Présentation


Je suis né il y a plus de 80 ans, dans une ferme des environs de Nantes, dans une famille très nombreuse où je suis le 7ème de douze enfants. Dix sont encore vivants, de 71 à 91 ans et nous aimons toujours nous retrouver, même si ça devient de plus en plus compliqué pour plusieurs de se déplacer.

Je suis prêtre depuis 1956: j'ai été ordonné juste à la veille de mon rappel en Algérie: première expérience inoubliable.

J'ai vécu vingt ans dans des ministères au service des mouvements en Monde Ouvrier: ACE, JOC, ACO, Mission Ouvrière et je reste toujours fidèle à cette intuition de l'Action Catholique qui a été déterminante pour l'Église.

Je n'en ai pas moins aimé mes ministères en paroisse, à Basse-Indre, Saint-Nazaire et Nantes, toujours en milieu populaire, avec le souci d'aider les communautés chrétiennes à s'ouvrir au monde tout en s'enracinant dans la foi au Christ, par l'accueil de la Parole et des sacrements

La dynamique du Concile Vatican II a 'bousté' toute ma génération, mais nous n'en avons pas moins été souvent déçus, sinon scandalisés par l'autoritarisme et le moralisme de cette Église que nous aimons pourtant comme une mère.

Aujourd'hui en retraite, je cultive les liens, j'entretiens les amitiés, j'essaie de conjuguer l'indignation et la gratitude et je surveille le baromètre de la joie et de la paix. Ce blog est un moyen parmi d'autres de ne pas m'isoler et de partager avec des amis quelques 'feuilles d'automne'...

Autre adresse: Paul Feuilles d'automne over-blog.com
















Vocabulaire Chrétien

« Je voudrais trouver les mots pour parler de Dieu avec les non-croyants… J’aimerais bien contribuer au renouvellement du vocabulaire utilisé par les chrétiens… Il me manque souvent les mots pour partager sur l’essentiel… »  
               Émile Poulat – La Vie 21.07.11

Accompagner « Celui qui accompagne est un compagnon, pas un maître. Le maître, c’est celui qui sait et fait apprendre à d’autres qui eux ne savent pas. Le compagnon se préoccupe de l’aventure que vivent les personnes. Il marche avec d’autres, pour être à leurs côtés, les accueillir et les écouter avec bienveillance, les soutenir dans leur cherche, les encourager dans les changements qu’ils traversent, les aider à voir clair dans les transformations qu’ils vivent, partager les découvertes qu’ils font. Mais il ne faudrait pas croire qu’il suffit pour cela d’être simplement là, accueillant et bienveillant. Il s’agit bien de faire route avec les personnes pour apporter une aide à l’aventure qu’elles sont en train de vivre. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cheminer avec des personnes demande de s’impliquer. Qu’est-ce qui va aider d’autres à voir clair ? Qu’est-ce qui va soutenir le chemin qu’ils sont en train de faire. Voilà des questions que doit se poser quiconque souhaite aider les personnes dans leur cheminement personnel ». (Point de Repères 206 – Mai 2005 – Tabga hors série 1 p. 29)
Faire route avec nos contemporains  Nous voici invités à entrer dans une logique d’Incarnation. Il s’agit non seulement de prendre la mesure de la distance qui s’est instaurée, et ne cesse de grandir, entre la réalité de notre monde et nos propositions (celles de l’Église comme celles des autres organisations et associations), mais aussi de choisir de franchir cette distance en acceptant de quitter les positions sur lesquelles nous serions tentés de camper, pour décider de faire route avec nos contemporains. La logique de l’Incarnation est celle d’un engagement sans retour. La figure d’Abraham nous accompagnera tout au long de ce voyage, mais plus encore celle du Christ ressuscité sur le chemin d’Emmaüs avec les deux disciples dont nous sommes. (Maxime Leroy – Nouveaux chemins d’évangile p. 31)
Action            « Pour vivre en passionnés de l’humanité à cause de Jésus, nous avons besoin aussi de l’action collective. Celle-ci n’est pas une condition de la foi, mais un déploiement de ce que la Parole de Dieu nous laisse entrevoir et de ce que l’Esprit suscite en nous. Notre engagement à la suite du ressuscité ne peut se réduire à un sentiment romantique ou des émotions impuissantes. Si notre cœur doit brûler de cette passion au feu de l’Esprit, nos mains doivent aussi s’unir à d’autres mains nombreuses et mues par des convictions diverses, qui oeuvrent ensemble à construire une société fraternelle. Notre foi au ressuscité, l’amour qu’il nous offre et l’espérance qu’il nous ouvre doivent devenir opératoires en nos vies et dans notre monde. » (J-L Brunin – Rencontre Nationale ACO à Lille – Pentecôte 2002)
Adorer   L’homme moderne sait-il encore adorer ? Est-il capable de ce geste de prosternation devant l’absolu ? Pourtant il a besoin, plus encore aujourd’hui qu’hier, dans un monde encombré par tant d’idoles séduisantes, qui sollicitent son assentiment et son attachement. L’esprit et le cœur sont assiégés et courtisés par tant d’idées, de richesses, de plaisirs, de promesses de réussite qui le fascinent. Se tourner vers le Dieu unique est alors une voie de libération, ainsi que le fait dire Éloi Leclerc à Saint françois d’Assise : « l’homme qui adore Dieu reconnaît qu’il n’y a de tout-puissant que lui seul. Il le reconnaît et il l’accepte, profondément, cordialement. Il se réjouit de ce que Dieu soit Dieu. Dieu est, cela suffit. Et cela le rend libre… Si nous savions adorer, rien ne pourrait véritablement nous troubler. Nous traverserions le monde avec la tranquillité des grands fleuves ». L’adoration du Dieu vivant est en fait un sentiment d’émerveillement devant Dieu, émerveillement devant sa présence et sa bien veillance, reconnaissance des dons reçus de lui et joie de pouvoir se confier tout entier à lui, qui est la vie de notre vie. L’adoration du Dieu vivant nous libère alors des idoles….
On comprend alors que l’adoration n’a pas sa place uniquement devant le tabernacle ou le Saint-Sacrement exposé. L’adoration que nous vivons nous appelle à tourner toute notre existence vers le Dieu vivant. Nous pouvons y développer mles sentiments de l’adorateur en esprit et en vérité que désire le Père. Le Christ nous enseigne alors à faire de toute notre vie un culte rendu à Dieu. L’adoration est possible partout, chez soi, dans la rue, dans le métro ou en voiture, si nous n’oublions pas que nous sommes le temple du saint Esprit. Adorer, c’est donc se mettre simplement dans la présence intérieure de Dieu, se réjouir et s’émerveiller de sa grandeur unique et de sa proximité fascinante ». (Dominique Barnérias – Croire Janvier 2010 p. 32/34)
« Agneau de Dieu » : Un agneau, pas un lion ni un taureau. Un agneau, animal vulnérable s’il en est. Substitut placé entre les mains des humains pour être offert à leur place en sacrifice… Jésus, celui qui vient nous parler de Dieu, se livre entre nos mains. Oserons-nous le regarder en face ? Il est l’Agneau de Dieu, celui que nous n’hésitons pas à sacrifier quand la vulnérabilité de l’amour nous dérange trop. Tel est le seul maître que notre cœur désire en vérité. Et qu’il cherche. (Pierre-Yves Brandt, pasteur réformé in Essentiels 31.50)
Appellation riche de sens à la lumière de la Bible. Isaïe avait annoncé que le Serviteur de Dieu qui viendrait serait comme un agneau muet entre les mains du tondeur, et même un agneau innocent qu’on conduit à l’abattoir. Dans la mémoire du peuple, il y avait aussi l’Agneau pascal, qu’on avait mangé le bâton à la main, juste avant de prendre le chemin de la liberté – sans parler du bouc sur la tête duquel on déposait les péchés du peuple et qu’on envoyait mourir dans le désert, d’où l’expression « bouc émissaire ». Ceux qui ont écrit l’Evangile ne pouvaient pas ne pas penser que Jésus avait bien été un peu tout cela : la victime innocente, l’Agneau pascal portant le péché du monde. (Homélie 16.10.00)
Agnostique « De nos jours, l’agnosticisme est devenu vertu. Dites-vous croyant, vous passez pour un attardé ; athée, pour un esprit fort ; agnostique, pour un sage ! l’agnostique garde la porte ouverte aux possibles, mais se garde de la franchir. La laïcité ambiante, qui s’impose de plus en plus comme la nouvelle norme religieuse de l’Etat, vous impose de vous taire hors des sacristies pour préserver l’espace public de tout prosélytisme. Et beaucoup de croyants ont intériorisé cette norme au nom du « laïquement correct », au point qu’ils s’interdisent plus ou moins consciemment de professer publiquement leur foi, ou même d’engager ces conversations spirituelles spontanées et amicales où s’exprimer notre liberté de penser, de croire et de partager les valeurs qui pourtant animent leurs vies profondes. Désert spirituel ! À chacun ses convictions ou, comme on dit, sa religion. Mais nous ne prenons pas garde qu’à force d’interdits de parole on s’interdite aussi de penser, et, par suite, de pouvoir répondre à quiconque nous demande raison de l’espérance qui est en nous. » (Claude Flipo – 50 portraits bibliques p. 229-
Agonie « Derniers fragments d’un long voyage » Christiane Singer – Albin Michel
« Par un sombre ravin, je suis passée de la vie à la vie »
« Oui, ma maladie a ouvert une incroyable brèche : un prodigieux champ de transformations pour beaucoup d’autres que moi, tous les miens, frères, sœurs et amis . C’est incroyable
« La souffrance physique, ses abysses, impossible de se l’imaginer. Aucune compassion, aussi forte soit-elle ne l’atteint. Il faut l’avouer. J’ai été vaincue à plate couture… et pourtant je ressors entière et lumineuse. Je n’ai pas perdu, dans ces chutes libres, ces dégringolades vertigineuses, le fil de la Merveille. J’ai touché le lieu où la priorité n’est plus ma vie mais LA Vie. »

« Il y a des moments où l’âme, empalée au corps, agonise ». »ce qui est bouleversant, c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien…il n’y a plus que l’Amour. Tous les barrages craquent. C’est la noyade, l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment, c’est la substance même de la Création… Au fond, je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre… La vérité est que tout est VIE, je sors de la vie et j’entre en vie. Ah ! comme je serre dans mes bras tous ceux que j’ai eu le bonheur de rencontrer sur cette terre… Je ne suis qu’une VIVANTE qui voyage entre les mondes »

À l’instant où montent ces paroles : ‘Le Corps du Christ’, fortement articulées, mes yeux s’entrouvrent : entre le prêtre et moi se tient le Christ. Mon saisissement est total. Aucune représentation ne m’eut jamais donné ce que je suis en train de vivre… Depuis, ce Christ m’habite de sa plus haute vibration comme du ruissellement d’une fontaine… Du fond du cœur, merci. »
Essentiels 3215 p. 46/47
Alliance                        L’amour de Dieu et des hommes s’exprime dans la Bible par le mot « Alliance ». C’est le fil conducteur entre l’ancien et le nouveau testament. Dieu offre au peuple d’Israël son amour : il lui assure paix, protection et terre pour bien vivre. Israël promet à son tour d’aimer Dieu : il le servira fidèlement, en observant ses lois. L’Arche d’Alliance est signe de cette première alliance. Les prophètes rappelleront cette promesse d’amour au peuple infidèle qui rompt le pacte à plusieurs reprises. La Nouvelle Alliance est scellée en Jésus : par sa mort –corps livré, sans versé – les hommes sont de nouveau unis à Dieu. Avec Jésus, la loi d’amour de Dieu entre en l’homme. Dieu envoie son Esprit, il change le cœur des hommes, il vient habiter parmi eux. (Prier 2000)

-         Altérité             Pour chacun de nous comme pour l’humanité toute entière, la rencontre de ce qui est autre en moi, en toi, en l’étranger, n’est pas nouvelle. Le geste même de création est à la fois premier et mystérieux.
- Qu’il s’agisse de la procréation d’un autre être humain par deux êtres qui eux-mêmes sont différents.
- De la création artistique qui place l’artiste et ses spectateurs face à une nouveauté radicalement originale. L’œuvre d’art dit quelque chose d’ « autre » qui nous dépasse, la beauté.
- D’une action de groupe (démarches sociales, syndicales et politiques ; temps de prière et célébration partagée ; fêtes familiales et amicales) qui, tout en invitant chacun à être lui-même, crée une ambiance et une expression totalement différente de la seule addition des individualités.
- Du geste qui a créé l’Homme. Au cœur de la foi judéo-chrétienne, c’est bien l’intervention mystérieuse (et totalement amoureuse) qui crée l’être humain. En le créant homme/femme, le créateur inscrit en chaque personne l’altérité de l’autre sexe.
- L’altérité reste tout aussi fondamentale pour les non croyants en Dieu, qui acceptent de voir dans le moment de la création, un moment à propos duquel même les plus grands scientifiques contemporains demeurent silencieux.
- Au quotidien, l’altérité constitue une heureuse nécessité qui présente toujours des rugosités. La relation d’amour ou d’amitié souhaitée avec l’autre n’est pas toujours facile à vivre. Le travail en groupe, lieu d’épanouissement pour beaucoup, peut devenir lieu d’exploitation, d’asservissement ou d’humiliation. La cohabitation ecclésiale est parfois malmenée par la présence d’autres courants et l’instauration d’autres manières de faire Église.
- Pour la première fois dans leur histoire, les hommes vivent l’interdépendance totale, c'est-à-dire la dépendance et la responsabilité à l’égard de l’autre.
- Qui est pour moi cet « Autre » ?  Comment aller à la rencontre de « l’Autre » ? (Guy Aurenche)
Âme « La philosophie m’a permis de mettre des mots sur mes impressions : l’esprit et l’âme sont deux choses différentes. Pour certains scientifiques ou penseurs matérialistes, le dualisme est un scandale, ils veulent à tout prix résorber l’esprit dans la matière. Alors que la vérité c’est qu’il y a un troisième terme : l’âme. L’esprit a quelque chose d’impersonnel. L’âme, elle, est ce qui fait de nous des personnes. Et ce qui fait de nous des personnes est intimement lié à nos rapport avec les autres : l’âme vit de ces liens. J’ai grandi dans une famille où Dieu était considéré comme l’opium du peuple. La vie de l’âme, je l’ai découverte, comme beaucoup aujourd’hui, dans les rapports amoureux : « Il y a notre attention à l’autre, notre désir de le connaître, de lui faire place en nous…’Il y a une minute de générosité pendant laquelle l’être entier appelle et interroge tout ce qui fait l'être du nouveau venu… Ce n’est qu’après qu’on se fatigue, qu’on retranche de son élan et qu’on s’en tient chez l’autre à ce qui peut caresser nos besoins les plus superficiels’. Cette anesthésie dans l’habitude arrive souvent Ce qui arrive non moins souvent, c’est que l’amour devienne une lutte. Parce qu’aimer, c’est sortir de soi, accepter de dépendre d’un autre. On devient vulnérable.. D’où un combat, pas moins féroce d’être inavoué ou inconscient, pour accuper la position dominante » (Olivier Rey – Les Essentiels 2008 p. 44)
Amitié « L’amitié est une rencontre, dont la gratuité est le premeir mot. Elle va au-delà des intérêts et des utilités. Elle se caractérise par la liberté et la non possessivité. Rencontre de l’autre en ce qu’il est, et non en ce qu’il peut faire pour nous. Elle apporte le bonheur d’être simplement reconnu, aimé, accompagné dans la tendresse et, aux moments de malheur, dans la compassion. Cette rencontre est bel et bien un décollement de soi. Le regard se porte sur l’autre. Mais elle n’est pas une perte en soi. Le regard de l’autre sur moi me redonne à moi avec plus d’éclat et de force, si bien que je me sens mystérieusement être plus. Une lumière se lève entre les amis au moment le plus intérieur du partage, une sorte de présence qui emporte les deux personnes plus avant qu’elle-mêmes. On peut la décrire comme un jaillissement de joie » (d’après Maurice Zundel)
Eloge de l’amitié Michel Quesnel – Sagesse Chrétienne, p. 155-158
« L’amour n’est pas tellement don de soi, car ce qui serait au centre, ce serait encore soi-même. Il est d’abord accueil de l’autre, il est effort pour « donner l’autre à l’autre », pour ménager le lieu où il peut devenir lui-même…. Si vous ne respectez pas la nature de chaque être, si vous n’avez de l’amour qu’une perception subjective et sentimentale, vous finirez par dévorer votre épouse et vous marier avec… » (Fabrice Hadjadj)-

Amour Éros et Agapè « Contrairement à Claudel et Benoît XVI, je ne pense pas qu’Éros puisse mener à Agapè. Ni qu’il puisse être évangélisé. Je ne sais si Benoît XVI a connu la luxure et le désespoir. Moi, oui. Je ne condamne pas Éros, mais il est définitivement païen. Il faut l’accueillir en tant que tel, en prenant soin de ne pas s’y perdre. Mais l’amour est plus grand, la joie est supérieure à l’orgasme et seul Agapè mène à la vie éternelle. Etre catholique pour moi, c’est pratiquer cet amour au quotidien. Aussi je suis un mauvais catholique, comme il y en a tant, parce que c’est bien difficile de vivre l’Évangile. » (Olivier Py – La Vie 3164- 20.04.06)
« Quand il parle de l’amour, le théologien Xavier Lacroix distingue 4 niveaux de profondeur pour cette expérience :
- le plaisir… Eprouver du plaisir à être avec une personne…
- l’émotion, plus intérieure que le plaisir, un bouleversement…
- le sentiment qui m’ouvre davantage à l’autre (une affection, une tendresse) mais qui est lui aussi fragile et inconstant…
- l’engagement de la volonté : « L’amour est aussi de l’ordre de l’action, du consentement à l’autre. La volonté, non au sens de volontarisme, mais de mise en œuvre du désir, est engagement de tout l’être. Elle est décision. Cette volonté, qui est l’élément le plus déterminant de l’amour, est également essentiel pour que vive la fidélité. » (in Croire 210 p. 15/16)
« L’amour n’est pas tellement don de soi, car ce qui serait au centre, ce serait encore soi-même. Il est d’abord accueil de l’autre, il est effort pour « donner l’autre à l’autre », pour ménager le lieu où il peut devenir lui-même…. Si vous ne respectez pas la nature de chaque être, si vous n’avez de l’amour qu’une perception subjective et sentimentale, vous finirez par dévorer votre épouse et vous marier avec… » (Fabrice Hadjadj)
o « Ici, l’homme est convié à découvrir la présence vivifiante du divin au plus profond de ses entrailles et de son cœur, et non dans l’extériorité des choses, fussent-elles religieuses. Un invitation du Seigneur à le rejoindre en nous, faite sous la forme d’une demande en mariage, déclaration dont le caractère enflammé révèle l’amour presque incontrôlable de Dieu à l’égard de chacun. Ainsi, la nouvelle Alliance réalisée en Jésus scelle l’union intime entre l’homme et Dieu, mariage où les époux ne font plus qu’une seule chair, donnant bientôt naissance à un être nouveau – ressuscité. La prophétie d’Isaïe suggère à l’homme d’expérienter cette union nuptiale avec Dieu, vivifiante au-delà de tout. Dans le mariage humain comme dans les noces divines, l’amour se dévoile au fur et à mesure, épuré qu’il est par les épreuves de la dispute et de la réconciliation, de la dispersion et de la fidélité, du repli sur soi et de la communion, des intérêts calculés et de la gratuité. Ainsi s’opère une union intime qui a la douceur et la tendresse d’une caresse, geste d’amour par excellence, où la main, se faisant l’ambassadeur du corps entier, frôle et attise le plaisir de l’autre sans jamais vouloir le saisir, l’agriper, le transformer en sa propre chose. Telle est la grammaire de l’amour caressant initié par Dieu aux premiers matins du monde, lorsque ses doigts modelèrent sa créature selon sa propre image. Il posa alors l’empreinte d’un indélébile amour, parfaitement libre et gratuit, permettant à l’homme d’accéder à son tour jusqu’aux entrailles de la miséricorde du Père. Ainsi l’homme uni à Dieu rejoint-il la ronde trinitaire, danse céleste où les caresses sans cesse échangées font la joie de Dieu et réjouissent la création tout entière. » (Frère Irénée, commentant Isaïe 62.1-5 – Les Essentiels 14.01.10)

L'amour est-il raisonnable ?

« La modernité a du mal à tenir un discours philosophique sur l’amour : la conviction moderne est que l’amour n’est pas rationnel… Il y a pourtant une rationalité puissante de l’amour mais elle ne suit pas la logique du rationalisme. L’amaour apparaît rationnel si l’on est prêt à suivre ses paradoxes. L’homme aime, il ne se définit ni pas le logos, ni l’être en lui, mais comme un ‘animal aimant’. ‘M’aime-t-on ?’ est souvent la seule question… Renoncer à se poser cette question, ce serait se priver de l’humain en soi : être aimé et aimable, seule assurance qui m’évite d’être englué.
Tout le monde reconnaît que l’amour est un échange. En économie, l’amour est réciproque, si possible gagnant/gagnant, sans quoi il provoque des injustices, donc de la violence. On conclut que l’amour exige lui aussi une égalité. Or l’amour échappe à cette rationalité-là. L’amour n’est pas soumis à la loi d’airain de la réciprocité. Car on ne peut parler d’amour qu’à partir du moment où l’amant aime sans présupposer ni attendre, sans exiger d’être exactement payé en retour. En fait, en amour, celui qui gagne est celui qui perd. L’amour se diffuse à perte ou bien il se perd comme amour. L’amour de l’amant gagne toujours car il n’a nul besoin de gagner quoi que ce soit pour se gagner, de sorte qu’il gagne lorsqu’il se perd. Je ne possède bien que ce que je donne. Aimer n’est pas une affaire de commerce..
Celui qui renonce au rôle d’amant est le perdant. L’amant aime sans raison, l’amant ne méprise pas la raison mais la raison elle-même manque dès qu’il s’agit d’aimer. Le véritable amant supporte tout, croit tout, dans limite ni recours, il rend visible ce qu’il aime et sans cet amour rien ne lui apparaîtrait… l’amour n’est pas que de passion, il peut être de vertu, qui donne à autrui et s’oublie soi-même. Il lui enlève ce que depuis Descartes on essaie de conquérir : l’autonomie d’exister par sa seule pensée, la maîtrise de soi. En effet, aussi certain que je sois de mon existence et de ma puissance, tout cela sombre dans la vanité aussi longtemps que personne ne me dit : ‘Je t’aime’. Aucun humain ne peut se dispenser de l’amour. Celui qui le prétend, en fait, meurt d’envie qu’on l’aime. Le moins malheureux, c’est celui qui ne cesse pas d’aimer.
Aimer, ce n’est pas non plus séduire. La séduction veut se faire aimer sans finalement aimer. Je n’avance que dans la ferme intention de ramener l’autre à moi. Dans la séduction, je jouis, mais d’un plaisir solitaire… Ce qui me définit moi-même, c’est la façon dont j’aime et désire autrui. Aimer exige une extériorité affective, une distance à parcourir, non feinte, un réseau d’échanges, de conversations, de conservations, d’intérêts et d’affections qui font de ma vie une vie pauvre ou riche, conflictuelle ou harmonieuse, ouverte par l’amour… La chasteté, c’est la vertu érotique par excellence.
Croire en Dieu, c’est penser qu’il est plus intérieur à moi-même que moi-même, sentir que Dieu est la condition de possibilité de mon existence. Quand Dieu aime, il aime infiniment mieux que nous. Il aime à la perfection, sans erreur, du début à la fin, le premier et le dernier.  L’amour seul suffit à mettre en œuvre toute infinité, toute sagesse et toute puissance… L’être humain se caractérise par son désir d’amour au-delà de tout objet et parce que ce désir le dépasse lui-même. Parler d’un Dieu d’amour est une tautologie. Seul le Christ qui a passé la mort put apprendre à aimer : l’amour ne détruit pas, il crée. » (Jean-François Petit expliquant Jean-Luc Marion – Cahiers de l’Atelier 529 p.46 à 49)

