porter les bagages et des cantonnements à la belle étoile ou sous des tentes de bédouins.
Mais à 76 ans, est-ce bien raisonnable ?
Et puis y a-t-il meilleur fil rouge que l'itinéraire de Charles de Foucauld ?
Nous allons en dévorer des kilomètres, en avion d'abord, jusqu'à Alger et Béchar,
en petit car de 25 places ensuite, la plupart du temps en plein désert.
Et de nouveau l'avion de Ghardaïa à Tamanrasset.

Une rencontre fortuite avec Gilles et Michèle, qui arrivent de Tamanrasset, fait tilt. Je les questionne sur les conditions de ce voyage : l’organisme Terre Entière, les prix, les conditions climatiques… Et dès le lendemain, je prends contact avec Terre Entière et je m’inscris : j’en rêvais depuis longtemps, pourquoi attendre ? Ma forme actuelle me le permet. En plus il y a une ristourne pour les prêtres qui fêtent leur Jubilé.

Depuis ce début novembre 2006 jusqu’au jour du départ, ma préparation va consister à reprendre contact avec Charles de Foucauld. Maurice me prête le fameux ouvrage de René Bazin, qui fait toujours autorité. Gilles et Michèle me prêtent un livre de Maurice Serpette. Je parcours aussi Jean-François Six et le petit livre de Sœur Annie de Jésus, qui va à l’essentiel

Pour préparer mon voyage à Tamanrasset, je fréquente Charles de Foucauld (avec René Bazin, Maurice Serpette, Jean-François Six). Je découvre que le désert et L’Islam ont été au cœur de sa vie, surtout depuis l’année passée à explorer le Maroc, déguisé en rabbin. Il restera profondément explorateur, parfois même militaire, au service d’une colonisation dont on ne critique pas encore les ambiguïtés. Il peut être sévère par rapport aux arabes. C’est pourtant l’Islam qui l’a ramené à la foi :

‘L’Islam a produit en moi un profond bouleversement…, la vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu m’a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines’…Je me dis que le mieux était de prendre des leçons de religion catholique comme j’avais pris des leçons d’arabe…’

Mais à Béni-Abbès, puis à Tamanrasset, il va faire l’expérience de l’immense patience qu’il faut accepter pour devenir un frère universel.

« Prêcher Jésus aux Touaregs : je ne crois pas que Jésus le veuille, ni de moi, ni de personne. Ce serait le moyen de retarder, non d’avancer leur conversion. Cela les mettrait en défiance, les éloignerait, loin de les rapprocher… Il faut y aller très prudemment, doucement, les connaître, nous faire d’eux des amis et puis après, petit à petit, on pourra aller un peu plus loin avec quelques âmes privilégiées, qui elles, attireront les autres…Mon petit travail préparatoire se poursuit. Je n’en suis même pas à semer, d’autres sèmeront, d’autres moissonneront ».

Il aura donné 15 ans de sa vie sans faire la moindre conversion, sans susciter le moindre disciple. Il s’est consacré d’une manière de plus en plus scientifique, à étudier et codifier la langue touarègue. Louis Massignon dira :
‘Il existe un domaine de l’intelligence plus profond où Foucauld devenu croyant se montre un explorateur et un découvreur hors pair : la découverte expérimentale du sacré chez les autres’.. C’est le sacré qui est dans l’autre qu’il faut chercher à découvrir ; il s’agit de ce cœur de l’autre, de l’inviolable, ce « point vierge » comme disait Massignon, son mystère propre, ce qu’il y a en lui de béance infinie… Se laisser atteindre par l’autre en tant qu’autre, non plus l’autre qu’on veut convaincre ou convertir, mais l’autre qu’on reconnaît comme un autre soi-même, un frère. Le secret du labeur extraordinaire de Foucauld, de cette œuvre scientifique importante, n’est-il pas dans cette compassion au sens le plus profond, cette reconnaissance exacte et ardente de l’autre, ici le peuple des touaregs, reconnaissance qui s’est prouvée dans un long travail linguistique incessant, opiniâtre ? ‘ (Jean-françois Six dans Foucauld au désert de Maurice Serpette p. 254)

N’est-ce pas cette même attitude de fond qui a caractérisé l’enfouissement des prêtres ouvriers ? Et même de très nombreux prêtres de ma génération qui se sont nourris du livre du Père Voillaume, « Au cœur des masses ».

J’aime bien aussi ce commentaire de Mgr Boulanger :
« Il voulait être frère des petits, le voilà devenu petit frère. Il voulait aider les pauvres, le voilà devenu pauvre. Il sait désormais qu’un pauvre aidé demeure un pauvre mais qu’un pauvre aimé devient un frère… C’est un blessé de la vie, parfois même un écorché vif qui est devenu un fils et peu à peu un frère, un tendre frère, un petit frère. Voilà ce que fait la grâce du Seigneur à travers le mystère de la faiblesse et de la fragilité humaine. » (Points de repère n° 215 p. 19)

A quelques jours du départ, l’agence Terre Entière nous envoie , avec les dernières consignes, le petit livre de Petite Sœur Annie de Jésus. En donnant énormément la parole à Charles de Foucauld, il va au cœur de son cheminement spirituel. Je le mets dans mes bagages pour le méditer en cours de route.

Voici le courriel que j’envoie à Marie-Annick un peu avant le départ :
" Je me prépare l’esprit en vue de mon voyage. J’ai lu de gros livres sur CdF avec intérêt et je découvre en particulier son approche patiente et minutieuse de la langue touarègue et la connaissance intime de ce peuple à qui il rêve… un jour… d’annoncer l’évangile. Et maintenant, avec Monod, je suis au milieu du désert, et je l’entends parler de ses chaussures, de sa gandoura et de son casque… Au fait, qu’est-ce qui convient le mieux : des nu-pieds ou des baskets, un short ou un jean, une polaire ou un anorak, une casquette ou un chapeau ? Si tu as des conseils à me donner, n’hésite pas ! Je viens de lire ceci dans « Les Essentiels": «Dans le désert, tu perds tous tes repères, tu n’as plus la même perception des choses… dans cet univers différent, tu deviens alors beaucoup plus attentif à tout ce qui se passe, et tous les sens sont aux aguets. C’est dans ce grand silence que Dieu peut te parler ». « Peut » : il n’est pas obligé ! Je tâcherai de bien écouter !


Ce document étant trop long pour ce support, j'ai du l'enregistrer sur un autre blog dont voici les coordonnées:

                                                        http://feuillesdautomne.over-blog.fr/categorie-11572897.html