« Seigneur, vraiment, je ne veux plus aimer, c’est trop dur, trop épuisant. Je n’en peux plus. Comment fais-tu à nous aimer toujours, à nous attendre toujours, à être l’Amour ? Je ne comprends pas. Je croyais qu’aimer c’était source de joie et je n’y trouve que souffrance. Je crois pourtant que toi, tu es l’Amour, tu es aussi la Vie en plénitude, la Vérité, la Justice, tout ce que mon cœur espère, tout ce que les hommes espèrent, le bonheur quoi ! On parle de bonheur éternel ! Je te vois sur la croix. On dit que ton amour pour les hommes t’a conduit là et que ceux qui prennent ton chemin ont à vivre ce passage. Est-ce que je dois croire que ce n’est qu’un passage ? Qu’à travers cette mort germe la vie ?  Où est la vie ? Je ne sais pas aimer. Je ne peux pas croire qu’aimer c’est mourir. Comment peux-tu être l’Amour et la Vie ? » (Clotilde Oheix – Itinéraire spirituel)
 o « Une doctrine qui propose l’Amour de Dieu pour fin suprême a surtout besoin d’être virile, sous peine de cautionner toutes les illusions de l’amour-propre et de l’amour charnel. Il est trop facile d’émasculer les âmes en ne leur enseignant que le précepte de chérir ses frères, au mépris de tous les autres préceptes qu’on leur cacherait. On obtient de la sorte une religion molasse et poisseuse, plus redoutable par ses effets que le nihilisme lui-même ». (Léon Bloy – Le désespéré)
Il y a une grande parenté, une grande affinité entre l’amour et la foi : c’est le même mouvement, la même manière de s’en remettre à quelqu’un. C’est comme une brèche qui nous fait sortir de nous-même, de notre réserve, de notre orgueil ou de notre timidité, pour risquer notre vie dans un acte de confiance, dans la certitude que quelqu’un nous aime tel qu’on est, et qu’on peut lui faire confiance. Tu prends le risque de remettre ta vie dans les mains d’un autre. Tu prends ce risque parce que tu estimes que c’est ta chance. L’amour nous fait découvrir le secret qui est aussi celui de la foi : il n’y a de bonheur qu’à se laisser aimer et à se mettre à aimer en retour. Et la foi nous fait découvrir la valeur unique de l’amour, surtout quand on essaie de le vivre à la manière de Jésus, en faisant de notre vie une vie donnée. PT
« Je n’ai qu’un talent, celui d’aimer (mais pas l’amour comme vous les chrétiens le concevez) : être là auprès de ceux que la vie me fait rencontrer, sans chercher à leur apporter , ni à leur retirer. Etre vivante en même temps qu’eux, c’est tout » (Nicole C)
« On voudrait qu’aimer soit tissé d’une proximité sans faille et sans fin.
On rêve d’une complicité qui efface les aspérités, d’une connivence qui étouffe la dissemblance, d’une entente qui comble l’attente.
Mais l’appel est ailleurs, qui conduit hors du leurre et promet un autre bonheur.
On n’aime bien qu’à distance, qu’à la bonne distance, on grandit de s’écarter, non de fusionner.
Ceux qui s’aiment savent se séparer car pour eux la solitude n’est que l’envers de la sollicitude qu’ils s’offrent l’un à l’autre.
De quoi pour chacun cultiver son jardin et les fleurs qui enchanteront demain. »
Francine Carillo – Le Plus que Vivant p. 157
Quand la Bible parle d’amour : cahier inséré dans le n° spécial de Croire Aujourd’hui sur le Mariage  n° 182-183
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Anges Les anges existent-ils ? Les anges, peut-être est-ce Dieu qui se rend doucement présent à l’homme, comme ceux venus annoncer aux bergers la naissance de l’enfants Jésus ? Les anges disent la transcendance de Dieu en même temps que sa proximité radicale. Ils font se rejoindre le ciel et la terre et par eux Dieu pose la main sur l’épaule de l’homme en chemin ou dans l’épreuve.
Voir Croire aujourd’hui n° 203 p. 26 / 29
1/ Les anges existent-ils ?
2/ A quoi servent les anges gardiens ?-
Apôtre Apostolos, du verbe apostello, ne veut pas dire seulement « envoyer » mais « équiper », une expédition, une flotte, envoyer en ambassade. Les apôtres, dans l’évangile de Luc, découvrent avec joie qu’ils sont effectivement équipés d’autorité sur le mal. Pour évangéliser, il ne suffit donc pas d’envoyer des hommes à d’autres répéter la bonne nouvelle. Encore faut-il qu’ils soient équipés pour les rencontres et pour faire face avec autorité aux maux, au mal qui empêche la relation. Alors Satan est jeté hors du ciel.
(Marie Balmary – Le Moine et la psychanalyste p. 200)
Apparitions « Le discernement est la règle fondamentale : discernement théologique (contenu doctrinal), discernement pratique : « Si la personne ajoute que l’apparition est réelle, cette attitude est examinée en référence au cours de la vie du visionnaire. Si ses visions l’aident à vivre, à communiquer avec autrui, à murir et à jouer un rôle social, elles seront tolérées, voire bienvenues. Si elles sont source de souffrances et conduisent à un comportement dangereux pour autrui, ces visions seront l’objet d’une thérapie adaptée ». Croire n° 245 p. 32/35-
Argent « L’argent est dangereux parce qu’il creuse des abîmes entre le riches et les pauvres, et Jésus invite à en faire une passerelle entre les deux rives du fossé dont il est la cause : « Faites-vous des amis avec le malhonnête argent » (Luc 16.9) La phrase est suivie d’une parabole fameuse qui l’illustre à contrario, celle du riche et du pauvre Lazare qui mendiait à sa porte, sans que le riche l’ait même remarqué. Le tort du riche de la parabole, c’est de n’avoir même pas eu un regard pour celui qu’il croisait chaque jour en sortant de chez lui ; il a laissé le fossé subsister. » J’ajouterais : il a creusé sa tombe !

(Michel Quesnel – Eloge de la richesse, dans La sagesse chrétienne, un art de vivre p. 67)
Assemblée / Communauté Les chrétiens sont convoqués en « assemblée », ensemble, ils sont l’assemblée de Dieu…Une assemblée dans laquelle germe un sens d’identité et d’appartenance. Qu’est-ce qui engendre ce sens ? L’expérience du don de l’Esprit, de la proclamation de la même foi, de la vie en fraternité, de la célébration sacramentelle : tous ont part et sont invités à prendre part à la « communion » du Père avec le Père avec le Fils et avec l’Esprit. Tous ceux qui répondent oui à la convocation de l’assemblée de Dieu sont appelés à vivre la communion ecclésiale. Voilà ce qu’ils ont en commun : au sein de l’assemblée, chacun fait une démarche propre de réponse à la convocation de Dieu, à son projet d’amour / communion. Est-ce pour autant que nous pouvons parler de « communauté chrétienne » ? Non, vivre une véritable expérience d’Eglise implique que chacun entre résolument dans le dynamisme d’un « devenir Église de Dieu », assume ma mission du munus-don auprès de tous les hommes… (Le munus-don est la gratitude exigeant une nouvelle donation. Il nous lie les uns aux autres dans une responsabilité réciproque.) La Communauté se tisse dans la prise en charge du devoir de partager les dons propres à chacun pour que ceux-ci puissent se développer pleinement pour tous La communauté n’existe qu’en germe au cœur de nos assemblées. C’est bien au cœur de l’assemblée ecclésiale que chaque baptisé pourra découvrir le munus-don qui lui est confié par la Trinité, et qu’il ne peut garder pour lui.
Marie Hélène Lavianne – Cahier Atelier 515 p. 47/48

-         Autorité 
 Si l’on remonte à l’essentiel, on découvre que l’étymologie du terme autorité vient du latin et renvoie à ‘augere’, faire grandir, faire croître, et d’abord donner naissance. L’autorité donne donc de vivre et de vivre bien, loin d’être ce qui étouffe, paralyse ou tue. Elle a pour but de susciter une liberté assez consciente d’elle-même et assez forte pour pouvoir engendrer à son tour d’autres libertés, donc d’exercer aussi une autorité… On comprend alors à quel point l’autorité est inéluctable pour que l’être humain puisse grandir, et combien son absence ou ses pathologies constituent autant de handicaps à la croissance humaine, donc forment des entraves à l’avènement des libertés. Ce qui est vrai en tout domaine l’est aussi sur le terrain religieux. Chacun de nous a besoin de naître à la foi et d’y grandir, de croître, de se développer, d’en devenir de plus en plus responsable. Comment y parviendrait-on si nous n’avions pas rencontré dans nos vies des hommes et des femmes qui ont suscité en nous le goût de croire, d’aimer et d’espérer ? … Mais ceux-là n’ont été que des témoins d’une Autorité plus grande, d’une Autorité source ; ils nous ont mis devant Celui qui est l’autorité même, le Père, d’où naissent toute paternité, toute maternité, toute Autorité sur terre et dans les cieux. Et ce Père, nous ne l’avons découvert ou entrevu qu’à travers son Envoyé, le Fils qui se reçoit tout entier du Père et qui grandit en accueillant la Parole du Père, en se soumettant librement à son Autorité. Il n’y a donc, dans l’Église comme ailleurs qu’une seule Autorité… Les autorités que nous rencontrons n’apparaissent pas toujours à la lumière de leur fonction essentielle : faire grandir, encourager, susciter l’initiative…L’autorité première n’est rien d’autre que l’Esprit lui-même : celui qui nous abreuve quand nous lisons les Écritures, quand nous nous mettons à l’école du Christ.. (Paul Valadier – Croire n° 277 .p. 22-27)
Bonheur Pousse des cris de joie, exulte de tout ton cœur. Etre fou de joie, reconnaissons-le, ce n’est guère le genre de la plupart de nos assemblées dominicales… Personnellement je ne m’y fais pas… Il existe un divorce extraordinaire entre certaines lectures bibliques… et le ton morne sur lequel elles sont débitées et les visages abattus de l’assistance. Un divorce, une contradiction, un paradoxe, je ne sais comment nommer cette aberration… La réponse habituelle est celle des contraintes, du réalisme, du pas si simple…Michel Sauquet – Hymne au bonheur – Les Essentiels 3141 p. 58/59)
(Voir aussi ma réponse à un jeune incroyant venu à la célébration de Noël aux Couëts.)

Le bonheur, c’est quand je perçois que ma vie sonne juste, quand je la sens accordée à celle de mes proches, comme sont accordées entre elles les cordes de la guitare. Je crois qu’en vivant dans la présence et l’attention, l’E-St nous aide à nous accorder en vérité et à choisir ce qui est juste. J’en fais l’expérience souvent et cela renforce ma confiance et ma foi. Essayer de vivre juste n’est pas toujours une partie de plaisir, mais au plaisir, le préfère le bonheur. (Philippe Nussbaum – La vie)

Le bonheur, c’est de réaliser ce dont on se sent capable, c’est de créer et d’être reconnu comme tel : que ce soit pour engendrer, éduquer, fabriquer des objets ou avoir des idées et les développer avec ou pour les autres. C’est s’épanouir et aider les autres à en faire autant, chacun dan,s ses talents. C’est échanger, donner et recevoir du plaisirt à vivre. C’est se savoir attendu et reconnu dans sa spécificité. (Thérèse Lemarque – La Vie)


« Le bonheur n’est pas l’objet d’une quête mais le fruit d’une manière d’être : telle est la vérité que le psaume 111 nous propose de redécouvrir. La joie, cet homme la reçoit comme le fruit mûr que produit son attitude dans et pour le monde. Et c’est l’expression « Heureux l’homme… » qui le lui confirme. Car cette formule est une béatitude, une parole d’approbation posée sur l’homme et qui lui déclare : ce que tu fais est bon. Quand tu es juste, attentif aux autres, tu es un homme debout. Un homme en marche, une lumière dans les ténèbres. Et quand tu te tournes vers autrui, tu te rapproches aussi de Dieu… L’homme dont il est question dans ce psaume n’est pas tendu vers la satisfaction de ses désirs propres. Il est tout entier tourné vers autrui. Sa question n’est pas ‘Qu’est-ce qui est bon pour moi ?’ mais ‘Qu’est-ce qui est bon pour l’autre ?’ Alors il a pitié, il prête, il donne. À pleines mains, Joyeusement ». (Christine Renouard, pasteure – Les Essentiels 06.02.14)




La Bonté      La bonté n’est pas une qualité un peu simplette. Bien vécue et intégrée, elle peut devenir subversive, changer les rapports de force, faire éclater des carcans, renverser des situations. La bonté agissante transforme le monde. Si Dieu est bon, comment l’homme, fait à son image, ne pourrait-il pas lui emprunter sa bonté ? C’est ainsi que dans l’exercice de la bonté l’homme se fait de plus en plus ressemblant à Dieu, permettant à d’autres de s’approcher à leur tour du mystère divin. C’est ainsi que de génération en génération, l’homme bon empêche l’humanité de se perdre. (Croire n° 287 p. 35)


« C’était quelqu’un qui aimait les gens, profondément. Son sourire, son regard, sa poignée de main chaleureuse et interminable, tout cela ne devait rien à une stratégie de communication : c’était l’expression spontanée de la joie qu’il éprouvait à rencontrer des gens, connus ou inconnus. Les contacts humains le faisaient vivre » (X.D. à propos de R.R.)
 
Carême ‘Le carême, ce n’est pas de tenir, ni de retenir, c’est au contraire d’ouvrir, de laisser la vie nous envahir, nous traverser et nous transformer pour qu’elle se répande autour de nous… Le carême exige de nous une décisions intérieure de vivre au niveau de notre cœur profond’. Cf. « Carême, le combat intérieur » in Croire n° 187 p. 28
Catéchèse Parole, dialoguée, sur l’essentiel de la foi, inscrite dans un processus pédagogique réfléchi, avec un dispositif institué et organisé, dans lequel les personnes acceptent d’entrer, pour un cheminement existentiel et une appropriation de la foi. (André Fossion)
* Nouvelles dynamiques de la catéchèse – Cahier de l’Atelier 517 – Avril 2008
Catéchuménat "Le catéchuménat est un lieu où l’on se rencontre en Dieu. C’est un lieu privilégié, très différent de tous les autres lieux, où la parole se libère, où l’on prie en commun. Comme Dieu ne se connaît qu’en partage avec d’autres, c’est le lieu de la rencontre avec Dieu ». (David Wahl, dramaturge, catéchumène) 
Charité Par quelle perversion de langage le mot charité, qui incarne l’essence même du christianisme a-t-il pu devenir synonyme d’attitude hautaine et paternaliste ? …Parce qu’on a prétendu donner par gratuité ce qui était dû en justice. « Je ne veux pas de la charité, je veux qu’on respecte mes droits » Durant le 19° s., le mot solidarité a connu un succès croissant, tout en prenant un sens politique. Jean-Paul II a fait de la solidarité le cœur même de l’enseignement social de l’Eglise.. Assistons-nous à un retour de la charité ? L’encyclique de Benoît XVI, Dieu est charité, montre que croire en Dieu mène à pratiquer la charité et que la charité peut mener à Dieu. Détourné, discrédité, revisité, le terme même a subi au cours des siècles de nombreuses métamorphoses. Retrouver son sens profond, c’est aussi revenir à Dieu. (Antoine Sondag – Les Essentiels 3189 p. 54/55)

-          Chasteté      La chasteté est un don de Dieu, comme tout ce qui nous fait tenir debout, comme tout ce qui nous permet d’aimer davantage. La chasteté est un des noms de l’amour, avec le respect, la compassion, le don de soi… tous ces noms mis ensemble s’éclairent mutuellement et parlent de l’amou : ce terme renvoie à tellement de réalités différents, qui pourtant font corps. Plus précisément, la chasteté est la dimension du respect dans l’amour qui permet de ne pas être dans un rapport de possession. Elle concerne le rapport au corps, la sexualité, mais aussi la relation à autrui. Etre chaste, c’est trouver la bonne distance (et donc la bonne proximité), La chasteté peut s’observer dans la mariage, dans le célibat consacré, mais aussi chez des jeunes qui n’ont pas encore engagé leur existence…. Les gens mariés éprouvent qu’être chaste, c’est ordonner la relation sexuelle à l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre. Ils nous disent que la rencontre des corps est quelque chose de beau, de grand : c’est une des plus belles choses que l’homme et la femme peuvent vivre. De cette jouissance nait la joie, la douceur, qui sont bénis de Dieu et l’exercice de la sexualité permet l’expression de l’amour et l’unification de la personne dans un don de soi à l’autre pour toujours. Mais cet exercice de la sexualité pourrait aussi détruire, au travers de relations non chastes, dans l’asservissement de l’autre à son propre désir.. Mais il ny a pas que dans la relation sexuelle que le corps se donne, car aimer, c’est toujours en définitive donner son corps. Ce don prend des formes différentes. Il est présent au sein de l’amitié…, dans des gestes d’affection, de tendresse chastes, dans lesquels il n’y a pas de place pour l’érotisme. La vibration des corps, la présence de l’autre, son regard, sa manière d’habiter son corps, affectent toute rencontre….
La chasteté est un combat, mais vivre une relation chaste, c’est toujours trouver la joie. La joie est la marque d’un amour vécu dans la chasteté. La jouissance, l’émoi, qui ne se transforment pas en tristesse, sont la marque d’un amour vécu dans la chasteté. (Paul Legavre sj)
Chrétien Etre chrétien, c’est reconnaître qu’avec la venue en notre histoire de Jésus de Nazareth, un événement décisif s’est produit en notre humanité : une possibilité radicalement nouvelle est offerte à tous de devenir humain et cela parce qu’en Jésus nous pouvons découvrir ce qu’est la manière divine d’être homme… Il ne s’agit pas d’enrôler ou d’embrigader des adeptes. Il s’agit de permettre d’accueillir la vérité qui rend libre.(Louis Marie Billé – Paroles pour espérer Mame 2005 p. 86)
Chrétienté « Pour les chrétiens d’aujourd’hui, il est une question brûlante : comment penser la foi chrétienne, comment l’inscrire dans la civilisation et la culture après la mort des chrétientés ? Il (Mounier) a ouvert la voie à un être chrétien libéré de l’ambition de la chrétienté. Celle-ci est pour lui une sorte d’accident de l’histoire. Car fondamentalement, la réalisation d’une chrétienté n’était pas inscrite dans la foi des Apôtres et des chrétiens des débuts.
Comme penseur d’après les chrétientés, Mounier s’emploie aussi à défaire le mythe de la Chrétienté. À ce stade de l’histoire, il montre au monde chrétien que l’instauration d’une civilisation chrétienne est impossible et non souhaitable. Mounier montre avec force que les chrétiens feraient fausse route si, inspirés par ce qu’a de mystique l’idéal de la chrétienté médiévale, ils se donnaient pour tâche de construire une nouvelle chrétienté. « Que le christianisme mette la grand-voile au grand mât et, sorti des ports où il végète, qu’il cingle vers la plus lointaine étoile ». (Guy Coq – Croire 224 p. 16)
Christianisme ? « Qu’attendons-nous de vous, les grands courants spirituels de l’Occident ? De nous réveiller ! Nous fumons l’opium du peuple dans un système de communication livré aux mains de l’argent et de la facilité. Vous, vous êtes libres puisque vous n’avez plus le pouvoir. Je pense aux chrétiens qui savent aller au monde sans se rendre à lui, et fustiger ou secourir les pouvoirs publics sans se substituer à eux. Cette charge de la subversion du monde n’est pas facile. Mais il y a 2000 ans, est-ce que c’était facile ? Vous, hommes de religion, vous n’avez pas de pacte de stabilité ni d’emplois à défendre. Vous êtes plus libres que les responsables politiques, et pourtant on peine à vous entendre. Vous parlez du haut de vos montagnes. Or le monde souffre d’avoir trop de gestionnaires et pas assez de prophètes.» (Régis Debray à la rencontre de San’t Egidio d’Aix-la-Chapelle – 7.9 Sept 03) (in La Vie 12.09.03 et Le Monde 30.09.03)
Le défi lancé aux chrétiens : on leur demande ce qu’ils ont à dire, de trouver des mots nouveaux pour être à nouveau audibles. (Entretien avec Marcel Gauchet – Croire n° 174 p. 8-9)

« Entre le Christianisme comme construction culturelle et la foi dont témoigne la Tradition vivante de l’Église, Maurice Bellet montre l’opposition. Le premier a parfois transformé le Dieu Amour en un « Dieu pervers » conduisant à la haine de soi. La seconde est source d’une créativité qu’il voit comme étant diffuse dans l’époque contemporaine. Alors qu’un christianisme disparaît, les chrétiens doivent selon Bellet, réinventer une façon de dire ou de vivre l’Évangile qui réponde aux besoins de l’homme contemporain, comme l’ont fait leurs prédécesseurs à chaquie tournant jistorique. » (Les Essentiels 3353)

· Le christianisme est une histoire de salut : comment sauver l’humanité du mal qui la menace, des malheurs qu’elle provoque, de la complicité avec les forces de mort qui sont en elles ?
· Si on examine la question de l’Église, une certaine lucidité peut naître sur les obstacles. Le croyant sincère perçoit l’Église de l’intérieur, il en vit la réalité mystique. Au regard de ce qu’il reconnaît devoir à l’Église, les défauts, les imperfection (les scandales ?) dont il souffre en elle lui paraissent relatifs. Or l’Église existe comme corps social, comme réalité humaine, avec ses institutions, sa hiérarchie, des hommes pêchant autant que les autres humains. On oublie que c’est d’abord ce corps trop humain de l’Église qui est perceptible pour l’homme de l’extérieur. Pour certains, cette pesanteur les a tellement fait souffrir, elle est tellement visible, elle cache tellement le sens mystique de l’Église, qu’elle va jusqu’à faire barrage à l’accès à l’évangile-même… (Guy Coq – J. ét. ACO Nantes – Mars 2010)
Colère Croire 225 p. 30/32
Communauté La place de la Communauté : Chercheurs de Dieu n° 156 (Tout le n°)
« Quand la communauté se nourrit de la Parole de Dieu, quand elle se laisse conduire par les itinéraires de foi que la liturgie lui fait vivre, quand elle puise sa dynamique dans la vie sacramentelle, quand elle développe en son sein des occasions de partager des questions de foi, quand elle vit la réciprocité et l’attention mutuelle par un accueil et une charité inventive, quand elle se soucie de laisser toute leur place aux petits, quand elle participe activement à la vie de la cité et y atteste concrètement de l’amour de Dieu, quand elle vit le pardon mutuel et connaît la joie de la réconciliation, quand elle découvre l’Esprit à l’œuvre dans le monde, alors, ces différentes facettes de la vie ecclésiale forment comme un milieu nourricier où s’enracine l’expérience de foi » (Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France – 2006 p.31)

Communion           Les quatre temps de l’amour    La célébration eucharistique est un lent mouvement de croissance amoureuse de Dieu vers nous et de nous vers Dieu. Dans cet ordre là.Dans l’amour, comme dans l’eucharistie, la première étape consiste à faire connaissance : qui donc se trouve là devant moi ?
Qui suis-je, et qui est-il ou elle ? Cette phase correspond à l’ouverture de la célébration : l’homme s’avance avec hésitation devant Dieu ; il prend conscience de ce qu’il est et de ce qu’est Dieu. Il s’adresse à Dieu avec les mots du renard au petit prince : ‘Apprivoise-moi, alors je pourrai m’approcher de toi’. Qui donc est l’homme ? un pauvre pécheur. Qui est Dieu ? Le miséricordieux. C’est l’acte pénitentiel. Nous nous sentons reçus par lui ; nous pouvons alors nous approcher et chanter le Gloria qui relie ciel et terre : ‘Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre…’ Et l’on conclut avec la prière d’ouverture : ‘Puisque nous pouvons nous approcher de toi, Seigneur, nous pouvons aussi tout te demander’.
Suit la confrontation : c’est la liturgie de la Parole. Dieu prend la Parole pour s’exprimer. Lui seul peut dire qui il est : c’est ce qu’il fait dans l’Ecriture, à commencer par les prophètes et les sages, jusqu’à Jésus. On apprend à connaître Dieu et Jésus. Et cette parole n’est pas toujours facile à accueillir ; Dieu dit parfois des choses qui ne paraissent pas correspondre à nos besoins immédiats. Cela peut nous rebrousser le poil. Mais nous nous laissons instruire et nous lui répondons par le psaume et la profession de foi.
Le troisième temps est celui du dialogue intime, du cœur à cœur : c’est la prière eucharistique. Il ne s’agit plus ici d’annonce ou d’enseignement ; ce n’est plus un jeu de questions et de réponses. On s’adresse à Dieu dans le langage amoureux de la prière. Il n’y a plus rien à analyser, à réfléchir ou à penser ; il s’agit seulement de trouver la bonne longueur d’onde du langage amoureux, et de nous y tenir.
La dernière étape constitue le sommet du chemin de l’amour : la communion. On pourrait dire : c’est le bouche à bouche, ou le corps à corps. Car nous touchons ici le Corps du Seigneur lui-même, ou plutôt c’est lui qui vient toucher le nôtre. C’est ce qu’exprimait Ruysbroeck : ‘Quand nous communions, ce n’est pas nous qui mangeons le Christ, c’est lui qui nous mange.’
L’Eucharistie suit tout simplement le chemin de l’amour. Aussi comprend-on qu’elle ne consiste pas en un tas de pierres accumulées les unes sur les autres. Un fil conducteur la traverse de part en part. Elle suit les étapes de l’amour : apprendre à se connaître et à s’apprivoiser avec pudeur ; se confronter l’un à l’autre et accepter l’autre tel qu’il est, en sa particularité ; converser ensemble dans un cœur à cœur, et enfin ‘devenir une seule chair’.
« Comprenez-vous ce que vous faites ? »
Communion des saints
Nous sommes des êtres de relation, faits pour la relation. Nous le devons au désir de Dieu de partager sa propre vie, gratuitement, en faisant surgir des libertés capables d’entrer en alliance. Ce que nous appelons « communion des saints » n’a pas d’autre source que l’être relationnel qu’est notre dieu Trinité… La communion des saints est communion à la sainteté amoureuse de Dieu… Elle s’exerce d’abord entre les vivants ! C’est au fond le secret de l’Eglise…elle élargit l’espace de nos vies en les ouvrant à plus large : l’amour de Dieu qui circule entre tous. In Croire Aujourd’hui n° 198 p. 26/28
Confiance : un pari sans calcul, un pacte vital : Croire aujourd’hui n° 141 p. 1
- Confiance Dossier de Croire Aujourd’hui n° 255 : « Les secrets de la confiance » p. 10 à 23
· Une vertu fragile (Fanny Magdelaine)
· Une dynamique de croissance (Gilles Le Cardinal) = processus de construction de la confiance
· Une force de résurrection (Étienne Grieu)
- « La confiance est une des réalités les plus humbles et les plus simples qui soient, et en même temps l’une des plus fondamentales. En aimant dans la confiance, nous parvenons à rendre heureux nos proches. Quand surviennent pour certains des périodes de doutes, rappelons-nous que les doutes et la confiance, comme ombres et lumières, peuvent coexister dans nos vies. Nous voudrions surtout retenir les apaisantes paroles du Christ : « N’ayez pas peur, que votre cœur ne se trouble pas ». alors il apparaît que la foi n’est pas l’aboutissement d’un effort, elle est un don de Dieu. C’est Dieu qui nous donne jour après jour d’avancer dans nos hésitations vers la confiance en lui… » (Frère Roger)
Conscience « Au fond de sa conscience, l’homme découvre une loi qu’il ne se donne pas à lui-même, mais à laquelle il doit obéir et dont la voix, qui l’appelle sans cesse à aimer et à faire le bien et à éviter le mal lorsqu’il le faut, résonne à l’ouïe intérieure : ‘Fais ceci, évite cela’. » (Gaudium et Spes 16)

« Aucune autorité humaine n’a le droit d’intervenir dans la conscience de quiconque. La conscience est le témoin de la transcendance de la personne, même en face de la société, et comme telle elle est inviolable. Nier à une personne la pleine liberté de conscience, et notamment la liberté de chercher la vérité, ou tenter de lui imposer une façon prticulière de comprendre la vérité, cela va contre son droit le plus intime ». (Jean-Paul II)

« La conscience a besoin de guides : lecture sérieuse de l’Écriture, tradition, expérience partagée avec la communauté croyante, écoute des frères, information…la conscience est en nous le témoin et l’organe de la vérité et du bien. Elle en a les promesses. Elle ne peut se dispenser de les rechercher ». (G. Médevielle – Croire 247 p. 34)
Conversion « La conversion, la métanoïa , le retournement vers Dieu, est toujours source de joie. Le banquet offert par le Père au retour du fils prodigue n’avait rien de triste. Comment en est-on arrivé à traduire le mot par « pénitence » ? Nous avons toujours tendance à donner la priorité à notre action plutôt qu’à celle de Dieu. Alors le péché prend plus d’importance que la miséricorde, la culpabilité plus que le pardon, l’aveu des fautes plus que l’absolution. Mais c’est le soleil qui fait l’ombre et non pas l’inverse ! C’est l’amour de Dieu, qui nous a aimés le premier, qui nous prendre conscience du péché. C’est J-C qui est désormais le premier-né de l’humanité, et non Adam qui n’en est que l’antithèse. C’est la joie extraordinaire de la conversion qui donne envie de tourner le dos à une vie sans amour et aux dérèglements d’une existence passée. Les larmes de repentance deviennent des larmes de reconnaissance. » (Jacques Piquet in Croire 224 p. 29)
La conversion est l’affaire de toute une vie. Il y a des étapes. On peut, à un moment de sa vie se convertir intellectuellement, adhérer par la pensée à une théologie ou à une confession de foi. C’est déjà une conversion, mais limitée à l’intellect, même si des actes concrets et des gestes sont vécus. Il y a aussi une conversion de notre affectivité, de notre sensibilité. Reste cependant la conversion de notre être profond, c’est à dire l’adhésion de notre inconscient à Dieu. La conversion d’un être humain passe par cette ouverture à Dieu de ce qui en nous est si caché et si ténébreux que nous ne saurons vraiment jamais si notre ‘oui’ à Dieu est véritablement le ‘oui’ de notre être unifié. En ce qui concerne le travail de conversion dans les ténèbres de l’être, la liturgie joue un grand rôle… Elle œuvre dans le sens de mon unification.
‘Se convertir, c’est d’abord se tourner et se retourner vers quelqu’un qui appelle, se mettre à l’écoute de Dieu qui nous cherche, orienter notre vie vers lui. Dieu nous appelle non pas d’abord pour faire des choses, mais pour une rencontre décisive(Homélie 18.03.01)
« Se convertir, c’est, à la lumière d’un événement, d’une parole, jeter un regard nouveau sur sa vie et ‘réaliser’ après coup combien elle est peu accordée à l’amour de Dieu. Une découverte qui nous fait sortir de notre torpeur, mobilise notre volonté, suscite un sentiment d’urgence et le désir de prendre une nouvelle direction. C’est réaliser que Dieu est là et se donne d’une manière bouleversante, que mes proches sont porteurs de sa présence aimante, souffrante, qui sollicite ma réponse » (Sr Emmanuelle Billoteau – Prions 5.12.04)
« La conversion du cœur est de permettre à dieu de nous toucher là où nous avons tendance à nous dérober par crainte que se fissurent en nous les échafaudages destinés à nous protéger. Passés au feu, libérés de l’image de nous-mêmes, sans doute deviendrons-nous des êtres habités par Dieu, réconciliés et solidaires de nos frères. » (Prier 12.04)
« La nuit intérieure dans laquelle je vivais me semblait épaisse, poisseuse. Je tirais une satisfaction morose de mon mal-être, avec tout ce qu’il entraîne de névrose, de dérives et d’errances. La psychanalyse m’orientait vers un absolu nocturne, un soleil noir qui rayonnait sur les champs d’un séduisant désespoir.. J’en suis venu à m’intéresser à l’expérience des mystiques – Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, Maître Eckhart. Mais leur témoignage a progressivement dessiné pour moi une autre figure de la nuit. À l’épaisseur des ténèbres, la figure du Christ est venue opposer son inaltérable lumière. Mon désespoir, mon mode de vie, et surtout le jugement que je portais sur moi-même, me semblaient des interdictions à la grâce. Jusqu’à ce qu’une phrase de St Jean, déjà cent fois lue, vienne tout faire basculer : « Si ton cœur ne te condamne pas, Dieu est plus grand que ton cœur ». la disproportion entrevuie entre mon petit moi pécheur et l’immensité de l’Amour m’a ouvert un espace jusque là inconnu de plénitude et de liberté. Il ne se produisit aucun phénomène spectaculaire, mais seulement une brusque et définitive certitude intérieure. L’homme ancien n’avait en rien disparu, mais il était désormais envahi par la grâce. Le sacrement de confirmation reçu en 1985 à ND de Paris, des mains du cardinal Lustiger, a renforcé mon identité nouvelle. Non comme un rituel d’intégration à une tribu sociologique, mais comme l’ouverture à une joie immuable ». Patrick Kéchichian – Les Essentiels 23.09.10

‘Ayant à parler de la venue du Christ dans ma vie, je pense à la jacinthe. Le moment de la conversion ressemble à sa tige qui émerge tout soudain, verte, verticale, comme à l’opposé du bulbe rencogné et terreux qu’elle déchire. Ce jaillissement inattendu n’est pourtant ni une greffe ni un point final. En dessous, il y a le travail obscur, la longue préparation des racines blanches. Au-delà, il y a les fleurs encore à venir. Cette image me permet de rappeler trois choses. La première, c’est que ma conversion ne fut pas une petite prise de conscience isolée dans un cabinet obscur : Dieu m’a converti, avec la Création tout entière, par ce simple fait que j’existe au milieu des choses surprenantes, et que les femmes sont belles et que les pierres sont dures, et que les martinets fendent le ciel… la deuxième chose, c’est que ma conversion n’est pas une fin, mais un commencement : désormais me convoque l’exigence d’être juste, aimant, co-créateur, et si je manque à cet appel, me voici pire qu’avant, quand j’avais l’excuse de l’ignorance. Enfin, troisième chose – et c’est sur elle que je m’attarderai- la conversion ne m’a rien fait renier de mon désir : ce que j’ai laissé derrière n’était que peau morte, gangue opaque, en sorte que l’apparente rupture fut aussi une continuité de source… Je voulus détourner les Écritures pour alimenter mon écriture, récupérer les versets pour en tordre le sens ou les tourner en dérision. Le problème, c’est que, pour bien se moquer de la Bible, il faut la lire. Je l’ai donc lue, en commençant par Isaïe et Job. Le choc ! Je ne m’attendais pas à un tel souffle… Bientôt j’arrivais aux évangiles, que j’avais déjà parcourus jadis, mais à présent les écailles m’étaient tombées des yeux : tant de simplicité avec tant de profondeur, tant d’esprit d’enfance avec tant de lucidité implacable, la poésie de Jésus avait quelque chose de surnaturel, comme si ce n’était pas une parole parmi d’autres, mais la Parole même, en chair, en os et en esprit ».  Fabrice Hadjadj – Les Essentiels 30.06.11
« Ma conversion fut un coup de grâce, un départ. Mais il faut la resituer au sein d’une symphonie que Dieu réalise avec chaque baptisé. Le parcours du converti n’est pas supérieur à l’itinéraire classique. Aujourd’hui, j’avance comme tout un chacun dans la nuit étoilée de la foi et j’apprends quotidiennement à consentir à la présence de Dieu. » José Van Oost – Les Essentiels 18.08.11
Corps Vivre avec tous nos sens : Croire Aujourd’hui 214 Dossier p. 8 à 20
Voir, goûter, sentir, entendre, toucher…    


o       De chair et d’Esprit           Créé à partir de la poussière du sol, l’homme, contrairement aux animaux et au reste de l’univers, reçoit le souffle de Dieu. C'est-à-dire la parole, la liberté, le rire, la légèreté de l’âme. L’homme est un vivant. Son corps peut être pesant, malade, handicapé, il reste rempli de cet esprit donné par Dieu. Dans les récits bibliques, le corps est toujours présent. Corps qui a faim, soif, qui souffre de la stérilité, se réjouit de la maternité, meurt… Les textes ne font jamais l’impasse de cette matière qui nous constitué et que certains portent comme un fardeau. Jésus ressuscité donne à voir que notre corps est bien plus qu’un amas d’os : nous sommes des êtres glorieux en puissance.          Une œuvre de gloire        Le corps serait-il un obstacle à la vie spirituelle ? De tout temps la question s’est posée… Certains – on pense aux Cathares – n’hésitèrent pas à répondre par l’affirmative. Objet de convoitise, source de péché, de pesanteur et de disgrâce, comment ne pas souhaiter parfois se débarrasser de son corps ? Toute la grandeur de la foi chrétienne est de rappeler, parfois bien difficilement, que nous sommes corps et esprit, indissolublement liés. L’homme complet, c’est l’homme qui respire, qui mange, qui boit, qui aime et qui est habité par l’Esprit de Dieu. D’ailleurs c’est ainsi que s’est présenté Jésus. Et c’est bien notre corps, purifié, glorifié, qui participera, avec notre esprit, à notre résurrection.  Le Compagnon du quotidien   Notre corps nous accompagne, chargé de toutes les représentations dont l’époque l’affuble. Hier torturé par les corsets féminins ou les coiffures extravagantes, aujourd’hui percé, tatoué, greffé, transformé. Souvent considéré comme un objet à admirer, aimer, et même à dominer, le corps n’en fnit pas d’être un mystère et de porter en lui toutes les interrogations de l’homme. Et si être en accord avec son corps, qu’il soit sain ou malade, jeune ou vieux, beau ou laid, était la plus belle façon de rendre hommage à la création. (Croire n° 288)
                                                                    
 Courage        Il existe une forme de découragement généralisé, particulièrement dans le monde du travail… Et il faut ajouter à cela une précarisation morale… La lâcheté quotidienne constitue une forme d’apocalypse rampante : elle fabrique de l’érosion de la personne, de l’isolement, et met en danger les structures collectives….Le courage, c’est faire ici et maintenant ce qu’on a à faire. Faire preuve de courage, c’est chercher à être l’agent de sa propre vie : ici, ce sera résister et rompre, là ce sera endurer et tenir… Peut et courage sont liés : le courageux est celui qui éprouve la peur mais qui ne se laisse pas enliser par elle…. Le courage est la fécondité du hasard, il l’ensemence. Percevoir le kairos, le bon moment, à l’instant où il se présente, et se mettre en état d’accompagner cette « grâce » est du ressort de notre responsabilité…. Le salut ne viendra que de quelques individus prêts à s’extraire de la glu… (Cynthia Fleury – Croire 273 p. 7/9)
Crainte de Dieu Ne confondons pas la crainte avec la peur. La crainte de Dieu dont il est si souvent question dans la bible et qui est donnée comme le commencement de la sagesse, correspond à peu près à ce que nous appelons respect. Qu’est-ce que respecter ? C’est d’abord tenir compte de la singularité de l’autre, de sa différence. Ce tenir compte peut comporter plusieurs degrés, depuis la tolérance jusqu’à l’admiration… Dieu est autre, et même tout Autre. C’est pourquoi devant lui nous devons rester bouché bée et cœur ouvert. L’autre, et à plus forte raison le Tout-Autre, est toujours impénétrable, impossible à cerner et à dominer. Reconnaissons que l’Amour absolu nous dépasse. Telle est la crainte de Dieu. Non pas repli peureux sur soi-même, mais ouverture pleine d’admiration. En fin de compte, cette crainte n’est autre que la foi ; par conséquent le contraire de la peur. Je pense que cette crainte peut même nous délivrer de la peur de nous-même… (Marcel Domergue – Croire 250 p. 34)
o La crainte de Dieu est une attitude spirituelle fondatrice, dans la Bible. Elle exprime non pas la peur, mais le respect et l’adoration. Elle est suscitée par la reconnaissance de la grandeur de Dieu et la prise de conscience de la finitude humaine. Elle traduit l’humilité de celui qui se tient en vérité devant Dieu. (Essentiels 3323
La crainte de Dieu : un plaisir, celui de demeurer fidèle à sa parole. L’homme qui craint le Seigneur vit dans le bonheur, le malheur, il ne le craint pas. Craindre Dieu chasse la peur, même devant les difficultés.(Béatrice Oiry commentant le psaume 111)
Création « Nous sommes habitués à nous représenter Dieu créant l’homme sur le modèle d’un artisan potier, c’est à dire en faisant de Dieu un autre que moi, mais encore sur le même palier, ce qui fausse la donnée car Dieu n’est pas à ce niveau. Je pense qu’une autre manière de présenter la création est celle de l’accouchement. Dieu ne travaille pas sur une matière préexistante, car il est Amour cherchant à libérer la vie qui est en lui ; il a fait éclater cet amour en produisant des êtres différents de lui, mais semblables à lui, capables d’amour. Cette création n’est pas un acte momentané : elle est présence nouvelle qui continue à exprimer à sa manière Dieu lui-même. La créature st donc appelée à se laisser faire par Dieu, avec li dignité et le risque de la liberté qui est la condition nécessaire pour qu’il y ait amour réciproque ». (XL Dufour – Un bibliste cherche Dieu p. 354)

« Dans son projet créateur, Dieu nous a mis dans un lien indissociable avec le reste de la création. C’est avec elle seulement que nous pouvons atteindre la perfection de l’humain et devenir une louange au Créateur. C’est dans une totale solidarité, dans une totale amitié avec les autres créatures que nous sommes pleinement identifiés. L’amour trinitaire est le modèle, la source et le ciment de l’harmonie du monde. Cette harmonie ne peut pas bien exister si nos relations sont vécues sur le mode de la domination des uns par les autres. Elle ne peut se fonder que sur l’amitié pour chacune des parties de la création. Chaque personne qui la constitue a son identité, chaque parcelle de cette création a sa place, sa correspondance avec un ordre d’ensemble, tout comme le Père n’est pas le Fils et le Fils n’est pas le Père, mais qu’ensemble ils sont l’Amour. Au fondement de la Trinité, il y a l’amour et la communion. Au fondement de notre histoire d’hommes, pour qu’elle soit l’histoire de Dieu, il faut la beauté de la nature, la richesse et la diversité de l’espèce, la particularité de l’homme. » (Mgr Marc Stenger – Les Essentiels 3272 p. 50/51)

La création est donc, de la part de Dieu, un geste d’amour, de partage, un don qui demande comme tout amour vrai, une réponse, un échange, une réciprocité. Toute créature est nimbée d’amour… Mais les pierres, les arbres, les animaux, les astres ne suffisent pas pour que la création soit emportée dans l’orbite de l’amour… Ilfaut qu’un jour apparaisse dans l’univers une créature capable d’amour, capable de répondre librement à Celui qui est l’auteur de tout…Il faut qu’un jour advienne un être qui soit capable d’entrer en communication de lumière avec Celui qui met toute intelligence à structurer un monde d’une si infinie subtilité. C’est dans ce sens que lon peut spirituellement comprendre l’évolution. Elle ne vise rien moins qu’à produire un jour, à la pointe de l’univers, quelqu’un qui soit capable d’esprit et d’amour. L’aventure de l’univers trouve son sommet dans ce que Theilard de Chardin appelle « le pas de la réflexion »… « La création est un échange – ou rien. Elle est un mariage d’amour – ou rien. » Si la création culmine dans l’amour, elle ne peut être donnée que sous forme d’alliance entre Dieu et l’homme. Elle est confiée à la responsabilité de celui qui a vocation de répondre à l’amour éternellement donateur. « Dieu ouvre l’anneau d’or des fiançailles éternelles, l’homme a mission de le fermer ». Dès la création de l’homme, la création devient une histoire… Le monde et l’homme forment un seul univers où tout est en interaction.. (Prier 15 jours avec Maurice Zundel – Marc Donzé p.77/82)
Croire J. Doré, la grâce de croire T.II La foi
Il me revient de trancher p 124
Mes raisons personnelles de croire p. 125
Ce qui s’éclaire alors p. 127
Présenter la foi aujourd’hui p. 227
« notre époque serait inéluctablement mise devant la question d’éclairer si ce n’est pas finalement grâce à quelque chose comme le croire que, à côté de cette raison et de ce savoir qui avaient prétendu l’exclure et l’absorber, les hommes pourront parvenir à sauver leur socialité même ? Autrement dit : devant la question de savoir ce que rendrait possible le croire… est-ce que ce ne serait pas précisément un certain être ensemble et vivre ensemble des hommes. ((id° p.133-134)
La croix : les Essentiels 3007 – p.14

Le scandale de la Croix : Croire Aujourd’hui n° 208 p. 26-29

« On l’a compté parmi les criminels » (Is 53.12) Il paraît essentiel que nous soyons à nouveau conscients du scandale que la fin violente et ignominieuse du Messie doit avoir constitué pour les juifs du temps de Jésus, parmi lesquels on compte aussi ses disciples, les premiers chrétiens… La première génaration chrétienne a cherché à exo=primer le scandale insoutenable de la croix (cette même croix qui s’est désormais réduite pour nous à un symbole religieux !) encore brûlant dans une affirmation comme celle que l’on trouve en 2 Cor 5.21 : ‘Celui qui n’avait pas connu le péché, il l’a pour nous identifié au péché’. Et l’affirmation du rabbin juif Triphon au début du 2° s. est emblématique : ‘Nous savons que le Messie doit souffrir et être conduit comme un agneau (Cf. Is 53.7), mais qu’il doive être crucifié et mourir d’une manière aussi honteuse et ignominieuse, à travers la mort maudite par la loi, nous ne pouvons même pas arriver à le concevoir.’ (Justin, Dialogue avec Triphon, 89.2). S’il est donc vrai que par une lecture de foi on parvient à voir dans la mort de Jésus un sacrifice d’expiation, il n’en reste pas moins vrai que dans sa vie historique il a connu la mort du maudit, à travers un sacrifice honteux, l’anti-sacrifice par excellence, la mors turpissima crucis. (Tacite). ‘Si un homme a encouru la peine de mort et que tu l’aies mis à mort et pendu à un arbre, son cadavre ne passera pas la nuit sur l’arbre, car le pendu est une malédiction de Dieu’ (Dt 21.22/23), repris par St Paul : ‘Maudit quiconque est pendu au bois’.

(Enzo Bianchi – Une vie différente p. 88/90)
L’Agneau de Dieu c’est l’amour de Dieu victime de la violence des hommes
« Mon Dieu, qu’il y en a des croix sur cette terre,
croix de fer, croix de bois, humbles croix familières…
mais moi, pauvre de moi, j’ai ma croix dans ma tête
l’immense croix de plomb vaste comme l’amour,
j’y accroche le vent, j’y retiens la tempête…
et moi, pauvre de moi j’ai ma croix dans la tête
un mot y est gravé, il ressemble à souffrir… »
(Les Croix – G. Bécaud – L. Amade, chanté par Edith Piaf

L'arbre de la croix est pour moi celui du salut éternel. il me nourrit et j'en fais mon régal. par ses racines, je m'enracine et par ses branches je m'étends; sa rosée me purifie et son esprit, comme un vent délicieux, me fertilise. À son ombre, j'ai dressé ma tente, et, fuyant les grandes chaleurs, j'y trouve un hâvre de fraîcheur. c'est de ses fleurs que je fleuris et de ses fruits je fais mes suprêmes délices; ces fruits qui m'étaient réservés depuis l'origine, j'en jouis sans limite. Quand je tremble devant Dieu, cet arbre me protège, quand je vacille, il est mon appui, il est le prix de mes combats et le trophée de mes victoires. il est pour moi le chemin étroit, le sentier escarpé, l'échelle de Jacob parcourue par les anges, au sommet de laquelle s'appuie vraiment le Seigneur. cet arbre aux célestes dimensions s'est élevé de la terre jusqu'aux cieux, immortelle plante fixée au milieu du ciel et de la terre. soutien de toute chose, appui de l'univers, support du monde habité, il embrasse le cosmos et rassemble les éléments variés de la nature humaine; il est lui-même assemblé par les chevilles invisibles de l'Esprit, afin qu'ajusté au divin il n'en soit plus jamais détaché. Touchant par son faîte le sommet des cieux, affermissant la terre par ses pieds et entourant de tous côtés par ses bras immenses les espaces innombrables de l'atmosphère, il est tout entier en tout et partout. (Anonyme 4ème s.)

Culte Le culte pourrait-on dire, se parachève en se niant : pour se transformer en action dans le monde profane, il doit mourir à soi-même. Sinon il tend à s’évaporer en imagination. Or, en dehors de l’homme vivant qui est image de Dieu, tout est idole, même ce qui prend figure dans le culte s’il n’est pas exprimé dans l’amour du prochain auquel doit être vouée l’existence…. Le culte risque toujours de se pervertir lorsqu’il ne s’accomplit pas dans une conduite juste et fraternelle. (p. 159)

La mémoire du Seigneur Jésus est une remontée à la source qui nous fait communier au dynamisme de la personne ressuscitée de Jésus devenu Seigneur. Il est là et nous nous ouvrons à la multitude entière des hommes. Le service requiert de se ressourcer par le culte pour demeurer authentique. Le culte appelle la réalisation concrète du service par la référence constante à celui qui a vécu fidèlement donné à Dieu et aux hommes. (p. 161 / 162 de « Un bibliste cherche Dieu » XL Dufour)
Culture « Au sens large, le mot culture désigne tout ce par quoi l’homme affine, développe les multiples capacités de son esprit et de son corps ; s’efforce de soumettre l’univers par la connaissance et le travail ; humanise la vie sociale, aussi bien la vie familiale que l’ensemble de la vie civile, grâce au progrès des mœurs et des institutions, traduit, communique et conserve enfin dans ses œuvres au cours du temps, les grandes expériences spirituelles et aspirations majeures de l’homme, afin qu’elles servent au progrès d’un grand nombre et même de tout le genre humain ». (Gaudium et Spes 53.2)

Mais qu’est-ce qu’une culture ? Elle s’appréhende d’abord à travers ce qui se voit, s’entend, se goûte, se sent. Elle est sensorielle, c’est pourquoi les soirées interculturelles commencent souvent par un partage de mets culinaires, un film ou du théâtre. Pour pénétrer une culture, il faut aussi approcher les représentations mentales qui échappent à la claire conscience de celui qui le vit : par exemple la relation homme/femme, jeunes/adultes, individus/groupe, la relation au temps, à l’histoire… Ce qui est culturel est souvent occulté parce que cela semble être naturel. Enfin une culture comprend les croyances qui structurent profondément chacun. Elles touchent au rapport à la vie, à la mort, au divin. Ce niveau se construit tout au long de l’existence par une alchimie secrète entre les systèmes de valeurs reçues, les rencontres et les prises de recul personnel.’ (Anne-Marie Aitken – Ecclesia n° 11 – Octobre 2011)

Demeurer Mot que l’évangile de Jean aime méditer et ciseler (de même que « rester »). Renvoie à l’idée de lieu et de durée. Est-il possible de vivre une relation en profondeur –d’amour, d’amitié, de communauté – sans prendre du temps ensemble dans un endroit où l’on se sent bien ? Dans le contexte de nos vies bousculées, il ne serait pas réaliste d’aspirer à demeurer avec notre Dieu sans prévoir de libérer des espaces de lieu et de temps de façon régulière… Entrer dans le silence de l’intériorité en pacifiant notre corps des sensations, des sentiments, de l’activité mentale. Choix de vie, fruit d’une ‘décision’, qui évoque stabilité, intimité. Voir le mot hébreux « shékina » (Dictionnaire du NT) (Prier mai 03 p. 32) – I Jean 4.11-16 : Lire ce texte entre Ascension et Pentecôte, c’est méditer le nouveau mode de présence, de relation de Dieu a chacun et à notre monde.

Commentaire de ce mot dans « Un bibliste cherche Dieu » XL Dufour p. 283-287 + 298 à 302
Démocratie « Alors que la très grande majorité des catholiques d’occident adhère désormais à la démocratie, pourquoi le fonctionnement de l’Église devrait-il rester calqué sur un modèle monarchique ? … comment des citoyens démocrates, partisans du contrôle des pouvoirs, de l’élection de leurs responsables à tous les niveaux de la vie sociale, de la participation, dans toute la mesure du possible, au destin de la cité, abandonneraient-ils ces exigences en franchissant le seuil de leurs églises ? …

Ces exigences, qu’on appellera si l’on veut démocratiques, n’empruntent rien à des systèmes politiques séculiers. L’Eglise catholique n’est pas plus monarchique qu’elle n’est démocratique. Elle a reçu du Christ, quoique longuement élaborée par l’histoire, sa propre constitution… L’ecclésiologie enseigne que c’est l’Esprit qui anime la totalité du Peuple de Dieu…, que l’autorité doit s’exercer de manière collégiale.
Ainsi, il n’est pas question d’imposer un modèle juridique et politique séculier, mais de respecter la volonté du Christ… Introduire des exigences dites démocratiques… c’est tout simplement prendre au sérieux la nature même de cette communion de frères et de sœurs qu’a voulue J-C.
Le vrai problème, c’est que trop de fidèles sont habitués à une passivité irresponsable qui incline les autorités à l’autoritarisme. Des infléchissements institutionnels sont à opérer pour sortir d’un système monarchique qui, au total nuit à l’Eglise, paralyse son message, décourage les bonnes volontés et donc détourne de l’annonce de la bonne nouvelle.
(Paul Valadier – Croire Aujourd’hui n° 271 – Octobre 2010)

Descente aux enfers I Pierre 3. 19/20 commenté par Enzo Bianchi : « Une vie différente » p. 119 à 125
Désert « Voici ton désert, Seigneur, voici tes dunes, voici tes champs de pierre… » (Michel Sauquet in Le Serviteur inutile – Les Essentiels 3151 p. 58/59
« Dans le désert, tu perds tous tes repères, tu n’as plus la même perception des choses. Tu ne peux plus avoir les mêmes activités. Dans cet univers différent, tu deviens alors beaucoup plus attentif à ce qui se passe et tous tes sens sont aux aguets. C’est dans ce grand silence que Dieu peut te parler » (Les Essentiels Juniors – 3207 p. 44)
« Désert » : Croire 225 p. 29
Dieu
« Ce nom que Dieu a révélé aux hommes introduit dans un mystère. Non parce qu’il serait hermétique, mais parce qu’il se donne d’emblée comme un mot qu’aucune intelligence, qu’aucune parole humaine, ne peuvent épuiser. C’est pourquoi, en suivant la tradition juive, on ne prononce pas ce nom, formé de quatre consonnes : Yhwh. Les yeux lisent ce que la bouche ne peut pas prononcer, ce qui se tient toujours au-delà de ce que l’on peut dire, et dans cet écart se donne à expérimenter quelque chose de la transcendance de Dieu. Le nom Yhwh dérive de l’expression par laquelle Dieu s’est révélé à Moïse lorsqu’il lui a demandé de conduire son peuple opprimé hors d’Egypte. Cette expression, elle non plus, ne se laisse pas réduire à une seule signification. Il faut multiplier les traductions de la formules hébraïque pour en approcher le sens : « Je suis qui je suis », « je suis qui je serai », « Je serai qui je serai »…Ces traductions et d’autres encore possibles, ont toutes en commun de signifier que Dieu est une présence. Mais elles signifient aussi, dans leur diversité, que cette présence n’est pas figée, qu’elle se donne à connaître dans un processus, qu’elle se laisse prendre aux jeux de nos temporalités humaines, aux tensions constitutives de nos histoires, entre passé, présent et avenir. Il est celui qui est, qui était et qui vient. La transcendance de son nom nous ramène à ce qui se joue dans notre histoire. » Béatrice Oiry – Essentiels 334
Dignité           « Agis de façon telle que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans toute autre en même temps, comme une fin et jamais simplement comme moyen » (Kant). La dignité est de l’ordre du don, de ce qu’on ne peut dénier à quelqu’un. Elle fonde le respect de tout être humain en vertu de son appartenance à l’espèce humaine… La dignité ne se prouve pas, elle ne se démontre pas. Elle est une donnée première, inaugurale. Elle s’accueille. Elle ne se possède pas comme un bien auquel on s’agrippe, mais elle est comme un visage qui s’offre à la reconnaissance de l’autre. (Marcel Annequin – La foi d’un peuple  160 p. 51)
o        Avant la déclaration universelle des droits de l’homme du 10.12.48, c’est bien le refus de l’autre qui conduisit l’humanité au bord du gouffre : colonialisme, exploitation des plus faibles, nazisme, communisme soviétique…. Face à tant d’intolérance ou de méconnaissance de l’autre, les peuples du monde entier ont proclamé leur foi en la dignité de la personne humaine. À partir de cet acte de foi commun, des droits et des devoirs sont affirmés à partir de multiples textes co-signés. Les engagements doivent être respectés et les manquements sanctionnés. Alors un débat mondial s’instaurera sur ce que signifie concrètement, politiquement, économiquement, les droits fondamentaux proclamés. Qu’est-ce qu’un niveau de vie suffisant pour faire vivre une famille ? Quels sont les traitements inhumains interdits ? Comment respecter le droit de chacun de participer à la vie sociale. Autant de questions auxquelles il ne sera pas répondu par un unique modèle, mais qui ouvriront un débat universel sur des valeurs communes. (Guy Aurenche)
Dimanche « Sans le jour du Seigneur, nous ne pouvons vivre » in Timothy Radclife – Pourquoi donc être chrétien ? p.276 à 294
« Comment pouvons-nous être des signes de l’éternelle fidélité de Dieu ? Sans aucun doute l’obligation de la messe du dimanche est un signe de cette fidélité. On y voit généralement une contrainte qui pèse sur notre liberté, une règle à laquelle il faut obéir, imposée d’en haut par les autorités ; on y voit la marque du légalisme catholique, de son habitude de tout réglementer en disant aux gens ce qu’ils doivent faire. Ne pourrait-on y voir au contraire un signe de notre appartenance stable, dans ce monde en mouvement. Nous sommes obligés de célébrer l’anniversaire de notre mère, mais on ne peut guère voir cela comme une contrainte, c’est l’expression des liens qui nous rattachent. Les obligations disent que nous sommes enracinés dans des relations durables ; elles sont autant de signes de cette fidélité persistante où nous puisons des forces et où nous puisons notre identité….Les Eglises doivent gagner notre adhésion, semaine après semaine si elles veulent obtenir leur brevet de relation durable. L’obligation du dimanche, c’est le signe que je peux trouver une sécurité en me fondant sur Dieu qui est uni à son peuple… Ma vie peut être orientée dans une multiplicité de directions, commandées par des intérêts et des goûts divers, mais la messe du dimanche met en lumière une orientation récurrente de mon existence : mon avancée vers Dieu, mon retour à la maison. Le sabbat nous rappelle la raison d’être de tout, qui est la raison d’être chrétien… Chez les babyloniens, être un dieu, c’était pouvoir se reposer ; être un humain, c’était être un esclave. Alors, quand le récit biblique a raconté que Dieu nous invitait à partager son repos, c’était comme si un homme riche avait dit à son domestique de s’arrêter de servir à table et de venir s’asseoir à côté de lui pour boire un verre. Le sabbat est le signe que nous ne sommes pas des esclaves, ni du travail, ni d’un autre être humain, ni même de Dieu. Le sabbat est le signe de la dignité de tout être humain que dieu appelle à partager sa vie. L’érosion de l’institution du jour hebdomadaire commun de repos montre que notre société ne reconnaît pas non plus la dignité commune : nous continuons à consommer et à produire, sans nous interrompre…. Il nous faut des moments de sabbat ensemble, avec notre famille, avec nos amis, avec notre communauté religieuse, des moments où nous pouvons sereinement être nous-même, sans fard, des moments où nous pouvons accepter d’être vus parce que nous avons confiance en la bienveillance du regard posé sur nous… Dieu a trouvé son repos au cœur de l’humanité.. »
Discernement « Vous est-il arrivé, par une belle et chaude nuit d’été à la campagne, d’être émerveillé par les bruits et les senteurs ? Ensuite, habité par toutes ces perceptions et aidé par le clair de lune, avez-vous tenté de distinguer, d’identifier une présence dans l’ombre, ou de reconnaître les bruits dans le lointain ? C’est d’abord cela discerner : percevoir corporellement la vie qui se donne. Mais le terme porte avec lui bien d’autres sens, à partir de cette signification première. Discerner… c’est se rendre compte de la nature ou de la valeur de quelquechose, démêler le vrai d’avec le faux… Discerner a partie liée avec la décision, mais il est fondamentalement spirituel. Jésus lui-même invite avec vigueur ceux qui l’écoutent à discerner le temps dans lequel ils sont et à juger par eux-mêmes ce qui est bon. (Luc 12.54-57) Salomon plait à Dieu quand il lui demande en premier le discernement. (I Rois 3)
Dogmes « Autre est le dépôt lui-même de la foi, cad les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle les vérités sont énoncées » (Jean XXIII – Discours d’ouverture du Concile)
« Derrière les dogmes se profile l’Église en chair qui les a définis et sans laquelle ils ne tiennent pas. .. Je me reconnais dans cette Église pèlerine cherchant les mots justes de la foi au long de son histoire. Je fais confiance à ceux qui écoutant la foi qui monte du plus profond du peuple de Dieu, ont reçu le charisme de la formuler pour tous, afin qu’aucun ne se perde…. Une foi sans dogme est une foi au rabais. Elle rame sans plus savoir ni où elle est, ni où elle va. Les dogmes sont comme de grandes bouées au large d’un port. Ils sont amarrés très profondément. À coup sûr, ils tiendront ! Et pourtant, telles ces bouées multicolores, ils peuvent prendre au long de l’histoire des positions de surface légèrement diverses selon l’actualité du vent des idées, des concepts, des images. Mais ils balisent un large chemin de foi, une route ouverte vers la vérité de Dieu et de l’humanité » Luc Dubrulle – Croire 269 p.34
Don ‘Si tu savais le don de Dieu’
Dès le début de l’Eglise, le souci de ne pas mélanger l’argent et la foi fut particulièrement aigu : Actes 5.1-11 – Actes 8.14-24 – Actes 19.23-40
Le don est toujours mêlé, il mélange de l’intérêt pour soi et de l’intérêt pour autrui, une part de contrainte et une part de liberté. Non seulement le don est mêlé, mais il faut qu’il en soit ainsi. En effet
§          s’il se rabat trop sur l’intérêt pour soi, il n’y a plus de don du tout, cela devient de l’achat.
§          S’il est trop oblatif, trop altruiste, il menace de basculer dans une dimension sacrificielle.
§          S’il est trop dans l’obligation sociale, il se stérilise en rituel et perd toute signification.
§     S’il est trop gratuit – par exemple en donnant de l’argent au premier venu dans la rue – il n’incarne plus rien.
                                                                        (Alain Caillé – Le don a ses raisons – Croire 221 p. 19)
Douceur « Je ressens la nécessité de prendre du recul. De me reposer en Dieu. De trouver des manières d’être où je puisse lâcher prise, dans l’ordinaire des jours comme dans l’oraison, déposer ma vie ailleurs. Dans l’amitié, il y a aussi une forme de repos : je n’ai pas besoin de me défendre. Elle permet d’être là sans se soucier de son image. Comme Dieu qui m’accueille telle que je suis. Au fond, la douceur est la seule force juste ». (Véronique Margron – Croire 250 p. 7)
Doute « Le doute suit l’âme comme l’ombre suit le corps. L’ombre n’empêche pas qu’on aille où l’on voudra, mais toujours fidèle et toujours présente. On peut très bien avancer dans toutes les voies bonnes ou mauvaises, mais elle est toujours là et c’est comme si elle n’y était pas, mais elle est là. Cependant, si un homme se tient debout sous les rayons du soleil, il se passe ceci que l’ombre se rapetisse et se réfugie à ses pieds où elle se cache. Eh bien, c’est alors le vrai triomphe de la foi dans les grandes âmes. » (Julien Green, Journal)
Le doute est proche de la foi : « Jésus fustige chez ses adversaires et chez ses amis le peu de foi, rarement le doute. Il aime rencontrer ceux qui s’interrogent, comme la Samaritaine, les disciples de J-B ou ses propres disciples. Le contraire de la foi est la certitude fondée sur soi. Le contraire de la foi est de se donner raison parce qu’on a appris, compris, en un mot parce que l’on sait. Le croyant sait qu’il ne sait pas par lui-même. Il croit sur pârole ! Dieu lui a ouvert les yeux, rempli le cœur, l’a libéré. En cela, le doute est proche de la foi. Je doute quand je ne sais pas, quand je m’interroge. Je suis alors prêt à entendre la parole de celui qui me fait confiance et en qui je peux mettre ma confiance ». (Mgr Dominique Lebrun – Croire Oct. 09 p. 32)



Douter « Au dire du récit biblique, la 1ère attitude de l’homme pécheur est de se cacher lorsque que Dieu l’appelle, sous l’argument de la peur.  Yahvé Dieu appela l’homme et lui dit : où es-tu ? Il répondit : j’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. » (Gen. 3.9-10)

Cette attitude de fuite provient d’une incertitude dans l’esprit humain : et si Dieu nous trompait ? et si notre confiance était mal placée ? et s’il fallait plutôt se méfier ? et si Dieu était pervers ? et si ce que Dieu crée n’était pas si bon qu’il le prétend ? et si ce que Dieu dit était, non pas des recommandations généreuses, mais des moyens de se réserver le pouvoir et la connaissance ? et si entre Dieu et les hommes c’était la guerre ?
Il n’y a pas besoin d’être le 1er couple pour s’interroger de la sorte. Chacun, à chaque génération, ne peut pas ne pas prendre position par rapport à ces questions, y compris celui qui dit qu’elles ne l’intéressent pas car il est toujours déjà pris dans ce débat.
D’une certaine manière l’histoire humaine n’est que la longue suite des réponses méfiantes, et donc malheureuses à ces questions. Le péché est à entendre comme la décision qui se porte contre Dieu et qui, selon la formule traditionnelle, fait se détourner de Dieu pour se tourner vers les créatures…. La conséquence immédiate de cette confusion est l’impossibilité de penser l’autre homme comme un frère et de ne plus voir en lui qu’un rival. (Gen 4 : Caïn et Abel) (Brigitte Cholvy)
 

Ecologie : Une planète à sauver Croire Aujourd’hui n° 196 p. 11 à 20

Écoute -        Au cœur de l’écoute se tient cette disposition pure, qui est seulement présence à la présence de celui ou celle ou ceux qui sont là ; qui leur donne d’être là, qui ils sont et par un don qui échappe au donateur.
Cette écoute, toute première en même temps qu’ultime, écoute tout ; c'est-à-dire qu’elle supporte l’être humain, ne le condamne pas mais ouvre devant lui l’espace où il peut exister. En particulier elle peut entendre la douleur, la douleur essentielle des humains ; en même temps qu’elle peut entendre la vérité qui habite tout humain, y compris quand elle s’égare dans l’illusion ou le mensonge. L’écoute écoute la lumière, elle est cette foi qu’en chaque humain cette lumière demeure, fût-elle enfouie sous la cendre.
Mais écouter, c’est aussi recevoir, puisque c’est accueillir ce don précieux que l’autre me fait – d’être là. L’écoute est la reconnaissance du don de la présence, jusque dans le cas où cette présence est douloureuse.
Et c’est dans cet espace-là que parle cette voix dont je pense qu’elle ne doit pas se taire… ; à l’entendre en son lieu, j’adviens à cette attitude où d’habiter la parole avec justesse me fait homme en vérité.  (M. Bellet – l’épreuve du dialogue p. 123-125)

Église « L’Église quant à elle n’est rien d’autre que cette fragile permanence historique de la mission « divine » de transmettre la nouvelle de la bonté radicale et de célébrer celle-ci » Christoph Théobald – Passeurs d’évangile p. 39
M-D Chenu, juste après le Concile, citant le Recteur de St Paul D’Ottawa :« Nous sommes passés 
                        d’une Eglise cléricale à une Eglise peuple de Dieu,
d’une Eglise de chrétienté à une Eglise missionnaire,
d’une Eglise du rite à une Eglise de la Parole,
d’une Eglise des normes à une Eglise de l’expérience humaine,
d’une Eglise uniforme à une Eglise plurielle,
d’une Eglise d’adaptation au monde à une Eglise de participation à la mutation du monde,
d’une Eglise caution d’ordre social à une Eglise parti pris pour les pauvres,
d’une Eglise pourvoyeuse de services religieux à une Eglise communauté responsable. » 

L’Église, c’est évident, ne réfléchit pas assez à certaines questions fondamentales. Elle a quelque chose à dire au monde, mais elle doit parfois changer sa façon de le dire. Le cœur de la crise, c’est cette difficulté à trouver les mots justes pour transmettre le message de l’évangile dans un monde sécularisé… Sur le plan de la doctrine, on mesure le grand écart entre la pensée moderne et celle de l’Église… Il est délicat d’évoquer certaines questions sans défendre la ligne de Rome. Cette tendance à assimiler l’Église au pape est franchement pesante… Quand l’Église ne laisse aucune alternative à ses réponses, l’échec est assuré.. Ce qu’elle a à dire d’intéressant sur la sexualité par exemple passe mal parce qu’elle s’est montrée crispée sur ces questions. Pour être audible, vous devez être crédible et apprendre la « gradualité ». entre une sexualité débridée et une continence complète, par exemple, il y a un juste milieu… Peut-être l’Église devrait elle accepter d’être moins précise dans le registre moral… Télérama 10.10.2010 – L’Église en train de se réinventer

Enfer La descente aux enfers
Le fond de la réflexion sur la descente aux enfers de Jésus-Christ est constitué par la réflexion judaïque sur la destinée de l’homme après la mort… Leur expérience de foi amène les croyants à considérer comme absurde que le Dieu qui a accompagné ses fidèles pendant toute leur vie se retire au moment de leur morts et laisse les puissances de la mort triompher de leur énergie de vie. (Ps 16.10 – Is 26.19 – Dan 12.2/3 – 2 Mac 7.9 et 22/23 – Sag 3.1/3 ; 4.7/19 ; 5.15)
Si Jésus a prêché le salut pour tous les hommes dans son ministère public, comment serait-il possible que n’en aient bénéficié que ceux qu’il a rencontrés…
Par ailleurs, quel est le rapport du croyant avec le Christ après la mort ? Restera-t-il encore en attente dans les régions inférieures. Jésus a dit : ‘Aujourd’hui tu seras avec moi..’ (Luc 23.43).. L’Eglise a commencé lentement à comprendre que dans le Christ le temps est abrégé, il perd sa valeur et que la rencontre avec la mort est tout de suite la rencontre avec le Christ et avec Dieu . (Act 2.24/31 citant Ps 16.8/11) Selon cette exégèse de Pierre, le psaume 16 annonce la mort et la résurrection de Jésus, en présentant cet événement en termes de descente aux enfers, lieu où il n’a pas été abandonné par Dieu. I P 3.18/20 fait une dernière synthèse de l’histoire, Pierre énonce cette vérité que Jésus est allé proclamer le salut aux enfers, par une annonce efficace, accomplie dans la force de l’Esprit. (Il s’agit même d’un hapax = qui n’est exprimé qu’une seule fois) Christ vivant dans l’Esprit a accordé encore une occasion de salut à tous les païens incrédules du temps passé.. Christ offre le salut même aux morts des temps anciens, aussi bien aux justes qu’aux injustes.
En conclusion, le message concernant la descente aux enfers qui se dégage de ce passage de la lettre de Pierre est extrêmement significatif : dans la vision d’une unité cosmique de l’histoire, on contemple l’immense possibilité que ceux qui sont déjà morts puissent avoir une rencontre avec le Christ. Ce message est marqué par une énorme espérance : le salut de Jésus, Seigneur universel, parvient jusqu’aux enfers, là où apparemment il n’y a plus d’espérance. C’est une autre manière de dire que la mort n’a pas le dernier mot, c’est le grand espoir de salut pour tout et pour tous et le nom ultime de cette espérance est la vie éternelle, une vie qui ne soit plus défigurée par la mort. Oui, nous pouvons avec audace nous mettre à espérer que l’enfer puisse être vidé.
Enzo Bianchi – Une vie différente p. 119 à 125
Enfer : les gros mots de la foi – Croire Aujourd’hui n° 250 p. 35


- Enfouissement et attestation    On nous dit : hier, vous avez mise en place une pastorale de l’enfouissement et aujourd’hui, nous prônons au contraire une pastorale de l’attestation. Nous passons de l’implicite à l’explicite. On présente cette nouveauté comme une vraie innovation et comme un dépassement, un peu ironique, d’attitudes jugées inadaptées à la vie de l’Église d’aujourd’hui. L’enfouissement, dès lors, est perçu comme le silence plus ou moins coupable de gens qui, peut-être par manque de courage ou par dilution dans le monde qui les entoure, n’ont pas osé dire ce qu’ils croyaient. Je ne pense pas que cette opposition soit pertinente. Tout dépend du contexte. Il y a des enfouissements qui ne sont pas adaptés, quand on refuse de dire pourquoi on s’enfouit par exemple, et il y a des visibilités inadaptées (ostentatoires ?) quand elles heurtent les gens à qui elles s’adressent, ou les contraignent… Guy Coq invite à se demander quelle attitude traduit une heureuse inscription dans le monde qui nous entoure. (Mgr Albert Rouet – J’aimerais vous dire p. 148)

Engagement Il y a parmi nous des gens qui s’engagent pour un service des autres en fonction d’idéaux qu’ils peuvent désigner, et qui restent fidèles aux engagements qu’ils prennent ainsi. Leur exemple même nous montre la possibilité de ce dont, par hypothèse, nous doutons nous-même, à savoir que : si, SI, on peut s’engager, on peut faire confiance, et sans être dupe, et sans être naïf ! On le peut vraiment, oui, puisque des gens le font bel et bien parmi nous. Et puisque, lorsqu’ils le font, leur existence paraît prendre une dimension nouvelle, qui est celle d’un vrai épanouissement, d’un réel bonheur qui leur vaut notre estime. On voit cela dans les familles, au sein des couples, chez de grands serviteurs de la cause humaine et chez tant d’hommes et de femmes qui ont décidé un jour de s’engager et qui, tant bien que mal peut-être, mais envers et contre tout, demeurent fidèles à leur engagement…. (J. Doré – La grâce de croire II p. 122)
Épreuve Chercheurs de Dieu n° 162 p. 6/8
Espérance : n° 150 de la revue du catéchuménat « Chercheurs de Dieu », intitulé : « Appelés à l’espérance »
L’espérance (politique) chrétienne : Christian Duquoc in « Cahiers de l’Atelier » n° 508 p. 41/46
« L’histoire des saintetés chrétiennes démontre, s’il le fallait, que l’inquiète patience de la foi s’est toujours parée d’une joie infatigable, prête à toutes les insoumissions devant les fatalités de l’histoire, à tous les éclats de rire devant le sérieux des verdicts humains, à tous les combats contre les injustices de la société. Avec intrépidité, l’espérance atteste qu’elle vit déjà de ce qu’elle ne possède pas encore. Elle reçoit de ce qui l’aimante la force d’aimer, de la fin vers laquelle elle est orientée les moyens de son action. Son désir s’en trouve attisé, l’empêchant de se résigner à ses limites et ses impuissances, de se dissoudre dans la vacuité. J’aime la joyeuse simplicité du croyant qui ose s’écrier : J’attends l’Apocalypse, qui n’est pas la mise à néant du monde, mais l’avènement de Dieu. Le jour où il se montrera, se révèlera. Quel sera le mot de Dieu ? Tout deviendra à son image. Nous aurons enfin la révélation de ce que nous avons toujours été, son image en devenir. J’attends ce jour, chaque jour de ma vie. Vivement l’Apocalypse ! » (Jacques Arnould) Mais une telle profession de foi ne serait que vaine incantation si elle n’était soutenue par la volonté de rendre visible cette irreprésentable vision, de donner à cet avenir… la force d’une résistance quotidienne à toutes les limites que l’ordre du monde se croit autorisé à imposer à la démesure de l’amour. » (Robert Scoltus – Petit christianisme de tradition p. 125)

Difficile de croire qu’une autre partie se joue à travers les banalités de notre existence quotidienne. Pourtant, au fil de nos jours, nous faisons de l’éternel. Cela pourrait nous inquiéter, si nous ne recevions la bonne nouvelle que la « mémoire éternelle » ne retient de nous que le bon : la venue du Christ est et sera absolution. Au fond, le créateur ne conserve que ce qu’il fait, et le bien que nous faisons est aussi son œuvre, œuvre d’alliance. Le reste retombe dans le néant. Notre espérance, la « vivante espérance » (I Pierre 3-9) n’est pas attente de mort mais de vie. (Marcel Domergue)
Éternité « L’éternité… Elle naît d’une plénitude, d’un sentiment plus intense de la vie…C’est le ciel qui m’a ouvert le secret de cette terre. Il ne m’en sépare pas, au contraire, il me porte à l’aimer davantage… L’éternité est là, elle miroite sous la peau de chaque jour… Mais ne te méprends pas : elle ne nous enlève pas la mort, elle la rend doublement nécessaire. Car pour y entrer il nous faut encore mourir à nous-mêmes, en disparaissant à notre image, à nos contours, à l’histoire qui nous a façonnés et qu’il nous faut quitter comme une enfance. Il y a une autre vie qui germe à l’intérieur du temps…que l’on peut deviner quand notre cœur se fait plus perméable à l’indicible de chaque instant. Cette vie-là, intérieure à celle que nous vivons, une présence discrète ne cesse de nous la communiquer, par touches légères, brefs éclairs, pour nous attirer toujours davantage vers les profondeurs d’un mystère qui ne saurait nous envahir d’un trait… Avons-nous vraiment grandi depuis ces temps immémoriaux où sur le seuil d’une caverne, des yeux s’ouvraient à leur propre étrangeté… dans l’appréhension qu’un homme peut avoir de lui-même ?.. Comme une aube lente, une lumière qui monte sans bruit, secouant la ténèbre d’un homme s’éveillant à lui-même en même temps qu’à son semblable… L’homme ne peut pas mourir. Cesser de respirer un jour, oui, mais disparaître comme les plantes, l’arbre creux, les animaux qui font sa nourriture – non, cela ne se pouvait pas, ce qui s’agitait si confusément en lui se révélait si précieux, si incroyable, qu’il en vint à honorer sa dépouille. »
Philippe Mac Léod – Le Mystère que nous sommes (cf Psaume 139.14) Les Essentiels 3188 p. 58/59
L’éternité n’est pas, comme on pourrait le croire, un temps indéfini sur la même ligne que notre durée. Elle est comme une source permanente. Dans tous les évènements de nos vies, elle est « présent » et « présence ». Présence que nous appelons Dieu. Présent (cadeau) que Dieu nous fait de lui-même. Prenons une image : le temps peut se présenter comme un fil horizontal, celui de notre parcours, et l’éternité comme une dimension verticale qui s’élèverai au-dessus de chacun de nos instants…. A l’image du Shabbat, un temps ponctuel de repos pour célébrer notre entrée permanente dans le repos au-dessus du temps, que nous appelons éternité…
L’éternité nous visite à tout instant, à tout instant nous pouvons l’accueillir. Ainsi nous ne marcherons pas à côté de notre vie, courant à la poursuite de mirages. (Marcel Domergue – Croire 252 p. 20)
L’étranger, ce frère qui dérange Dossier de Croire n° 189 p. 10 à 22
Éthique Conférence d’Axel Khan à Nantes le 23.10.09 : L’Éthique est l’ensemble des interrogations sur la vie bonne et sur les valeurs qui la fondent. Elle est assimilable à une morale de l’action. Il existe une base à valeur universelle des règles morales. Quelles peuvent être ces bases pour un agnostique ? Nous avons le même génôme humain et expérimentons la réciprocité, avec les possibilités d’igorance, de mépris, mais aussi de reconnaissance, d’égalité, d’autonomie, d’entraide, de solidarité. Et la dignité qui est liée à ce que chaque personne ressent (cf. le procès sur les lancers de naims). Toutes les personnes naissent égaux en dignité et en droit. Quel que soit l’âge, on ne peut discriminer les personnes en matière de dignité.
Euthanasie « Sournoisement, le travail admirable des équipes de soins palliatifs a été discrédité et dévalué aux yeux de l’opinion. Honteusement, des milliers de personnes gravement atteintes ou dans le dernier âge de leur vie ont été soupçonnées de ne pas avoir le courage de la « dignité ». Frauduleusement, la requête de reporter la décision de sa mort sur la société a été présentée comme un progrès humain. La loi votée il y a deux ans et pas encore vraiment appliquée, a été occultée. La passion pour la mort a remplacé la compassion pour la vie ». (Cardinal André Vingt-trois – Assemblée des évêques 1er Avril 2008)
Évangiles Enquête sur les sources du Christianisme – Les sources – les choix – les synoptiques – Jean – les apocryphes – Ces témoignages sont-ils historiques : Voir Dossier du n° 14 du Monde des Religions (Nov.Déc. 2005)
Évangélisation Toute évangélisation commence par une solidarité dans l’humain : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent…et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho en leur cœur » (GS 1.1) Faire advenir l’humain : enseignement, éducation, combat pour la justice, souci des malades… « Pour nous, les hommes et pour notre salut » : c’est une fin en soi. Mais, de surcroît, cette évangélisation ouvre la vie de l’annonce de l’évangile : on se lie d’amitié, on partage ses raisons de vivre, on rend témoignage de sa foi. C’est aussi une fin en soi. « Grâce sur grâce » : si mon ami se convertit, c’est un surcroît de joie. (André Fossion)
L’Evangile est d’abord fait pour faire du bien… et des disciples de surcroît ! (X. Dubreil)
« As-tu déjà réfléchi à ce que c’est qu’évangéliser les hommes ? Evangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : ‘Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus’. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de sauvé, quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, lui annoncer la bonne nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, désintéressée, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profondes. Il nous faut aller vers les hommes. La tâche est délicate. Le monde des hommes est un immense champ de luttes pour la richesse et la puissance. Et trop de souffrances et d’atrocités leur cachent le visage de Dieu. Il ne faut surtout pas qu’en allant vers eux nous leur apparaissions comme une nouvelle espèce de compétiteurs. Nous devons être au milieu d’eux les témoins pacifiés du Tout Puissant, des hommes sans convoitise et sans mépris, capables de devenir réellement leurs amis. C’est notre amitié qu’ils attendent, une amitié qui leur fasse sentir qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés en Jésus-Christ. »
(Sagesse d’un pauvre – Eloi Leclerc p. 118/119)
Examen de conscience « Je n’aime pas l’homme qui ne dort pas. Celui qui brûle dans son lit, d’inquiétude et de fièvre. Je suis partisan que tous les soirs on fasse son examen de conscience. C’est un bon exercice. Mais enfin, il ne faut pas s’en torturer au point d’en perdre le sommeil. À cette heure-là, la journée est faite et bien faite ! Il n’y a plus à y revenir ». (Péguy – Mystère des Saints Innocents)
Exode Vivre sa vie chrétienne sous le signe de l’exode : ‘Chercheurs de Dieu’ n° 153 (mars 05) p.24-25
FaiblesseFragilité : la force des gens fragiles : Dossier de Croire n° 181
o Fragilité Cahiers de l’Atelier n° 509
· La fragilité comme marchepied (B. Claude p. 4) ‘Notre existence humaine se déroule sous le signe d’une précarité constitutive. Si les expériences de la désillusion originaire, de la perte et de l’échec ne sont pas épargnées à l’humain, elles ne sont pas pour autant en elles-mêmes catastrophiques. Elles signent notre précarité, du latin précari : prier, demander en priant. À condition qu’elle puisse prendre sens dans l’échange avec un environnement bon (pour reprendre la manière dont winnicott qualifie les soins de la mère) l’expérience de la fragilité et de la précarité peut ouvrir à la créativité et à la vie. Elle est susceptible d’empêcher l’autarcie et le repli sur soi, et, suscitant l’appel au lien, elle peut devenir source créative de nouveaux étayages humains…’ p 11/12
· La fragilité anthropologique occidentaleMarc Grassin p. 81
La conquête sur fond de maîtrise de la nature, du politique, de l’action et de l’existence est le révélateur de l’anthropologie occidentale qui fonde notre liberté. Mais l’homme maîtrisant le monde est aujourd’hui dépossédé de lui-même. Il éprouve un sentiment de perte de soi et une difficulté à vivre en harmonie avec lui-même. A l’inverse, lorsque l’homme consent à la démaitrise, il cesse d’être force, puissance, calcul pour devenir fragilité dans l’espace ouvert par la situation qui le fait être. Il convient alors d’articuler de manière nouvelle la maîtrise et la démaîtrise.
· La religion entre force et fragilité (J-Yves Baziou p. 92)
· La fragilité fait partie de la condition humaine, il faut s’aveugler pour ne pas le voir. Elle est donc à prendre en compte. Enfants, nous sommes bientôt morts si personne ne prend soin de nous. Adultes, nous avons nos maladies, nos moments de découragement et nos peurs. Et à tout âge nous sommes confrontés à la mort ; lente ou brutale, elle est là. Inutile donc de fanfaronner. ‘L’homme, ses jours sont comme l’herbe, comme la fleur des champs, il fleurit ; sur lui un souffle passe, il n’est plus’ avoue le psalmiste (103.15) « Entre les bêtes et les gens, ya bien souvent que le baptême qui fait la différence » (Proverbe lyonnais) … La prise en compte de la fragilité humains commande une pratique éthique. Le type de comportement que proposent les évangiles est nourri des béatitudes : les clés de la morale chrétienne y sont écrites en lettres d’or…De là découle encore une attitude spirituelle. Se reconnaître fragile et incomplet, c’est laisser à Dieu une place dans sa vie. Certes, le considérer comme un bouche-trou serait l’exploiter de façon indigne. Mais Dieu est sans cesse prêt à occuper l’espace que je lui laisse et à me remplir de sa force…(Michel Quesnel – Sagesse chrétienne p. 152)

Famille          On dit parfois que la famille est en danger. Vous le pensez ? Ah non ! Pour moi, la famille a pris du galon, il n’y a aucune raison de dire qu’elle est en danger. On divorce, c’est vrai, mais il y a toujours eu des couples ratés et des couples réussis. Ce sont tous les autres liens qui ont disparu, les liens politiques, les liens sociaux, les liens religieux. Aujourd’hui, le seul groupe auquel on appartient vraiment, c’est sa famille. Face à une économie compliquée, la famille, même recomposée est une valeur refuge. Les parents, ça compte, dans n’importe quel milieu. Ce qui est paradoxal, c’est que le famille est quelque chose qui vous est imposé : on ne la choisit pas, on ne choisit pas son nom, on hérite de ressemblances physiques, de rictus, d’expressions, de traits de caractère, et en même temps on y partage des sentiments très forts. Souvent d’ailleurs les problèmes entre frères et sœurs son ravivés à la mort des parents, car c’est d’amour dont il est question en famille. Cette relation à l’amour parental est un partage, une histoire commune, souvent vécue comme une injustice. On peut avoir vécu une vie merveilleuse, sage, calme, et rester éternellement le petit frère ou le grand frère, celui qui pense avoir été moins aimé ou mal aimé. Ces blessures sont constitutives de ce qu’on est. Regardez les gens qui n’ont pas eu de famille, ils ont la nostalgie d’une famille imaginaire. La famille est un lien très fort. (Thierry Bizot – Cahier Croire 275 p. 9) – « La famille, même éclatée, même recomposée, reste un point d’ancrage, un lieu de ressourcement et de transmission. On y vcit ses premières joies, on y apprend à aimer, à partager, à se supporter… Mais parce que l’amour y est fort, c’est aussi là que les blessures sont les plus profondes. On peut se détester, se jalouser, on peuit décider de ne plus se voir. On peut aussi se pardonner et se réconcilier. Vivre en famille n’est pas de tout repos. Auusi est-il bon de nous rappeler que nous ne sommes jamais seuls, que l’on peut toujours avancer vers sa propre maturité. Et que l’évangile porte en lui toutes les semences de libération, y compris de libération familiale ». (Croire 275 p. 33)
Finances Pour comprendre la crise financière – Croire n° 261 p 25 à 28
Femmes : Jésus institue des relations nouvelles avec les femmes : Article de Repères ACO : Dieu invite-t-il ? classé dans le Dossier Bible
Fins dernières « L’objet de notre espérance finale est double :
o Au terme, la résurrection. J’attends la résurrection des corps comme chante le crédo de la messe. Nous attendons la fin, le temps où le temps ne sera plus ; la Jérusalem nouvelle où nos corps ressuscités prendront part à la joie et à la gloire du Royaume dans la vie et la plénitude plénitude définitives. Ce temps de la fin est déjà commencé depuis la résurrection du Christ, et la Sainte Vierge le vit actuellement dans son corps glorieux.
o Mais avant la fin du monde où tout sera récapitulé et transformé, il y a notre propre fin à chacun de nous, la fin de notre vie présente. Et la foi nous assure que dès notre mort nous pouvons jouir de Dieu, sans attendre d’avoir retrouvé notre corps transmué : sitôt que notre âme est capable de trouver toute joie en lui, elle est comblée de sa présence et de son amitié, elle est unie à son Seigneur, un même esprit avec lui. (I Cor 6.17)
o Notre temps de vie terrestre est donné pour nous ouvrir à ce bonheur, pour fair l’apprentissage de cette joie. Nous devons nous y efforcer à chaque instant dans tous les détails de notre existence. Mais il y a des moments privilégiés où nous nous préparons d’une façon aussi directe que possible, à la joie définitive ; où nous l’inaugurons déjà, dans la nuit de la foi : la prière sous ses différentes formes, silencieuse et vocale, individuelle ou collective, privée ou publique. »
Sœur Jeanne d’Arc – Un cœur qui écoute p. 91/92

FOI 

« la foi est ce lien vivant avec le mystère qui se révèle alors plus réel que tout le réel, parce qu’il le sous-tend, parce que sans lui il ne serait que du carton-pâte ; un lien qui s’affine par la vie qui s’ouvre et s’approfondit, par la conscience que nous en avons et qui devient à elle-même source de lumière… La foi, dans notre développement humain, constitue sans doute la relation la plus fine, la plus subtile dont nous soyons capables. Elle se nourrit de l’invisible de la vie. Elle traverse l’épaisseur du monde, les masques, les figures, les idéologies, elle aspire tout le bleu du ciel, qu’elle boit d’un seul et long trait. À quoi pourrais-je la comparer ? À une onde, à une sonde qui plonge dans les replis de l’espace. Une antenne d’une sensibilité extrême, toujours dressée, qui capte une musique éparse qu’aucune oreille ne perçoit dans la rumeur grandissante dont nous nous enveloppons…. La singularité de notre foi ne se joue pas dans le sensible de la représentation, mais dans le sensible de la présence, dans la réalité d’une intériorité vivante où tout prend corps, lumière et sens. C’est avec cette passions-là qu’on doit approcher dans l’eucharistie ce qu’on nomme la présence réelle. » (Philippe Mac Leod – Les Essentiels 22.03.12)
 « Tenter de concevoir Dieu, c’est éclairer la foi. Mais croire ce n’est pas voir. Dieu reste à distance et en question. Vivre par lui, ce n’est pas s’appuyer sur un savoir assuré, c’est vivre de telle façon que nous osions croire que Dieu est. C’est pourquoi il me faut penser non seulement que je ne connais pas Dieu, mais même que je ne sais pas si je crois. La foi n’est pas une propriété, elle n’implique aucun savoir assuré mais seulement un certitude efficace dans la conduite pratique de la vie. Le croyant est sans cesse prêt à écouter. Il est docile lorsqu’il s’abandonne à ce qui lui parle, et en même temps impossible à égarer. Il est fort sous l’apparence de la faiblesse. Il est ouvert à tout et pleinement résolu dans sa vie pratique. L’effort pour penser Dieu ne procure pas la sécurité d’un savoir, mais l’espace libre nécessaire à la décision d’un sujet qui est authentiquement lui-même » (Karl Jaspers cité dans Croire n° 215 de Septembre 06 p. 19)
La foi est confiance dans la vie, ouverture, espérance. Croire en Dieu, c’est consentir au don de la vie. Ce qui nous est donné en plus de la foi, selon St Paul, c’est la Parole et la connaissance de Dieu. Accueillir Jésus Parole de Dieu, entendre l’écho intérieur suscité par les mots qu’il nous dit, ouvrir nos existences au Père dont le Fils nous donne la connaissance, c’est cela la vie dans la foi. (Michel Souchon dans Croire n° 215 p. 29)
« La foi est un enfant né en pleine nuit et à jamais voué à l’épreuve de la nuit, mais cependant toujours en quête et en désir de lumière » (Sylvie Germain, écrivain)
Foi      ‘La foi n’enrichit pas seulement le questionnement sur le sens de la vie, mais elle est une ressource pour la relation aux autres et la construction de la société…. J’ai été invité à croire que le foi était assez grande pour être mise à l’épreuve de la raison. Et j’ai fait l’expérience en retour qu’elle n’est pas seulement une richesse pour l’action, mais qu’elle irrigue aussi tout l’univers de la raison.’ (Philippe Bourdeyne – Les Essentiels 17.11.

Fragilité      Toute la Bible est une histoire de fragilité. Fragilité de la Création, soumise aux aléas de la nature, fragilité de l’homme, si souvent malade, pauvre, exilé, exclu ou prisonnier de passions qui le dévorent. Au cœur de notre existence, la fragilité règne. Dieu lui-même s’annonce fragile et vulnérable : naissance de Jésus dans le dénuement, vie précaire, mort douloureuse… Il le fallait sans doute pour nous ressembler et mieux venir à notre rencontre. Finalement, il est heureux que le Dieu chrétien soit un Dieu fragile. Comment, autrement, croire en son amour. (Croire 280 p. 11)
o        La vérité de notre humanité ne se situe pas dans nos possessions, notre statut social ou nos exploits spirituels, mais dans la fragilité de notre être devant Dieu et devant notre prochain. Dans un monde où la valeur de l’individu se mesure à sa place dans la société, sa fortune, sa consommation et le nombre de ses amis, il est bon de se souvenir que le Christ est venu jusqu’à nous sous le signe de l’agneau. Il nous invite à accueillir notre propre fragilité, car c’est là que la grâce vient se nicher. (A. Nouis – Croire 280)
o        Désignons la fragilité par cette vulnérabilité propre à l’humain. Malgré la construction de défenses, par l’éducation, par des compétences, nous restons vulnérables, sensibles. L’humain est un être ouvert. C’est cette ouverture qui fait sa blessure, mais aussi sa brèche, là où la vie, l’avenir, la créativité, peuvent passer… L’Écriture nous apprend que la fragilité est une condition indépassable. Il ne s’agit pas de vivre dans la fatalité de ce qui nous fait souffrir, qui appelle au contraire le combat. La fragilité imprime en l’homme de la souffrance, de la peur, du non-sens. Pourtant c’est par ces brèches que la vie vient et revient, y compris le désir d’aimer. (V. Margron – Croire 280)
Fraternité « Nous devons fidélité à la mémoire, car Dieu, lui, est fidèle. Nous devons surtout vivre dans la fraternité. Nous en avons déjà l’expérience, mais elle demeure en souffrance. Sans fraternité, liberté et égalité restent lettres mortes. » Pour y parvenir, le P. Garec pose trois conditions : La première : reconnaître nos fragilités. On a toujours faim et soif, on est toujours nu ou étranger.. La deuxième : récuser la fatalité. Sans justice, la paix n’est pas évangélique, elle est angélique. Sans l’horizon d’une paix, la recherche de justice risque d’être désespérante. Enfin la troisième : dépasser la facilité qui serait de se contenter d’éviter le pire. (René Garec – Homélie 8 Mai 08 à la cathédrale de Nantes) Toute communauté écclésiale est une fraternité comportant une triple source de dynamisme · la première est « le Christ-Frère » auquel nous sommes vitalement reliés. En venant parmi nous, le Fils du Père s’est fait notre frère en humanité. Par le baptême, il nous adopte comme ses frères en vie divine. Désormais en lui nous sommes animés de son Esprit et nous participons déjà à la vie même de son Père. · La seconde est celle de la « fraternité en Christ ». c’est notre insertion vitale dans l’Église. En elle et par elle, nous sommes éclairés, nourris et soutenus. Nous en sommes les membres responsables et actifs, soucieux de servir et d’entraîner nos frères et sœurs. En effet, nous sommes appelés à faire grandir ce corps du Christ que nous formons ensemble. · Loin de nous replier sur nous-mêmes, nous sommes « Fraternté pour le monde ». car notre père aime tous les humains et les invite à entrer en communion de vie et d’amour avec lui. Il nous envoie au milieu des hommes pour vivre avec eux, leur révéler qu’ils sont aimés et leur proposer la joie de vivre en plénitude dans la famille du Père » Père Michel Dujarier – Ecclésia n° 4 p. 33) Il y a tout un appétit de fraternité, d’autant plus fort qu’il y a un phénomène de désaffiliation sociale et aussi de marchandisation de la relation. Où sont les sources de la fraternité ? Le rétablissement du lien fraternel sauve. Mais quand le frère devient un loup ? A quoi sert de dire que nous sommes égaux en droit quand l’inégalité des chances va croissant ? Aucune fraternité n’existe sans égalité.
Est-ce que l’Église, trop fraternelle, ne désamorce pas la révolution ?
« On évitera donc de parler de la fraternité qui nous rassemble comme d’un manteau de Noé qui cache la nudité du roi. La fraternité est un travail sur soi pour le respect de l’autre, pour l’acceptation de la différence. Les hommes et les femmes se reconnaissent assez semblables pour se comprendre et assez différents pour avoir quelque chose à se dire et construire sur terre la communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (G. Adler – Jésus 33 p.16)
« Le sous développement a une cause encore plus profonde que le déficit de réflexion : c’est le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples. Cette fraternité, les hommes pourront-ils jamais la réaliser par eux seuls ? La société toujours plus globalisée nous rapproche mais elle ne nous rend pas frères. La raison à elle seule est capable de comprendre l’’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité. Celle-ci naît d’une vocation transcendante de Dieu Père, qui nous a aimés en premier, nous enseignant par l’intermédiaire du Fils ce qu’est la charité fraternelle ». (Encyclique ‘La Charité dans la vérité’ de Benoît XVI reprenant Populorum Progressio de Paul VI)
Gloire « La gloire, on la reçoit, on la donne. Ainsi en va-t-il des distinctions décernées en société : prix du meilleur roman de l’année, palme d’or. Les recevoir résulte d’une reconnaissance accordée par autrui. La gloire,on ne se la donne pas à soi-même. Certes, il arrive que certains s’autoglorifient. Mais il n’y a rien de plus détestable et de plus éphémère que les autoproclamations. La gloire véritable, cette qui reste avec bonheur dans la mémoire, on la reçoit. Jésus considère qu’il a achevé son œuvre et que l’heure est venue de l’évaluer. La confrontation avec les autorités religieuses de Jérusalem… doit-elle être envisagée comme l’examen qui permettra au jury de se prononcer ? Jean fait comprendre au lecteur que Jésus attend prioritairement d’une autre instance la validation de ce qu’il a réalisé. Il lève les yeux au ciel… Il attend de Dieu lui-même la distinsction publique… » (Pierre-Yves Brandt – Les Essentiels 3270 p. 52)
- Grâce Tout d’abord, en grec, elle prend le sens de beauté. Ensuite, elle a le sens d’amitié : trouver grâce. Elle est encore reconnaissance : rendre grâce. Le don fait par Dieu à l’Eglise reprend tous ces sens : marque d’amitié de Dieu, c’est un don gratuit, qui n’attend pas de contrepartie. Etre en état de grâce est aussi symbole d’aisance, d’efficacité.
- « La grâce à bon marché, l’ennemi mortel de notre Eglise, c’est la grâce sans la croix. La grâce qui coûte, c’est l’Evangile qu’il faut toujours chercher à nouveau. Elle coûte parce qu’elle est pour l’homme au prix de sa vie ; elle est grâce parce que, alors seulement, elle fait à l’homme cadeau de la vie. » (D. Bonhoeffer – Le prix de la grâce) C’est par grâce que vous êtes sauvés. (Ephésiens 2.1-9) Vous n’y êtes pour rien : c’est là le don de Dieu… Nous sommes son ouvrage créé pour faire le bien. Lorsque l’on est sauvé, on fait le bien, un point c’est tout !Nul mérite à cela, nulle fierté à en retirer. Faire le bien fait partie de l’essence même de la vie chrétienne et il n’y a pas à en tirer gloire. Somme-nous dignes d’un tel appel ? (Les essentiels 3015 p. XI, XII et XIII)
o        « Le rayonnement discret mais insistant du poids intérieur de l’être » (Paul Baudiquey)
Gratuité Dossier du n° 221 de Croire aujourd’hui C’est par grâce que vous êtes sauvés. (Ephésiens 2.1-9)  Vous n’y êtes pour rien : c’est là le don de Dieu… Nous sommes son ouvrage créé pour faire le bien. Lorsque l’on est sauvé, on fait le bien, un point c’est tout !Nul mérite à cela, nulle fierté à en retirer. Faire le bien fait partie de l’essence même de la vie chrétienne et il n’y a pas à en tirer gloire. Somme-nous dignes d’un tel appel ? (Les essentiels 3015 p. XI, XII et XIII) La grâce est la trace, l’empreinte en nous de l’Esprit. Elle rejoint les fruits de l’Esprit que Paul énumère en Gal 5.22-23. Elle a quelque chose à voir avec les charismes, mot qui en grec est de la famille du mot grâce. (Voir « Quel sens donner au mot Grâce ? Croire Aujourd’hui n° 205 p. 29
« Gratuité est peut-être le mot le moins inadéquat pour exprimer le mystère de l’homme et le mystère de Dieu. Il dit à la fois pureté de l’amour, liberté, absence de calcul. Grâce et gratitude ont la même racine. La grâce est gratuité, la gratitude est gratuité en retour et en hommage. Il faudrait instituer une pédagogie de la gratuité dans le monde de l’utilité et de la nécessité. Mais un éducateur ne conduit à la gratuité que s’il en vit » (François Varillon – L’humilité de Dieu)
Hiérarchie    Voir Démocratie  
Guérison Guérison de tout l’être. Elle intervient non seulement au niveau du corps mais aussi de l’esprit (par la conversion) et du cœur (‘Va en paix’) Elle est rendus possible par l’attitude d’humilité, mot dérivé du latin « humus » = terre. Cf. Naaman qui s’abaisse jusqu’à emporter de la terre d’Israël, symboliquement sa terre intérieure. La guérison n’a rien de magique : dans une situation invivable, l’homme se met en route et reste à l’écoute des paroles de vie qui lui sont adressées. C’est Dieu qui fait le reste. Au cœur de nos impasses, croyons-nous que Dieu nous adresse une parole capable de nos transformer ? (Prier n° 252 p. 13) „Il peut y avoir une impasse à croire que la foi chrétienne guérit, alors qu’elle sauve. On peut rester malade toute sa vie et être sauvé, heureusement. Nous sommes dans une culture de la performance qui nous dit que nous devons être parfaitement bien avec nous-même. Mais – il faut le dire avec précaution – c’est grâce à la faiblesse que nous avons besoin d’autrui. Pour vivre !» (V. Margron)  
Homosexualité Raymond E. Brown commente I Cor 6.9-10 dans « Que sait-on du Nouveau Testament ? » p. 575-577 : « Dans quelle mesure la condamnation paulinienne est-elle contraignante pour les chrétiens d’aujourd’hui ? … Paul et en vérité Jésus lui-même, vivant au milieu de nous aujourd’hui, n’auraient pas eu peur d’être considérés comme sexuellement et politiquement incorrects.. » p. 577
« Nous avons un enfants homosexuel » Croire Aujourd’hui n° 196 p. 30-32
Petit dépliant : « Pour un accueil en vérité des personnes homosexuelles dans l’Eglise » (Réflexion et Partage, 166 rue du général Buat 44000 - Nante
 Hospitalité
      La loi de l’hospitalité affronte aujourd’hui bien des tempêtes : la tentation du repli sur soi, la méfiance, la crainte parfois juste d’être trompé, l’emportent souvent dur le désir d’accueillir. À l’inverse, on peut offrir son hospitalité avec maladresse, blessant sans le vouloir, oubliant les règles élémentaires de élémentaires de prudence. Rester soi-même, accueillir avec bonté et discernement, trouver les mots, la bonne attitude, qui peut s’en dire capable ? Il faut une sacrée maturité pour pratiquer une hospitalité sans mesure mais mesurée, attentive, mais discrète, oublieuse de soi, mais pas de l’autre. C’est là un grand défi de la vie chrétienne, à relever dans le plus petit détail de la vie quotidienne. (Croire 272 p. 37)
Humilité Philippe mac léod in Les Essentiels 3032 p. 14-15
« Le christianisme a complètement retourné la façon de regarder le monde en proclamant que l’humilité est la vertu typiquement chrétienne et que l’orgueil est le plus grand vice. L’humilité chrétienne ne consiste pas à se sentir un méprisable ver de terre, c’est avoir un juste respect de soi-même. C’est une libération de la rivalité, du besoin de se mesurer sans cesse aux autres, du besoin impérieux d’avoir le premier rôle. L’humilité me donne une ambition à la mesure de ce que je peux faire et me libère de l’imagination de ce dont je suis incapable. Elle nous fait accepter d’avoir un rôle dans l’histoire que nous partageons avec d’autres, mais pas nécessairement le plus important. C’est de l’humilité que d’abandonner le milieu de la scène. » (D’après Th Radcliffe – Pourquoi donc être chrétien p. 188/190) Cf. Retraite de Landévennec : l’humilité de ne plus être au centre de ne plus être indispensable
« Dieu seul est humble. L’homme ne l’est pas, sinon dans la mesure où il reconnaît son impuissance à l’être. Il faut avancer ici pas à pas… Dieu opère ce que nous sommes impuissants à opérer par nous-mêmes : le bris du miroir devant lequel, travaillant à nous dépouiller de notre orgueil, nous étions satisfaits de notre dépouillement. Alors on ne sait plus si on est humble. On sait seulement, comme Simon-Pierre au bord du lac (Jean 21,15) qu’il suffit que Dieu le sache et veut qu’on le soit davantage. On marche dans la vie comme un enfant joyeux pour qui tout est lumière, à l’exception de soi. » François Varillon – L’humilité de Dieu p. 73/75
Incarnation Pour nous, chrétiens, que signifie Noêl sinon la révélation du mystère de notre propre humanité ? Que signifie Pâques sinon la révélation de la destinée de toute la création ? Que signifierait le mystère du Christ, homme et Dieu tout à la fois, d’un seul tenant, s’il n’était pas aussi le nôtre ? … Comment aujourd’hui faire entendre le salut sinon dans la logique d’une humanisation à parachever ? L’incarnation elle-même devient soudain lumineuse, exaltante, si on la replace sur le plan intérieur d’un Dieu déjà là, toujours là, auquel il nous faut naître, que notre chair humaine doit effectivement mettre au monde. (Philippe Mac Léod in Les Essentiels 3100 du 27.01.05 p. 56)

Pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? questionnait St Anselme de C…. Dans toute relation amoureuse, l’amant s’inquiète de la raison pour laquelle il est aimé. De même le croyant se demande pourquoi Dieu s’est intéressé à l’humanité au point de vouloir « en être » ! Saint Augustin, dans une ligne pessimiste insiste sur le tragique de l’aventure humaine enfermée dans le péché des origines et que Dieu viendrait « racheter », sortir de l’ornière.

Origène insiste sur la logique de l’amour présente dès l’origine au cœur même de Dieu, se traduisant « naturellement » dans un projet d’incarnation. La poésie de St Jean de la croix s’inscrit dans cette logique d’épousailles née du dialogue du Père et du Fils. C’est du surcroît d’amour entre les deux personnes que la création elle-même, comme épouse, a pu surgir. « En cette immensité d’amour qui procédait de tous les deux, paroles de grande douceur le Père proférait au Fils, que nul n’entendait… qu’il en soit ainsi dit le Père, en ton amour qui requiert…Et par ces mots qu’il avait dit le monde avait été créé comme demeure de l’épouse… Plus tard, comme était arrivé le temps, Dieu déposé dans la crèche fit la jonction entre l’incompatible de la transcendance et de l’humain. Les larmes humaines dans Dieu, et dedans l’humain l’allégresse ; ce qui pour l’un comme pour l’autre était d’ordinaire étranger. Comment penser le Dieu « avec » autrement que ce Dieu des philosophes dans les cieux de l’indifférence, si ce n’est dans cet élan d’amour et d’épousailles ? (Jacques Arènes in La Vie n° 3117 p. 67) « L’annonce de ce que la théologie nomme l’Incarnation ne laisse pas de surprendre et même de choquer : comment le Dieu éternel et véritable, le Dieu par qui tout fut créé – les univers visibles et invisibles – comment ce Dieu invisible, indescriptible, a-t-il consenti à se dire, à se décrire en prenant un visage authentiquement humain ? Et pourquoi est-ce en ce personnage-là, situé dans l’histoire des hommes, qu’il s’est incarné ? Et comment une destinée humaine évidemment marquée par toutes les limites d’espace, de temps, de sexe, de culture,voire même de religion, peut-elle avoir la prétention d’affirmer qu’en elle  le Dieu tout puissant et universel se raconte et se donne à voir ?  Si je veux connaître quelque chose de Dieu, je dois désormais suivre Jésus, l’écouter, le regarder, me laisser dire qui est Dieu. » Benoît Lobet – Croire 278 p. 26
 Inculturation Si la Bonne Nouvelle fait figure de nouveauté par rapport à tout contexte culturel, encore faut-il qu’elle résonne de manière pertinente dans chacune des cultures. .. Ceci implique, pour le témoin de l’évangile, une sympathie à priori pour les hommes, une attention à leur façon de penser et de sentir, une participation conviviale à leurs propres représentations, interrogations et aspirations. Il s’agit pour lui de prendre part à la conversation entre les hommes.
L’annonce évangélique au sein d’une culture met en mouvement l’une et l’autre… Il y a entre les deux un ‘donner’ et un ‘recevoir’. Il enrésulte un enrichissement réciproque…
Le processus d’inculturation de la foi est le fruit d’un travail commun qui ne s’effectue pas du jourau lendemain. Car l’inculturation de la foi n’est pas simplement la tâche de celui qui annonce l’évangile. Elle est aussi l’œuvre de celui qui le reçoit, y adhère et se l’approprie dans le champ de sa propre condition culturelle… Il s’agit d’ »aider les cultures à faire surgir de leur propre tradition vivante des expressions originales de vie, de célébration et de pensée chrétiennes ». (JPII) Prenons le cas de notre situation culturelle. Nous vivons dans une culture démocratique, pluraliste et pluri-religieuse, une culture scientifique et technique, une culture de communication, une culture qui valorise constamment le neuf en créant de nouveaux besoins, une culture qui invite chacun à devenir soi-même, dans son autonomie propre, en dehors de tout embrigadement et endoctrinement. Pour cette culture de notre temps, le langage de la Tradition chrétienne apparaît bien souvent inopérant, inadéquat, insatisfaisant. D’où le sentiment d’une coupure, d’un éloignement entre la tradition chrétienne et le monde contemporain. Le monde chrétien traditionnel se sent désemparé par cette évolution, comme si la culture s’éloignait de Dieu. En fait, elle ne s’éloigne pas de Dieu, ni de l’évangile, mais de certaines de ses expressions qui viennent d’un autre âge et qui ne font plus directement sens aujourd’hui dans des conditions culturelles nouvelles. Que faire ? Certes, le monde chrétien traditionnel doit s’efforcer de rejoindre la culture nouvelle pour y faire résonner l’évangile de manière pertinente. Mais surtout il doit avoir la sagesse d’ouvrir un espace de créativité pour que ceux et celles qui vivent dans cette culture nouvelle puissent eux-mêmes inventer et trouver les formes d’expression, de vie et de célébration chrétiennes qui soient de plain pied avec cette culture et à la fois fidèles au message évangélique reçu. Le danger serait serait de bloquer cette possibilité de créativité : c’est le danger du traditionalisme qui, faute d’espérance, fige la tradition en lui interdisant de trouver une postérité nouvelle dans des contextes culturels nouveaux. Donner chance au christianisme à venir, tel est l’enjeu de l’inculturation… L’évangélisation ne s’effectue pas sous le mode de la reproduction ou du clonage, mais sous le mode de l’inspiration qui n’est pas close et qui ouvre, de manière toujours nouvelle, la possibilité d’un ‘croire avec’ dans la diversité de ses expressions culturelles. (André Fossion – Croire du dedans des cultures – Le Courrier de Jonas n° 39 p. 30)
Indifférence : les questions que la foi pose à l’indifférence. (Voir spécialement ‘Vivre pour quoi faire ?’) : J. Doré, La grâce de croire t.II p. 99 « Dans des domaines comme ceux de la famille, de la profession et des divers engagements sociaux, il semble bien que les croyants soient appelés aujourd’hui plus que jamais à crier casse-cou à l’indifférence, à reparler du sérieux et de la durée, de souci et de service de l’autre, d’engagement et de fidélité, sinon, l’homme est bel et bien en péril » (p. 99)



o       L’indifférence : un phénomène difficile à identifier : « Ceux qui ne revendiquent aucune différence particulière, qui ne relèvent par décision ou par absence de décision, ni d’une foi, ni d’une incroyance consciente, comment les appréhender ? » (p. 11) « L’indifférence se présente comme une protection, une prudence qui préserve la personne des contraintes externes et des prescriptions dont elle n’est pas partie prenante. » (p. 143) « Dans le mesure où l’indifférence constitue une protection, elle élève un rempart contre tout ce qui trouble l’existence et risque de mettre en péril la précaire harmonie que chacun entend protéger contre toute agression ».(p.67) « Seuls ceux qui s’étonnent de croire comprennent ceux et celles qui se montrent indifférents à la foi. C’est dans la mesure où la foi n’est pas pour soi une évidence qu’il est possible de parler à hauteur d’homme et de femmes à nos contemporains » (4ème de couverture) (Albert Rouet – L’étonnement de croire)
 
Individualisme « L’auteur (Maxime Leroy), commence par se mettre en face de ‘ce qui nous est arrivé’ depuis la fin des années soixante et qui nous apparaît aujourd’hui comme un véritable tremblement de terre : l’avènement du sujet humain que ne se définit plus d’abord par ses racines et ses appartenances. Reconnaissant lucidement que cette superbe ascension de l’individu est une aventure pour le meilleur et pour le pire, il évoque des chemins du devenir humain et du vivre ensemble. » (Présentation du Livre « Nouveaux chemins d’évangile » dans le Journal ACO Témoignage n° 499 – Mai 05)
« Le déclin de la religion se paie en difficulté d’être soi » (Marcel Gauchet – Désenchantement du monde) ‘Chacun désormais doit faire face à la redoutable épreuve d’exister et de ne vivre que sur ses propres ressources et à l’écrasante tâche de devoir se construire sans autre recours que lui-même. Les moralistes ont beau jeu d’ironiser sur le souci de soi qui obsède l’individu d’aujourd’hui : ont-ils jamais mesuré de quelle énergie celui-ci doit faire preuve pour se ‘rassembler’ en soi-même, se constituer en sujet, se délimiter un espace sans frontière, un temps sans délai, une culture sans modèles, une société sans repères ? Trop d’analyses convenues de l’individualisme sociologique concluent à l’égoïsme moral de nos contemporains ; pourtant, c’est l’héroïsme d’hommes et de femmes aux prises avec la solitude de leur destin qu’il faudrait saluer, ou l’angoisse d’individus ‘en souffrance’ qu’il faudrait secourir….

Les chrétiens de ma génération s’étaient trop longtemps identifiés au mythe de l’Exode libérateur pour n’être pas eux aussi aujourd’hui condamnés, eux aussi, à revoir à la baisse leur espérance. Ils ont le sentiment d’avoir été déportés par un vent contraire et d’avoir échoué sur une rive étrangère. Ils vivent à présent dans la précarité d’un exil imprévu, dépossédés de leurs idéaux et privés des adversaires qui jusque là stimulaient leur ardeur.’ (Robert Scholtus – Petit Christianisme d’insolence p. 28-30)

· On assiste à un renversement : autrefois, les personnes étaient d’abord intégrées à une institution, la foi personnelle se formait à partir, à travers cette intégration. Aujourd’hui, la culture ambiante voudrait que la personne conquière d’abord par soi-même sa foi. L’individualisme de masse pousse à ce que le message évangélique atteigne d’abord l’individu comme individu, comme proposition de l’aider à se construire soi, son destin d’individu libre. Donc la foi devrait l’atteindre sans préalable d’appartenance institutionnelle forte… (Guy Coq – J. ét. ACO Nantes Mars 2010)
« À en croire les nostalgiques d’un âge d’or imaginaire, nous serions entrés dans une ère d’individualisme généralisé et surtout indépassable…L’individualisme ne serait-il pas le signe avant-coureur de l’entrée en scène du sujet ? … Nous avions intégré dans nos visions sociales et ecclésiales que le « nous » est premier. Il n’en va plus ainsi aujourd’hui et nous avons beaucoup de peine à reconnaître les chemins par lesquels nos contemporains peuvent rejoindre un « nous … Tant que le « nous » est premier, on sait où l’on va et ce que l’on veut, d’autant plus que le « ils » est lui aussi très bien identifié : il s’agit des autres, de ceux qui ne partagent pas nos valeurs. Ils peuvent être nos concurrents ou même nos adversaires. Quand les frontières entre le « nous » et le « ils » sont moins étanches, le « je » part à l’exploration d’autres horizons. Il peut vivre en même temps de multiples appartenances. Il devient alors perturbateur et il finit par y avoir du ‘jeu » dans le « nous » ! Mais ce « jeu » a du bon. N’est-il pas la condition d’un bon rapport, d’une bonne articulation entre les éléments différents d’une même famille, d’un même groupe ? Il manifeste la distance nécessaire à l’apparition du « tu » comme l’autre différent, sans lequel je ne peux pas advenir à ma propre identité…. Le « nous » vers lequel nous avons à marcher est peut-être cette réalité non encore achevée qui requiert la participation active de chacun. Chacun est alors invité à tricoter son petit récit dans les mailles du grand récit de l’histoire d’un peuple toujours en marche… Il est devenu banal, depuis quelques années, de citer la phrase de Michel Foucauld : ‘Nous sommes passés d’une société de la prescription à une société de l’inscription »’ Des prescriptions, il n’y en a plus guère qui vaillent aujourd’hui aux yeux de nos contemporains. En revanche, la soif d’inscrire sa propre destinée dans l’histoire du monde n’en est peut-être que plus vive…’Maintenant, il faut écouter la voix du sujet, elle n’est pas introspection, mais lutte pour la liberté contre la logique de la marchandise et du pouvoir. Elle est volonté de l’individu et du groupe d’être acteurs de leur vie, mais aussi mémoire et appartenance’. (Alain Touraine).cette superbe ascension de l’individu est une aventure pour le meilleur et pour le pire et, en tous cas, pour l’imprévisible. Attelé à la dure tâche de devenir humain, l’individu se trouve souvent seul et extrêmement fragilisé. Il peut devenir la proie de bien des appétits féroces, à commencer par le système néo-libéral qui, par ailleurs, se prétend le champion des libertés individuelles ! C’est en fait ‘l’ère du vide’ pour beaucoup d’individus laissés à eux-mêmes et abandonnés sur le bord de la route de la compétition généralisée. Mais l’individu ne peut vivre comme un  atome isolé. Jamais il n’adviendra en humanité s’il reste seul. Il partira donc à la recherche d’un « nous ». c’est là que tout devient possible… pour le meilleur et pour le pire. Mais rien n’est joué d’avance. Voilà le réel qui émerge sous nos yeux et nous ne sommes sans doute qu’aux premières lueurs de ce qui doit se manifester dans les années à venir. Mais voilà le réel qui nous est donné à aimer ! Cette réalité nous place devant un choix fondamental, le même choix que Paul VI et les Pères du Concile Vatican II nous invitaient à faire il y a quarante ans. Dans la rencontre de l’Église avec l’homme moderne, ‘qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver, mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Un sympathie sans borne l’a envahi tout entier » Adolphe Gesché nous dit qu’un des traits de génie du christianisme est celui-ci : ‘Entre l’homme tel qu’il devrait être et l’homme tel qu’il est, il y a place pour l’homme tel qu’il peut être… C’est tout le sens de l’Incarnation où le Christ a pris la vérité de notre réalité là où elle était, et a posé, à partir d’elle, sans mystification, le lieu même d’où le salut était imaginable’. N’hésitons pas à imaginer, dans cette nouvelle situation, de toutes nouvelles réponses. C’est dans la logique de l’Incarnation. »  (Maxime Leroy – Nouveaux chemins d’évangile p. 25 à 29)
Intelligence « Seigneur, autant que j’ai pu, j’ai cherché et j’ai voulu avoir l’intelligence de ce que je crois et j’ai beaucoup discuté et peiné. Seigneur mon Dieu, mon unique espérance, exauce-moi. Ne permets que je me lasse de te chercher, mais mets moi au cœur un désir plus ardent de te chercher. Me voici devant toi avec ma force et ma faiblesse. Soutiens l’une, guéris l’autre. Devant toi est ma science et mon ignorance. Que je me souvienne de Toi. Que je te comprenne. Que je t’aime. » St Augustin (in ‘Chercheurs de Dieu’ n° 153-Mars 05)
Interdit Des changements profonds se font jour dans nos liens au pouvoir et à l’autorité. Les années post 68 ont vu disparaître tous les interdits de type patriarcal liés à un statut ou à une relation asymétrique. Depuis, on se plaint plutôt du manque de cadres et des limites nécessaires à une vie en société. Mais les interdits imposés d’en haut, sans dialogue, ne fonctionnent plus et le consentement est devenu obligatoire… Les interdits du décalogue balisent notre chemin en nous signalant à partir de quel comportement nous entrons dans l’errance. Pour tous les croyants, l’interdit joue un rôle structurant. Mais comme commandement, le Christ n’a-t-il pas retenu simplement celui-ci : « Aime ton prochain comme toi-même » (Muriel de Souich – Croire 222 p. 20 – En conclusion du Dossier « Peut-on vivre sans interdit ? » p 8 à 20)
Intériorité « Il y a en nous comme un puits intérieur, un puits où nous pouvons puiser du sens, où nous pouvons rejoindre la source de notre vie et trouver l’énergie qui la rend plus vivante. Mais aujourd’hui, on pourrait dire que notre puits est désaffecté. Il est rebouché par les multiples pierres de la consommation. Et nous ne savons même plus qu’il existe, qu’il y a une source sous nos pieds. Nous avons tellement l’habitude de trouver l’eau courante au robinet ! (Il y a des évènements qui sont) comme un forage qui fait redécouvrir une autre dimension de la vie… Pour les chrétiens, cette expérience de l’intériorité est un chemin vers Dieu. Dans le silence de ce qu’ils nomment la prière, ils vont à la source de leur vie, ils découvrent une présence. An 5° s. Saint Augustin disait : « Dieu est en moi plus intime à moi-même que moi-même ». C’est une présence, une force, une énergie qui me vient d’au-delà de moi-même.. (Dominique Fontaine – La foi des chrétiens racontée à mes amis athées – Atelier – p. 23)
Jalousie Article de Jean-Marie Petitclerc dans Croire 222 p. 30 à 32)
Jeûne Le jeûne n’est pas seulement s’abstenir de manger. C’est une expérience spécifique qui consiste à s’ouvrir à un désir spirituel. Et à participer à la compassion du Christ pour tous ceux qui ont faim.
« Quand on s’arrête de manger, on n’est pas moins bien nourri, on est nourri du dedans…Quand on jeûne, plus rien ou presque n’arrive de l’extérieur. Les cellules graisseuses prennent le relais pour nourrir le corps, comme une nourriture prédigérée de cosmonaute… Le corps utilise ses réserves et fait le grand ménage ». Contrairement à certaines idées reçues, le jeûne, bien loin d’être une dépréciation du corps, redonne à notre corps sa noblesse. Celui qui jeûne expérimente certes sa fragilité, sa faiblesse, surtout au bout de quelques jours de jeûne intégral, mais il goûte aussi le plaisir d’habiter son corps…. Il peut aussi susciter dans le cœur le désir spirituel. « L’homme ne peut désirer que Dieu, qu’il le sache ou non… Savoir qu’il n’y a pas deux désirs est une très grande joie, parce que l’on comprend, du fait même, que le spirituel commence à la racine du corps, au commencement le plus extrême de notre être. » (Paul Beauchamp, Psaumes nuit et jour p. 144) Olivier Clément disait : ‘Le jeûne est un prière du corps’. (Croire 224 p. 26/28)
Joie Voir Dossier « Méditations » texte « La joie, fruit de l’Esprit »
« La joie, ce n’est pas le plaisir. Le plaisir est superficiel alors que la joie est profonde : c’est pour ça qu’elle dure. Elle n’est pas rattachée à un objet. Quel que soit notre état de vie, on peut tous vivre cette joie, même si elle est cachée par les soucis du jour. Même dans la rue, on peut la vivre. Pour ça, il faut méditer ce que cela signifie : nous sommes enfants de Dieu » (Les Essentiels 3327 p. 51)
Voir homélie du 3° dimanche de l’Avent C
« La joie évangélique ne referme pas les blessures, elle met ses pas dans les chemins qu’elles ouvrent. Contre toute illusion, elle garde l’empreinte de cet effort infatigable sur la nuit qui gagne. Elle se tient plus près de la paix que de la fête, plus près de la promesse que de l’exaltation, elle est ce sentiment profond d’accomplissement, d’appartenance à un dessein qui nous dépasse.
La joie chrétienne rallume une étincelle divine qui nous fait signe. Elle témoigne de l’homme libre, vainqueur de la mort et d’abord de lui-même. L’Esprit nous appelle à sa joie et c’est bien cela, l’heureuse nouvelle dont nous avons si peu conscience. Notre joie n’a d’autre contenu que la gloire du ressuscité, son éblouissement qui nous comble au-delà de toute mesure.
À l’inverse, la moindre amertume, l’ombre d’une tristesse, trahissent un retour à nos pesanteurs. Le secret de la joie tient à l’oubli de soi dans la lumière qui jaillit de la vie, qui nous arrache à nos humeurs pour nous rendre au monde.
Et la joie nous élève, elle nous grandit en nous élargissant. En elle nous pressentons l’issue de notre condition humaine, comme de la création tout entière.
Elle est la couleur, le frémissement, le rayonnement sensible d’une réalité qui affleure. Joie qui s’ouvre et grandit comme un foyer de lumière aux marches du jour. » (Philippe Mac Leod – Les Essentiels 3215 p. 52)
« La joie est un parfum. Tout ce qui s’exhale et se dilate prend forme d’essence. La paix qu’un être respire se répand comme un arôme. L’amour est sans doute le plus subtil, le plus rare aussi, qui puisse s’épancher. Il naît de l’alchimie secrète du calice, du plus profond de l’âme acxcomplie, cette fine fleur toute défroissée, qui ne parvient à maturité que pour lâcher un souffle d’une légèreté inouie » (Philippe Mac Léod – Essentiels Avril 2011)
Jugement dernier « S’il y a lieu d’accepter l’idée d’un jugement, autrement dit d’un événement où la vie et l’agir de l’homme seront percés à jour, jugés et posés dans leur valeur éternelle d’être, il semble à l’homme qu’il ne puisse y voir là que le fait de parvenir, lui, homme, - ou plus exactement son esprit – devant la lumière aveuglante de Dieu où sa vie devient transparente et sa valeur précisée. Pourtant, dans le discours de Jésus au sujet de ce Jugement, cet événement apparaît sous un jour tout différent. Il n’est pas allusion au « Dieu » en soi, à l’Esprit suprêmement connaissant et juste ; mais il est parlé du Fils de Dieu fait homme, du Christ. Et cet événement, ce n’est pas que l’homme, par le simple fait de sa mort, et l’histoire, par celui de son terme, parviennent devant Dieu, mais c’est le Christ qui « vient », aborde ce monde et l’arrache à son état d’ici-bas. Un événement – suprême remise en question – s’accomplit, posant tout ce qui existe en présence du Christ ; les hommes aussi parviennent devant lui, non leur esprit seul, mais la réalité concrète de leur corps animé, non seulement les individus, mais aussi la totalité de l’histoire. Pour en arriver là, le corps qui fut mort et décomposé, surgit d’entre les morts, obéissant à l’appekl du Christ ». Romano Guardini Laïcité Dossier du n° 202 de Croire Aujourd’hui p. 9 à 20
Liberté : Prier – Septembre 2003 p. 22 (Patrice Gourrier)
- Liberté, amour, obéissance « Il y a un défi à voir la liberté dans l’accomplissement de la volonté d’un autre qui est Dieu. Ceci n’est possible que si la volonté de Dieu va dans le sens de notre bonheur, de notre véritable vocation, que nous résistons à reconnaître. Nous résistons à croire que notre vocation consiste à aimer, à servir, et que nous ne pouvons vraiment nous accomplir comme personne que dans le service de l’autre sans réserve, dans l’oubli de nous-même de plus en plus total. Ce n’est pas un petit paradoxe… La liberté évangélique consiste à aimer et à servir et J-C en est le parfait exemple. Il n’est donc pas contradictoire de faire la volonté de Dieu et de s’épanouir soi-même. » (B. Piteau – Croire n° 150 p. 13) – « Le don de soi-même à un autre est l’acte de liberté le plus haut qui soit et en même temps l’acte qui nous met en situation d’une dépendance totale : « Je suis à toi » (Domergue, Croire 150 p. 18
Liberté religieuse   « Notre déclaration « De libertate » (sur la liberté religieuse), dont j’admets la doctrine, va avoir des conséquences imprévisibles pendant deux ou trois siècles. Je suis convaincu qu’elle aura de bons fruits : elle dissoudra des amoncellements de méfiance à l’égard de l’Église catholique. Mais il ne faut pas nous illusionner : elle apportera pratiquement de l’eau au moulin de l’indifférence religieuse et de cette conviction, aujourd’hui si répandue, que toutes les règles de la moralité sont dans la sincérité et dans l’intention subjective. Cette disposition, nous ne la créerons pas : elle existe. Mais il nous revient, dans le sentiment de notre responsabilité pastorale, de tout faire, quant à nous, pour lutter contre des dispositions fausses ». (Yves Congar – Mon journal du Concile – 05 Mai 1965)  « Depuis le début de ma collaboration à De Libertate, je me dis que si j’étais évêque je me poserais bien des questions à ce sujet. Qui a le sens de la responsabilité pastorale ne doit pas voir sans inquiétude, ni la menace de l’offensive des sectes, ni l’ébranlement de l’absolu des convictions chez les catholiques. Le document doit parer autant qu’il le peut à celui-ci et à celle-là. On peut donc en adoucir quelques formules, mais il faut garder ce n° 1 et le garder en tête. » (Yves Congar – 09.11.65)
Le Mal : renoncer au mal : ‘Chercheurs de Dieu’ n° 149 – Mars 2004-05-08
« C’est la réalité et le scandale du mal qui constituent l’épreuve principale de la foi en Dieu » (Lettre aux catholiques de France)
« La traversée de la nuit » (Henri Laux) p. 20-21
La réponse à l’épreuve du mal ne viendra jamais de l’extérieur comme une explication prête à l’emploi ; elle ne naîtra que d’un retour sur soi-même long et difficile, animé par des convictions, porté par un appel à vivre et travaillé par les décisions qu’il suppose… Si le mal est une épreuve si radicale, cela signifie aussi qu’il me renvoie à ce qui est le plus profond en moi : alors le point où je suis le plus meurtri peut devenir le lieu d’un nouveau départ… Il s’agit, sans volontarisme mais avec assurance, de découvrir ce qui est principe de vie en soi et de le laisser venir, comme une force qui vient en soi de plus loin que soi : force inattendue et bien réelle qui ouvre à ce qui semblait à jamais fermé… Je découvre qu’une action est possible, que des décisions sont à prendre, fragiles et incertaines, à rejouer jour après jour, et que par cette confiance première la nuit sera traversée : et déjà ma vie présente en est éclairée : échappant à l’insensé, elle est victorieuse du mal. En cela consiste l’espérance : d’une vie blessée, attendre la vie redonnée ; et restant en éveil s’aventurer humblement à tracer un nouveau chemin. Alors un jour une existence ébranlée dans ses fondements se découvrira –elle ne sait comment- transfigurée. Ayant traversé la nuit au lieu de s’y arrêter dans une désolation mortifère, elle éprouvera un esprit de résurrection…

Dossier de Croire Aujourd’hui n° 147

« A vrai dire, personne n’a jamais pu répondre de façon satisfaisante au problème du mal. Peut-être sommes-nous ici devant l’arbre du bon et du mauvais dont le fruit nous est inaccessible et interdit. Le Christ n’en donne aucune explications. Certes, en Ro 5.12-19, Paul relie le mal au péché d’Adam, mais dès le verset 14 nous lisons qu’Adam n’est qu’une ‘figure’ de Celui qui devait venir, le Christ. Si nos textes ne nous disent pas d’où viennent nos malheurs, ils nous révèlent qu’ils affectent Dieu en premier lieu et qu’il vient partager avec nous le sort qu’on a cru longtemps aux coupables. Nous apprenons que nous ne sommes pas seuls sur les chemins souvent douloureux que la vie nous impose. « Dieu avec nous » jusque sur nos croix : tel est le message. Cette expression encadre d’ailleurs l’évangile selon Matthieu (1.23 et 28.20). Cependant, Dieu ne se contente pas d’être avec nous dans le pire : il nous rejoint pour nous en faire sortir. Il descend dans nos enfers pour nous ouvrir un pasage vers la vie. Si bien que « Dieu avec nous » s’accomplit dans « nous avec Dieu » (Marcel Domergue – Croire 188 p. 30) Devant le silence de Dieu, l’impatience de l’homme est naturelle et la prière de supplication a dans la Bible ses lettres de noblesse. Les psaumes sont pleins de demandes d’intervention : que Dieu cesse de cacher sa puissance ! Mais, dans l’épreuve, le degré suprême de la foi n’est-il pas de libérer Dieu de son devoir d’ingérence. A l’heure de la passion, Jésus n’exige pas l’intervention du Père. (Croire n° 163/164 p. 21)



Pourquoi donc y a-t-il le mal ?  (d’après Lucien Podeur)

Parce que Dieu ne peut pas faire autrement.
Le monde est un processus complexe.
S’il n’y avait pas de tremblement de terre, la terre serait une boule de boue où la vie ne pourrait naître.
On ne peut avoir un homme qui est une personne avec sa dignité s’il n’était pas vraiment libre.
Pour que l’homme devienne adulte, il faut que Dieu se retire.
C’est parce que Dieu me fait de la place que j’existe
Un être vivant capable de jouir est forcément capable de souffrir.
Dieu a fait le monde le mieux qu’il pouvait le faire…
Quand on crée, on prend le risque…
C’est peut-être pour se faire pardonner le mal qu’il est mort sur la croix ?
Il aurait pu nous créer sans corps : il n’y aurait eu ni souffrance ni mort, mais il n’y aurait eu ni plaisir, ni sensibilité, ni art…
Il nous accompagne jusque dans nos ratés, jusque dans notre mort.
Si nous sommes faits pour aimer, nous sommes blessables, vulnérables.
Si nous venons de l’animalité, nous sommes forcément fragiles : il faut payer le prix
Si nous sommes produits par la société, nous portons en nous les qualités et les défauts de la tribu.
Nous avons les fragilités inhérentes à notre humanité. Nous ne sommes pas des anges… Ni un troupeau….
 
Pourquoi le malheur ? Job n’a pas eu de réponse à sa question : pourquoi tant de malheurs m’arrivent-ils ? Dieu n’en a rien dit. Mais il a reçu bien davantage pour sa vie : il a vu de ses yeux son Dieu. Comme aussi ce larron à qui Jésus affirme : « Tu seras avec moi ». N’est-ce pas là le sens à chercher, à promettre ? Ne pas déserter parce que nous n’aurions pas la réponse au malheur de l’autre, au nôtre ; mais toucher, sentir que la vie que la vie peut s’ouvrir, aimer, croire, respirer. Alors des liens se feront dans le temps avec ce qui est arrivé d’infernal. Mais c’est l’auteur de son existence qui compose ces relations. Ce n’est pas l’événement en lui-même qui a signification. En un temps ou tant de douleurs frappent avec acharnement, la communauté chrétienne peut-elle rendre compte de cette libération ? Le sens n’est pas dans ce qui m’advient. Il est dans la compagnie d’humanité de Dieu lui-même. Une proximité qui, humblement, offre une espérance pour l’aujourd’hui de l’homme fragile que nous sommes. (Véronique Margron – La Croix 26.05.04)



« Le mal est là… Question jamais lointaine sous de multiples formes. L’âme profonde des êtres humains a besoin de vérité. Or le mal va toujours avec le mensonge. S’il n’est plus caché, s’il est reconnu, ce n’est plus le même mal. Quand la lumière se fait sur le mal, il s’arrête. Un des problèmes du mal, c’est qu’il est difficile à reconnaître, à dire. C’est un mystère et une énigme. » (Marie Balmary – Cahier Croire 291 p. 7) La foi adulte ne peut éluder cette confrontation : le mal est, et parfois il est radical. La parole de foi ne peut se dire que lorsqu’on a renoncé à donner une explication au mal. Mais qui suis-je pour dire si le mal est une erreur de Dieu ? Lorsque Dieu a rencontré notre humanité de la façon le plus entière, ce fut un certain vendredi sur le mont Golgotha. La singularité du Christianisme est que Dieu se révèle dans un homme qui a subi le mal radical, l’injustice absolue. La question du mal est au cœur de la théologie de la croix, qui est le pivot de la révélation biblique. Si je peux garder ma foi devant Dieu malgré le mal, c’est parce que la Bible promet qu’un jour il sera vaincu. (Ro 8,22-25)… Nous vivons dans un monde traversé par le mal, mais nous sommes habités par l’espérance d’un Dieu qui, un jour, sera vainqueur du mal. (Isaïe 11,6-9)

                                                                                               (Antoine Nouis, pasteur – Cahier Croire 291 p. 24-27)
 
Mariage L’aventure du couple : croire n° spécial182-183
Les divorcés dans l’Eglise : croire n° 132
La famille conjugale stable demeure un objectif : Xavier Lacroix – Croire 2227 p. 24
   «Le mariage est une Pâque, ce qui veut dire un passage. Dans l’amour, joies et souffrances sont liées. Car il se heurte toujours à la distance qui sépare les êtres, aux limites de l’autre et à nos propres limites. Mais en même temps il nous aide à quitter la prison que constitue notre égo pour nous ouvrir au dynamisme d’une vie plus grande, plus belle, plus vraie. Le mariage est comme une clôture. C’est un lieu où l’on consent à une limite, en acceptant de donner la priorité à une personne singulière… L’union durable entre un homme et une femme n’est pas naturelle. ‘C’est un miracle plus grand encore que le passage de la Mer Rouge’ dit le Talmud. C’est pourquoi la vie spirituelle est d’une importance cruciale. L’unité du couple ne peut naître seulement d’une construction due à la bonne volonté des conjoints, elle est un grâce qui se reçoit. » (Xavier Lacroix)
Mémoire « Faites cela en mémoire de moi » (XL Dufour – Un bibliste cherche Dieu)
La mémoire met en présence d’un Vivant par lequel notre vie est renouvelée dans son orientation profonde et, par là, transformée dans son expression quotidienne. (p. 150)
Désormais le Christ est le centre du « système » chrétien, il est celui dont tous dépendent et de qui tous reçoivent la vie. On pense spontanément que chaque célébration actualise l’acte de Jésus donnant sa vie pour tous les hommes, mais nous savons fort bien que l’inverse seul est vrai. Chaque fois, je me rends présent au sacrifice de Jésus qui, tout en demeurant un acte ponctuel et unique du passé, a une dimension supra temporelle et me permet de me rendre présent à lui à travers l’épaisseur de ce temps… (p. 150)
Quand Dieu se souvient : p. 155 / 156
Le culte pourrait-on dire, se parachève en se niant : pour se transformer en action dans le monde profane, il doit mourir à soi-même. Sinon il tend à s’évaporer en imagination. Or, en dehors de l’homme vivant qui est image de Dieu, tout est idole, même ce qui prend figure dans le culte s’il n’est pas exprimé dans l’amour du prochain auquel doit être vouée l’existence…. Le culte risque toujours de se pervertir lorsqu’il ne s’accomplit pas dans une conduite juste et fraternelle. (p. 159)
La mémoire du Seigneur Jésus est une remontée à la source qui nous fait communier au dynamisme de la personne ressuscitée de Jésus devenu Seigneur. Il est là et nous nous ouvrons à la multitude entière des hommes. Le service requiert de se ressourcer par le culte pour demeurer authentique. Le culte appelle la réalisation concrète du service par la référence constante à celui qui a vécu fidèlement donné à Dieu et aux hommes. (p. 161 / 162)
Miracle « Dieu ne concurrence jamais l’homme, il ne le supplante pas, il ne le disqualifie pas ; mais il concourt sans cesse avec lui à la construction du monde. Plus l’homme est par sa foi ouvert à la présence de Dieu, plus il devient capable de laisser l’action divine passer à travers lui et laisser fleurir ce qu’on appelle miracle. Parler de miracle aujourd’hui, c’est manifester au monde la surabondance de l’amour salutaire de Dieu, c’est rappeler à l’homme qu’il peut, par la foi, triompher de ce qui semble impossible ». (Xavier-Léon Dufour – Un bibliste cherche Dieu – Seuil p. 176) 
Misère   La misère se donne à voir comme l’envers de la vie : une situation où des êtres humains sont enfermés avec le sentiment de ne rien valoir, ni pour eux-mêmes, ni pour les autres. Elle est l’une des réalités humaines où la souffrance est la plus grande car elle touche toutes les dimensions de l’existence. Et pourtant le rejet, qui peut aller jusqu’au déni, que subissent les personnes très pauvres peut nous enseigner des chemins d’humanité. (Maryvonne Caillaux – ATD Quart Monde) Mais comment s’approcher de ceux que ronge la misère, et dont la confiance et l’estime de soi se sont évanouies au fil des jours de malheur, pour les soutenir sur le chemin de l’espérance et de la libération ? Aussi profonde que soit la misère, aucune histoire n’est écrite d’avance. Grâce à mes années de compagnonnage avec ces familles, je puis témoigner que des personnes retrouvent peu à peu le chemin de la liberté et de la participation au monde qui les entoure. J’ai vu fleurir des graines perdues dans les fissures du béton. (id° Christus Octobre 2011)
Mission La mission ne naît pas du besoin des hommes qu’il faudrait sauver, mais d’une nécessité intérieure à Dieu lui-même de rejoindre l’humanité pour se communiquer à elle et lui partager sa vie….(Cf. Ad Gentes n° 2) Toute communauté d’Eglise,où qu’elle soit, manifeste concrètement le mouvement de Dieu vers les hommes. Elle devient le signe visible et l’expression sociale du don que dieu fait le lui-même à cette part de l’humanité. (Jean-Luc Brunin – in La foi d’un peuple n° 143 p.29)
« L’activité missionnaire possède un lien intime avec la nature humaine elle-même et ses aspirations. Car en manifestant le Christ l’Eglise révèle aux hommes par le fait même la vérité authentique de leur condition et de leur vocation intégrale, le Christ étant le principe et le modèle de cette humanité rénovée, pénétrée d’amour fraternel, de sincérité, d’esprit pacifique, à laquelle tout le monde aspire. Le Christ, et l’Eglise qui rend témoignage à son sujet par la prédication évangélique, transcende tout particularisme de race ou de nation et par conséquents ils ne peuvent jamais être considérés, ni lui, ni elle, comme étrangers nulle part, à l’égard de qui que ce soit. Le Christ lui-même est la vérité et la voie que la prédication évangélique découvre à tous, en portant aux oreilles de tous ces paroles du même Christ : ‘Faites pénitence et croyez à l’évangile’ (Mc 1.15) – Vatican II – Activité missionnaire de l’Eglise § 8

« Nous concevons la mission de l’Eglise comme une invitation à aider nos frères et sœurs autrement croyants à être plus encore en accord avec leur conscience. À explorer leurs propres richesses spirituelles pour mieux en vivre et écouter l’appel de Dieu. La générosité de cœur, le sens de l’hospitalité et la sincérité religieuse de bien de nos partenaires musulmans nous interpellent et nous stimulent. C’est pourquoi j’aime parler de sacrement de la rencontre… Nous pouvons être les uns pour les autres les signes de la grâce que Dieu nous fait… La conversion n’est pas réductible à un changement de religion. « (Mgr Henri Tessier, évêque d’Alger, dans Prier n° 285 p. 7/8)
Modernité Tout un ensemble d’attitudes et de comportements basés sur la raison humaine, la science, la démocratie, les droits de l’homme, la méfiance devant toute instance globalisante…
Mondialisation  (Encyclique l’Amour dans la Vérité n° 42)
Mort « La mort n’est naturelle pour aucune génération, elle n’est pas une punition : la mort est une énigme.. Même si c’est notre condition à tous d’être mortels, on ne s’y fait pas ! L’homme n’est pas habitué à la finitude, à sa condition mortelle… On ne peut pas nier cette absurdité de la douleur, de la mort : ce qui est absurde l’est ! Les douleurs n’ont aucune espèce de sens. Ce qui est miraculeux, c’est que l’homme peut donner du sens à la vie qui a de l’absurde ! .. Nos vies biologiques vont de la vie vers la mort. La vie chrétienne elle va de la mort à la vie. La mort est rupture de liens, absence de liens. Tenter d’aller de cette brisure du lien vers de nouveaux liens. Ceux qui sont morts sont dans un lieu de nous-mêmes avec lequel nous entretenons une sorte de conversation : pas un acharnement à la vie, un attachement à l’amour, à l’amitié… Au moment où la mort va brises le lien avec ses ennemis, ses amis, Jésus refait du lien.. avec le larron, ses bourreaux, Jean, Marie. On est dans le bon acharnement à l’affection, à l’amitié, au pardon, à la transgression par le lien. » Véronique Margron – Journée sur le suicide à Nantes le 1° Avril 06
Sur la mort, avez-vous une espérance, une intime conviction ? R/ J’éprouve que le meilleur de nous, quand nous réussissons à le faire vivre, ne sera pas bruni, emporté par la mort. Je ne peux guère dire plus. Ou plutôt si : les nouveaux-nés, je l’ai souvent écrit, sont mes maîtres à penser. Le bébé à plat dans son berceau, avec le ciel étonné de nos yeux qui lui tombent dessus, est la figure même de la résurrection. C’est beau, le front dénudé des nouveaux-nés. C’est la confiance qui remplace le crâne. La confiance est le berceau de la vie. (Christian BOBIN . Grand entretien : Le Monde des religions n° 25 p. 79)0000000
Musulmans et chrétiens en dialogue Dossier du n° 500 de Témoignage ACO – Juin 2005 p. 19-23
Mystère Voir « Chercheurs de Dieu » n° 153 (mars 2005) p. 29 + p. 38
« Notre intelligence est devant les réalités les plus élevées comme la chouette face au soleil : éblouie par l’excès de lumière, elle voit mieux dans la pénombre, d’après Aristote. Ainsi en va-t-il des choses de Dieu. C’est pourquoi on peut dire que si la foi est obscure et inévidente, c’est parce que le mystère de Dieu est caché dans la lumière.
Sacrement et mystère désignent la même réalité : la manifestation du Fils de Dieu qui par amour se fait maître de la mort et révèle par là-même quel est le cœur de Dieu.
Ce Dieu nous surprend toujours. On s’en méfie presque car on craint le piège. C’est peut-être cela qui est le plus mystérieux pour nous. Dieu, révélé totalement par son Fils mort et ressuscité, a complètement inversé nos conceptions anciennes : celle d’un Dieu lointain et hors de l’histoire, qui nous attraperait au détour de nos égarements, un Dieu dont on craindrait de s’approcher et qui demanderait des sacrifices. Avec la révélation chrétienne, l’inversion est radicale : la Maître se fait Serviteur. Il descend de son piédestal pour se faire l’un de nous. Il n’impose pas sa puissance mais propose la force de son amour. Et surtout il n’exige rien en retour et laisse chacun libre de sa réponse.
En fait le mystère n’est pas ce qu’on ne connaît pas ; c’est ce qu’on ne cesse jamais de découvrir. Dieu reste mystérieux pour nous dans le sens où sa réalité est inépuisable… (François Boédec – Croire 221 p. 29)
« D’où un second sens du mot mystère, moins intellectuel sans doute et plus ancré sur la réalité de la foi. Il s’agit de comprendre comment Dieu tient à nous. Tel est le cœur, la vérité du mystère, au-delà de toutes spéculations théologiques : le pourquoi de l’amour de Dieu, la manière dont il se donne, dont il a besoin de nous. Énoncer ainsi la force de la gratuité de Dieu, c’est à dire en d’autres termes qu’il existe pour nous, , c’est lui attribuer une relation à nous qui le conditionne. Il y a une dimension de « folie » dans cet amour, selon l’expressions de Saint Paul, la folie qui se révèle dans le Crucifié. Il serait plus facile, plus satisfaisant pour notre raison, de concevoir un Dieu qui reste un, qui préserve son identité sans se donner à d’autres. Mais l’amour existe-t-il sans un grain de folie ? Là est son mystère. »
Joseph Moingt – Les Trois visiteurs p. 83) le terme ne désigne pas une énigme, voire une absurdité, mais au contraire quelque chose comme une lumière qui est si éclatante que le regard habitué à l’obscurité ne peut y entrer sans éprouver quelque éblouissement. Mais s’il grandit, il voit davantage, il voit enfin ce qui l’entourait et qu’il ne faisait que deviner. Le mystère est en effet la présence de Dieu qui se fait dans les évènements de la vie. Le mystère est l’immensité de Dieu qui se laisse percevoir… (Chercheurs de Dieu n° 145 p 29)
Mystique Ouvertures johanniques sur la mystique – Xl Dufour – Un bibliste cherche Dieu (Seuil) 293/300 - Mystique de la JOC – Les Essentiels n° 3009 - 2 Mai 03
Narcissisme Un jour qu’il s’abreuve à une source, Narcisse voit son reflet dans l’eau et en tombe amoureux. Il finit par mourir noyé après avoir voulu toucher sa propre image. Dans cette histoire, le jeune hommene veut connaître que lui-même, mais il ne rencontre finalement qu’une apparence. Or la véritable introspection invite à mettre en œuvre des projets en se confrontant à d’autres que soi-même. (Louis Lavelle)
Nature « Je m’étais engagé au cœur de la forêt à la recherche de fraîcheur. Maintenant, je lisais, silencieux et immobile. Autour de moi la nature, un moment silencieuse, reprenait sa vie secrète comme si j’étais moi-même un arbre ou une feuille. Un écureuit bondissait à un mètre de moi sans prendre garde à ma présence. Je me sentais en harmonie. Le monde n’était donc pas ce chaos auquel il fallait imposer un sens comme je l’avais pensé jusque-là. Au contraire, son ordre répondait à la soif d’harmonie que je portais en moi. Et cette correspondance mystérieuse était source d’une immense joie ».(Martin Steffens – Les Essentiels 27.05.10
Obéissance                 Souvent le terme d’obéissance nous met mal à l’aise. Il y a quelque chose de cinglant, de frustrant, comme s’il violait notre liberté, notre désir profond. Comme s’il fallait que ce soit un autre qui commende dans notre vie, au lieu de nous laisser la gérer nous-mêmes.
L’origine du mot est tout autre : ob-audire signifie tendre l’oreille. Etre inviter à obéir, c’est être invité à écouter. « Ecoute, Israël le Seigneur ton Dieu » (Dt 6.4). Et Paul parlera de « l’obéissance de la foi » (Ro1.5)
L’obéissance, en tant qu’écoute de la Parole de Dieu, est inconditionnelle. Elle ne sait pas d’avance. Elle rend disponible. On y boit comme à une source, avant même de découvrir comment elle irriguera toute notre vie. Le disciple est avant tout à l’écoute… Si elle est bien comprise et bien vécue, l’obéissance peut désigner l’orientation de toute une vie, dans la foi et en pleine humanité. Comme Jésus « qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix » (Phil 2.8-9)
Obéir, c’est consentir à Dieu, à la vie telle qu’elle est, chaque matin : « Que ta volonté soit faite » !
                                                                                                                             (Régine du Charlat – Croire 271 p.35)
Paix ‘Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur. Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage…Si l’on se désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu-homme qui fait toute choses nouvelle, alors lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible’ (Patriarche Athénagoras)
« J’ai besoin de ta paix » Prier 258 p 15
« Charte pour la paix » (Textes choisis)
‘Comment ne pas être touchés de voir resurgir – ressusciter – le désir de paix, cette aspiration profonde de l’homme à ne pas laisser le dernier mot à la folie destructrice, quand tout semble dans l’impasse ? Point de naïveté là-dedans. La simple certitude de foi pascale que la violence et la mort ne peuvent avoir le dernier mot, et que le mouvement vers la vie et la paix est la marque divine dans notre humanité.’ (F Boédec – Croire 189 p. 3)
Pâque « Tout le mystère du Christ est un mystère de résurrection, mais aussi un mystère de mort. L’un ne va point sans l’autre et un même mot les exprime : la Pâque. Pâque, c’est passage, alchimie de tout l’être, séparation totale d’avec soi, à laquelle nul ne peut se flatter d’échapper. Négation de toutes les valeurs naturelles en leur état naturel, renoncement à cela même pour quoi l’individu d’était dépassé. Si authentique et si pure que soit le vision d’unité qui inspire et oriente l’activité de l’homme, elle doit donc, pour devenir réalité, d’abord s’éteindre. La grande ombre de la croix doit la recouvrir. L’humanité ne se rassemblera qu’en renonçant à se prendre elle-même pour fin ». (Henri de Lubac – Catholicisme)
« Qui nous roulera la pierre ? C’est la question des femmes au petit matin de Pâques,   gémissement de l'impuissance au cœur de l’absence. Vous voulez retentir à la merveille de Pâques ? Acceptez de passer par où elles sont passées. Acceptez de retentir au scandale du mourir. Laissez retentir en vous les rumeurs de déroute… Laissez la vie tailler, polir, caresser aussi la pierre de vos cœurs. Laissez les larmes creuser leurs sillons. Passer sur l’autre rive expose toujours à la tempête ! Dans la déroute, petite ou grande, s’ouvre une brèche, un espace pour l’espérance, seule capable de nous ouvrir enfin la route. » (Paul Baudiquey) Parabole « Elle nous poursuit, Seigneur, l’interpellation qui ouvre tes paraboles : «le Royaume des cieux est semblable à.. » Semblable à un paysan qui sème, une femme qui fait un gâteau, une partie de pêche, un trésor enfoui… Un riche qui pleure en voyant le pauvre Lazare accueilli sans lui au festin d’Abraham. Le Royaume des cieux, caché quelque part dans la vie qui coule, avec ses saveurs de terroir et ses couleurs du quotidien. Avec ses labeurs et ses fêtes, ses chagrins et ses espoirs ! Semblable à, et pourtant… mystérieux, déroutant, surprenant. Tour à tour nous échappant, puis nous retrouvant, ruisseau mystérieux qui court au soleil puis disparaît sous terre. « Que vous en semble ? » ajoutais-tu. Il nous faut, Seigneur, le souffle de ton Esprit pour nous ouvrir le secret de tes paraboles. Fasse que ce mystère de ton Royaume, cheminant en nous, donne saveur à nos vies. Amen ! » Michel Wagner – Prières qui n’en ont pas l’air p. 44  
Paradis         « Le mot « paradis » vient d’un terme persan qui désigne un jardin enclos. Adam et Eve ont été les premiers jardiniers. C’est un endroit où l’on se sent en paix et où l’on trouve la joie. Jérémie a d’ailleurs écrit : « leur vie sera comme un jardin abreuvé. Ils ne dépériront plus. Alors les jeunes filles se réjouiront dans la danse. Jeunes gens et vieillards se réjouiront ensemble ; je changerai leur deuil en gaieté et je les consolerai ; je les réjouirai après leurs tourments… » 31.12-13) Le paradis, c’est la victoire définitive de l’amour sur la haine et de la vie sur la mort. Nous prendrons part à la résurrection du Christ et toutes nos divisions seront annulées dans le Christ. À chaque petite victoire sur la haine, nous avons donc un avant-goût du paradis dans nos vies terrestres. » (Timothy Radcliffe)  
 Pardonner

« Pourquoi pardonner ? Parce que ce froid me détruit moi ; parce que le cœur recroquevillé empêche ma vie de se déployer dans toutes ses possibilités ; parce que c’est la seule façon d’être libre, de grandir, de prendre mon envol… Pour vivre, tout simplement. Bien sûr, il y a de ces blocs de glace trop lourds, que je ne peux pas approcher aujourd’hui. Je ne puis que les porter à la lumière. Mais il me semble que ce mouvement déjà est une promesse. Sans effort, les stalactites du toit fondent à la lumière du soleil ; de même, sans que je m’en aperçoive peut-être, l’acceptation de mon impuissance à pardonner est déjà l’ébauche du pardon, l’appel de la vie, l’arrivée du printemps. » (Joshin Luce Bachoux – Les Essentiels 07.03.13)

« Il n’est pas de liberté sans pardon reçu ou donné, célébré sacramentellement, balbutié ou au moins espéré. L’offense subie ou causée, l’offense faite à soi-même aussi, est l’autre grand obstacle à notre liberté intérieure. Si les conditions d’une réconciliation ne sont pas réunies, le pardon, au moins envisagé comme possible, permet de retrouver le chemin de notre liberté imprenable. À défaut d’en avoir la force, placez au moins cette impuissance sous le regard du Seigneur et remettez-vous en à Lui. Il saura trouver le chemin du pardon car rien n’ est impossible à Dieu » (Jean-Paul Vesco, ordonné évêque d’Oran aujourd’hui même, dans les Essentiels de La Vie 25.03.13)
 
Parole Personne ne peut accaparer le droit de parler au nom de Dieu, ni l’Islam, ni le Christianisme : Les essentiels 12.09.02 sous le titre Idolâtrie, pp. 3-4-5 Ta parole est la lumière de mes pas ! Tes paroles, Seigneur, sont l’Esprit et la vie ! Ta parole, Seigneur, est vérité et ta loi délivrance ! Seigneur Jésus, tu as les paroles de la vie éternelle ! En observant ta parole, je garde pur mon chemin ! Heureux celui qui écoute la parole et qui la garde ! Rends-nous familiers de ta parole pour qu’elle nous habite ! Mes brebis me connaissent, elles écoutent ma voix ! « Une voix se fit entendre » : homélie du 2° dimanche de Carême C
Pardon Dossier « Est-ce une folie de pardonner ? » Croire n° 187 pp 11 à 22 (voir le ‘Rebond’ de Muriel du Souich dans le dossier « Méditations »)
« On se sent mieux quand on pardonne » Lors de la dernière audience (du procès d’Outreau) notre principale accusatrice s’est tournée vers moi pour me demander pardon. Je lui ai répondu : ‘Je ne t’en veux pas’. Beaucoup me disent qu’à ma place ils en voudraient à la terre entière. Mais je sais que la haine fait plus de mal à celui qui la porte qu’à celui à qui elle est destinée. Ma vie a toujours été guidée par cette phrase : « Pardonne à ceux qui t’ont offensé ». On se sent tellement mieux quand on y arrive…
(Roselyne Godard citée dans Croire n° 217/218 p. 34)
« Le pardon : l’une des notions les plus fortes de la pensée biblique. Le plus grand péché serait de ne pas y croire, d’estimer que l’amour de Dieu serait plus faible que la liberté humaine, et que le bien n’aurait pas le dernier mot. Si la faute et le péché sont inévitables, et même utiles et nécessaires, il existe un plus grand mal dont il faut se garder au maximum. Appelons-le la désespérance ». (Michel Quesnel – Sagesse chrétienne p. 143)

« Pourquoi pardonner ? Parce que ce froid me détruit moi ; parce que le cœur recroquevillé empêche ma vie de se déployer dans toutes ses possibilités ; parce que c’est la seule façon d’être libre, de grandir, de prendre mon envol… Pour vivre, tout simplement. Bien sûr, il y a de ces blocs de glace trop lourds, que je ne peux pas approcher aujourd’hui. Je ne puis que les porter à la lumière. Mais il me semble que ce mouvement déjà est une promesse. Sans effort, les stalactites du toit fondent à la lumière du soleil ; de même, sans que je m’en aperçoive peut-être, l’acceptation de mon impuissance à pardonner est déjà l’ébauche du pardon, l’appel de la vie, l’arrivée du printemps. » (Joshin Luce Bachoux – Les Essentiels 07.03.13)


« Il n’est pas de liberté sans pardon reçu ou donné, célébré sacramentellement, balbutié ou au moins espéré. L’offense subie ou causée, l’offense faite à soi-même aussi, est l’autre grand obstacle à notre liberté intérieure. Si les conditions d’une réconciliation ne sont pas réunies, le pardon, au moins envisagé comme possible, permet de retrouver le chemin de notre liberté imprenable. À défaut d’en avoir la force, placez au moins cette impuissance sous le regard du Seigneur et remettez-vous en à Lui. Il saura trouver le chemin du pardon car rien n’ est impossible à Dieu » (Jean-Paul Vesco, ordonné évêque d’Oran aujourd’hui même, dans les Essentiels de La Vie 25.03.13)

Parrain « Peut-on choisir un parrain non conforme ? » in Croire n° 205 p. 30/33
Partage le mot n’est pas dans le vocabulaire du NT. Il est probable que Jésus ne l’a jamais prononcé. Mais il l’a vécu. « Il a partagé notre condition humaine en toute chose, excepté le péché » Et ce mot est devenu, pour les enfants, les jeunes, pour le CCFD, pour tous les chrétiens généreux, emblématique de l’attitude concrète à vivre avec les amis, les frères et plus encore avec tous ceux qui sont dans le besoin. « L’argent, plus on le partage, plus il diminue, l’amour, plus on le partage, plus il grandit » « Partager, c’est notre avenir ! » : c’est le slogan du CCFD en cette année 2008
Pauvres « La Parole des Pauvres » : Cahier de l’atelier 518


o       « Le mot pauvre recouvre plusieurs réalités. Une étude sur les différents qui évoquent cette notion dans le 1er testament, permet de dégager 3 grandes catégories : les indigents qui manquent du nécessaire, les opprimés qui sont victimes de l’injustice, et les humbles, ou les pauvres du Seigneur, qui sont ceux qui ont conscience de leur misère devant Dieu… Ces 3 catégories peuvent se ramener à deux 1- les indigents et les opprimés dont la pauvreté est matérielle, d’un côté.. 2- et les humbles de cœur, dont la démarche relève plus d’un appauvrissement intérieur. La misère est condamnée car elle écrase l’humain et le déduit à n’être qu’un pauvre. C’est au nom de ce principe que dans la 1ère Église ‘il n’y avait parmi eux aucun indigent’ (Actes 4,34). S’il ne doit pas y avoir d’indigent dans l’Église, elle est composée de pauvres de cœur, ceux qui savent que devant Dieu ils ne sont que des mendiants de la grâce ». (Pasteur Antoine Nouis – Croire 290 p. 12-16)
 
Péché originel Dossier intéressant in « Parvis » n° 26 – Juin 2005 p. 15 à 27
· c‘est quoi le péché ? ( Croire n° 201 p. 26 / 28)
· Comment croire à,cette histoire de Péché originel ? (p. 29): Croire n° 206 p. 29
« L’homme de la Bible sait aussi la force de la tentation. Caïn expérimente la vérité de la parole du Seigneur : « Le péché, tapi à ta porte, te désire ». Et il découvre qu’il ne peut le dominer. Gen 4.7 Quant au chrétien, il se reconnaît dans l’auto portrait de Paul qui, assujetti à la loi du péché, ne se comprend pas lui-même. « Le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais » (Ro 7.15/17)
« Le péché d’orgueil, d’exaltation de soi, n’est-il pas connaturel à la création ? Tout péché est l’œuvre de l’homme qui échoue à déployer sa liberté selon les exigences de l’amour. » (X-L Dufour – Un bibliste cherche Dieu p. 354)
À propos de limbes accueillant les âmes des enfants morts sans baptême : « Curieuse théorisation ! La faute à Augustin ! Ou plutôt, au départ, à une erreur de traduction de la Vulgate. En rendant mal l’épitre aux Romains, (5.12) Jérôme fait de nous les héritiers non pas de la mortalité d’Adam, mais de son péché. Ignorant le grec, isolé de la tradition, marqué par sa conversion, tourmenté par la chair, Augustin s’engouffre dans le contresens, le dogmatise : l’homme naît coupable, impuissant, maléfique et mérite l’enfer dès sa naissance. Coupé de l’Orient en raison des invasions barbares, tout l’Occident va suivre. Mais non sans difficulté. Les mères, anéanties d’une culpabilité aggravée, puisqu’ontologique, confondant la grâce baptismale avec un rite de purification, recourront à mille subterfuges… Les théologiens de leur côté seront à la peine. Il faudra Thomas d’Aquin, son optimisme puisé chez les pères grecs, pour corriger le pessimisme d’Augustin : privées de la béatitude, les âmes enfantines n’en souffrent pas car elles ignorent cette privation. Mais même un tel talent ne saurait suffire à la vérité. Laquelle ? Que, selon Grégoire de Nazianze, les enfants morts sans baptême sont des angelots qui rient dans la lumière de Dieu. Il faut donc saluer la révision utile et courageuse de Benoît XVI. Mais sans oublier pour autant que les limbes ne faisaient que manifester l’ambiguïté plus fondamentale de la conception latine de la sexualité. Encore un effort, Sainteté ! »
Jean-François Colosimo dans Le Monde des religions n° 24 p. 20

‘Le péché originel, quelles que soient les discussions qu’on peut faire sur son origine et les définitions qu’on peut en donner, c’est un péché universel mais qui entraîne à un mauvais universel, au règne de l’individualisme et du particularisme… c’est tout ce qui referme l’homme sur lui-même, le replonge dans son passé, le rabat sur une jouissance immédiate, lui donne de se contenter de son petit bonheur quotidien. C’est une force d’inertie qui l’empêche de grandir et d’évoluer, de s’ouvrir à l’appel des autres ; c’est aussi l’envie, la jalousie du bonheur de l’autre, le mauvais désir de lui enlever son bien. Ce désir peut lui donner la force mauvaise de combattre l’autre, de le voler, de le réduire en servitude. Et cette force peut s’emparer de tout un clan, de tout un pays, , de toute une société, lui donner le vertige de dominer d’autres peuples, voire le monde entier, l’ivresse de verser le sang de ses semblables. On parle d’un péché originel parce qu’on le trouve partout à l’œuvre, partout rampant et renaissant, dans le plus lointain passé des peuples comme au début de toute vie individuelle… Dans le dogme catholique, le péché originel est ce qui empêche l’humanité, créée à l’image du Dieu unique, de parvenir à l’unité ; et l’individu destiné à devenir fils de Dieu, de revêtir sa pleine dignité de personne humaine. Le ‘Monde présent’ auquel il ne faut pas nous conformer, selon St Paul, c’est ce mal qui nous ronge du dedans depuis notre naissance – pas un mal inguérissable, une malédiction, une fatalité qui nous poursuit – et nous pénètre aussi bien du dehors, de partout, en vertu des liens de solidarité qui nous lient aux hommes de tous les temps et de tous les lieux’. (J. Moingt – Croire quand même p. 131-133)
- Péché Saint Bernard dit qu’il y a deux façons de pécher : une mauvaise et une bonne. La première consiste à tomber dans le désespoir et à se casser le nez. L’autre est une chute dans les mains de la Miséricorde. Ce pécheur est un pécheur heureux qui peut même rendre grâce de ce péché qui aura été pour lui une occasion de découvrir la Miséricorde. Mais bien tomber suppose l’humilité. « Je préfère un échec supporté humblement à une victoire obtenue avec orgueil », écrit encore St Bernard (André Louf – Les Essentiels 3313 p. 47) Les paroles du serpent en Genèse 3 veulent signifier qu’il y a dans l’homme un soupçon à propos de Dieu : ne serait-il pas avarice plutôt que générosité ? Veut-il vraiment notre vie ? Confronté au spectacle de la mort, l’homme choisit de croire à la mort. Et en meurt. Cette défiance destructrice peut être dite originelle. D’une part parce qu’elle porte sur celui qui est notre origine, d’autre part parce qu’elle surgit en même temps que nous : elle affecte la manière dont nous accueillons l’être, la vie. Un peu comme si, devant l’énormité du don qui nous est fait, nous répondions par : ‘C’est trop beau pour être vrai, il doit y avoir un piège quelque part’. Peur de la vie, peur de Dieu. Il s’agit en effet de dépasser une réalité qui semble une évidence, celle de notre mort. (Croire 163/164 p. 23)
Pèlerinage « Il y a chaque jour la 3° heure. Passée la joyeuse allégresse du matin, le mollet fringant s’amollit subitement. Il suffit d’un raidillon sous la pluie, ou sous le cagnard qui monte en puissance, pour que le corps se rebelle. Qu’il crie ou qu’il susurre, l’antienne reste la même de jour en jour : ‘Qu’est-ce que je fais là ?’ Au mieux de nulle part, sans but ? Cette question-là devient vite aussi lancinante qu’une tendinite. Pourquoi cheminer ? Notre monde façonné par l’efficacité, la productivité, s’accommode mal de l’apparente gratuité du chemin. Au fil des pas, on s’aperçoit lentement mais sûrement qu’on touche là la question de toute vie : quel est mon chemin ? D’où vient-il ? Où va-t-il ? … Il faut garder la tête froide lorsqu’on aborde ce fameux Essentiel : l’interlocuteur peut être fou de Dieu, adorateur de Marie, passionné « d’énergies vitales », voire adepte d’un culte mystico-gazeux comme il en prolifère tant… De quoi se colleter vigoureusement à sa propre foi, à ses balbutiements, à ses archaïsmes, à ses envolées… Heureusement, le chemin est aussi fait de silences… Et puis un jour, il faut bien renouer avec l’ordinaire des jours, le boulot, le dodo, le métro. C’est à ce moment qu’on prend vraiment la mesure du chemin, vie en miniature, miroir tendu à l’homme en marche mais aussi lumière proposée en route, et pas n’importe laquelle. Sur le Chemin, il faut bien faire un choix. La marche étant une chute perpétuelle, je dois bien décider de mon avancée. Au nom de quoi, de Qui ? Cela, nul n’en peut décider à ma place. Mais le marcheur de Galilée, je l’ai croisé »… (Frédéric Mounier – Croire 246 p. 17-18 – Voir l’ensemble de ce dossier)
Pénitence « Il est vrai qu’il devient nécessaire de se purger de ses fautes passées et surtout de ses mauvaises habitudes… Il faut remettre les choses en place pour retrouver une cohérence, une harmonie, faire l’unité de sa vie, trouver la paix. La pénitence succède à la conversion ; c’est l’autre côté de la médaille. Certes, changer de vie est parfois difficile, mais une conversion, c’est à dire un retournement vers Dieu, est toujours source de joie. » (Croire 224 p. 29)
« Aujourd’hui, oui, aujourd’hui, Seigneur, j’inscris sur mon calendrier que ma vie nouvelle a commencé ! » (Michel Wagner – Prières qui n’en ont pas l’air p. 40)
Père « Donner à Dieu le nom de Père, c’est proclamer du même coup la rémission des péchés, la justification, la sanctification, la rédemption, l’adoption comme fils et le droit à la vie éternelle. C’est aussi rappeler notre fraternité avec le Fils unique et la communion dans l’Esprit. Nul en effet ne peut donner à Dieu ce nom de Père sans participation à tous ses biens » (Jean Chrysostome)
Peur Il faut parfois longtemps pour appeler la peur par son nom. On nous a trop dit qu’il n’y avait pas lieu d’avoir peur. Du coup, quand nous en sommes la proie sans pouvoir la nommer, c’est nous qui ne savons plus où nous mettre comme ces premiers humains dont la Genèse nous raconte l’histoire. Le sentiment de peur est tellement constitutif de l’exister humain que c’est la première émotion à apparaître dans la bible. « Ta voix, je l’ai entendue dans le jardin. J’ai eu peur car je suis nu et je me suis caché ». (Lytta Basset – Moi, je ne juge personne p. 126) L’aventure du jardin d’Eden raconte notre condition humaine : nous sommes fondamentalement démunis, à nu devant autrui vivant. Si la peur liée à cette nudité est en définitive la peur d’être à nouveau blessé, si par ailleurs la fuite dans l’esprit de jugement conduit à une impasse, on comprend que les premiers humains redoutent le face à face avec Dieu. (LB p. 130) L’expérience de l’épouvante…, de la grande peur… jette une lumière crue sur une réalité que notre adhésion affairée au monde nous permet d’ordinaire d’ignorer : l’Etre est d’abord un sable mouvant dans l’expérience humaine. Peut-être avions-nous cru que l’Etre était solide, que cela allait de soi de pouvoir compter sur lui, au point que nous n’y avions jamais pensé. Mais lorsque la déchirure apparaît et que nous ne savons plus à quoi nous raccrocher, nous comprenions bien pourquoi nous ne voulons rien savoir de la fragilité de l’être. L’expérience est redoutable, mais on peut la prendre pour une occasion unique de commencer à bâtir sur du solide, peut-être pour la première fois de sa vie. (Lytta Basset- Moi je ne juge personne p. 139)

A quoi se raccrocher dans cette « grande vidange de tout », ou, en termes plus bibliques, sur quel roc bâtir sa maison ? … Plus Jésus se laisse envahir par ce moi lumineux (« Moi je suis la lumière du monde » Jean 8.12) qui se tient au-delà de toute peur et de tout esprit de jugement, plus il y découvrait le monde, c’est à dire tous les humains en quête de la lumière de leur vie, et plus il proposait aux êtres concrets qu’il rencontrait de s’approprier cette lumière – Vie qui leur était destinée. Voir Philipiens 2.7 : Le Moi le plus conscient de la lumière – Vie qui l’habite est celui qui accepte et désire en être dépossédé au profit des autres, d’une multitude d’autres humains… (141-142) Devenir tout à fait semblable aux autres, c’était pour l’homme Jésus ne rien garder pour lui-même, c’était donner aux autres le secret de sa joie, c’était offrir tout ce qu’il avait reçu, le partager indéfiniment parce qu’il en savait la source intarissable… Tout ce à quoi il avait accès était accessible à toute personne : Tout ce que j’ai entendu, je vous l’ai fait connaître…
Plaisir Cécile Sales décrit le surgissement du plaisir avec une grande justesse : il est gratuit, s’impose à l’improviste et peut nous fuir quand on le cherche. Il s’empare de nous et nous ne le maîtrisons pas. Il irradie le cvorps, fait appel à nos sens, à notre sensibilité, à notre vie psychique sans être nécessairement lié à un agir. Il est éphémère et ne s’installe pas dans la durée, à la différence du bonheur et cette fugacité-même incite à le retrouver, à le renouveler. Mais il est inconstant et se nourrit de nouveautés. Il ignore l’espace et le temps : je peux me remémorer des plaisirs enfuis et les revivre. Mais jamais le souvenir n’en restituera le goût véritable – Croire Aujourd’hui n° 247 – Dossier « Ne boudons pas notre plaisir » p. 12 -Voir l’ensemble du Dossier p. 10 à 23)
Politique Théologie de l’espérance et théologie politique – J-Louis Souletie Redéfinir le « Principe espérance » - J-Claude Guillebaud Espérance et Démocratie – Guy Coq L’espérance (politique) chrétienne – Christian Duquoc  
Pouvoir Croire Aujourd’hui n° 216 p. 30/32  
Prédestination Voir Croire aujourd’hui n° 257 p. 35
Prière : n° spécial de Prier n° 251 – 4 Clés pour la vie spirituelle : s’éveiller, demeurer, respirer, faire silence (p. 32-33) – La prière chrétienne vue par un musulman (p. 34)
À quoi sert la prière si Dieu sait tout ?
Conseils pour prier… Croire Aujourd’hui n° 196 p. 26-29
La prière : « suspendu à Dieu » : Xavier-Léon Dufour, Un bibliste cherche Dieu p. 316-320
« Je m’offre et Dieu agit » (Michel Quesnel)
Se lancer dans la prière (Croire 217/218 p. 36 et 37
- Avec ma vie
- Avec la Bible…
- Avec mon corps et mes cinq sens…
- Avec d’autres…
Prière de demande : Les chrétiens ne prient pas Dieu pour être sauvés, mais ils prient Dieu parce qu’ils sont sauvés ! La prière chrétienne de demande n’est jamais une revendication ou un troc, mais l’attitude filiale de ceux qui savent qu’ils reçoivent tout de Dieu et qui, voyant ce qui manque encore à l’avènement de son règne, se confient en sa grâce pour que le Royaume promis soit une réalité pour tous les hommes.
(Sœur Bénédicte Riondet – Chercheurs de Dieu n° 162 p. 30)
Progrès Nos descendants auront-ils une vie meilleure que la nôtre ? Nous en sommes de moins en moins sûrs. Et pourtant les progrès scientifiques et techniques vont s’accélérant… Pourquoi notre regard sur le progrès a-t-il ainsi changé ? Face aux nouveautés technologiques ou biologiques, face aux nouvelles libertés et responsabilités de l’homme, mais aussi face à l’impact de ces « progrès » sur la dégradation de l’environnement, nous avons le droit d’être saisis de vertige : tout cela fera-t-il le bonheur de l’homme ? Ou bien notre époque est-elle source de tous les dangers ? (Dossier de Croire n° 248 p 10 à 22)
Providence « La providence n’est jamais allée de soi et n’ira jamais de soi. Elle exige la foi la plus puissante, la plus paradoxale, la plus risquée. Elle n’est pas la vague promesse qu’avec l’aide de Dieu tout finira par s’arranger… Elle affirme que dans chaque situation il y a une possibilité de création et de salut que rien ne peut détruire… » (Paul Tillich – Les Essentiels 3028 p. II). Le christianisme naît et vit de la rencontre, du dialogue, de l’affrontement entre l’Evangile et les situations humaines. (p. III) Dieu n’est pas une assurance tout risque contre le malheur, il est la source du courage qui dit quand même OUI à la vie… (p. V)
Purgatoire Avec la mort, le choix de vie fait par l’homme devient définitif… Chez la plupart des hommes demeure présente au fond de leur être une ultime ouverture intérieure pour la vérité, pour l’amour, pour Dieu… Toutes les choses sales qu’ils ont accumulées durant leur vie deviendront-elles peut-être d’un coup insignifiantes ?.. Certains théologiens sont d’avis que le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-même, juge et sauveur.. C’est la rencontre avec lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide, et s’écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre où l’impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation certainement douloureuse, « comme par le feu ».. Son amour nous pénètre comme une flamme, nous permettant à la fin d’être totalement nous-mêmes et avec cela totalement de Dieu. Ainsi se rend évidente aussi la compénétration de la justice et de la grâce : notre façon de vivre n’est pas insignifiante, mais notre saleté ne nous tache pas éternellement, si du moins nous sommes demeurés tendus vers le Christ, vers la vérité et vers l’amour… Le moment transformant de cette rencontre échappe au chronométrage terrestre : c’est le temps du cœur, le temps du « passage » à la communion avec Dieu dans le Corps du Christ. » (Encyclique Spe salvi Benoît XVI n° 45/47)

Racines Chrétiennes Au plan européen, la manière dont a été traitée la question des « racines chrétiennes » de l’Europe est profondément scandaleuse… Serait-il illégitime que l’Europe reconnaisse qu’elle a des racines multiples qu’on pourrait désigner dans leur richesse ? Les racines gréco-latines, les racines juives, avec la Bible, le christianisme, le rationalisme scientifique, les Lumières, etc… Ne pourrait-on pas montrer que c’est précisément la multiplicité de ces héritages et de ces racines, qui a fait la richesse, l’originalité de l’Europe ? (Guy Coq – Journée d’étude ACO mars 2010)
Réconciliation Jésus insiste sur la manière de pardonner à ceux qui nous ont offensés. La résolution de pardonner ne suffit pas ; elle doit avoir déjà été prise et se traduire dans le comportement. Cette attitude devient évangélisatrice et porteuse de Bonne Nouvelle. Par là, le Christ attire l’attention sur un aspect important de la conduite humaine. Dans les relations entre les hommes, les heurts sont fréquents et les conflits ne cessent de surgir. Inévitablement certains sont blessés et offensés. Il s’agit pour eux de réagir par une attitude foncière de pardon de telle sorte que les litiges s’apaisent. Lorsque surviennent des dissensions, seul un esprit de réconciliation peut apporter une solution ; sinon, les risques de querelle indéfinie, avec rancune et vengeance qui cherchent à s’assouvir ne cessent de se multiplier. La vie sociale, avec la fraternité qui devrait la caractériser ne peut se développer harmonieusement que si un authentique esprit de pardon s’y manifeste. Les discussions sur les torts réciproques dans les situations conflictuelles ne font qu’aggraver l’hostilité. Seul le pardon qui renonce à toute revendication au nom des torts subis peut rétablir de bonnes relations. Nous sommes toujours avec nos fautes et nos limites. C’est pourquoi la communion ne peut être réelle que sur la base de la réconciliation et du pardon. (M.C. Missel Dimanche 05 p. 208)
« Nous ne sommes pas des oies passives, attendant d’être gavées d’amour par Dieu. À Lourdes, Bernadette va au fond de la grotte pour dégager la source obstruée. De même Dieu attend notre participation libre et volontaire pour enlever les obstacles. C’est difficile, mais nous devons admettre qu’il y a de la boue dans nos vies et que la source est derrière, prête à jaillir. Pensons aux pierres qui sont en nous, mais aussi autour : un pardon à donner à un parent, une réconciliation avec un enfant. » (José Van Oost – Les Essentiels 18.08.11)
Rédemption Ce qui rachète et libère, ce n’est pas la souffrance du Christ en elle-même, c’est qu’au cœur d’une intense souffrance physique, morale, d’une tristesse insondable, de l’abandon, la trahison, l’échec, il demeure un homme pleinement vivant, espérant, aimant, toujours relié au Père, alors qu’il traverse un désert intérieur. Jésus-Christ a traversé le mal jusqu’au bout, jusque dans sa chair. Au mal, il a répondu par le bien, à la haine par l’amour des ennemis, à la rancune par le pardon, à la trahison par la fidélité au Père. Avec Jésus qui meurt en totale liberté intérieure, la Lumière luit dans les ténèbres et l’œuvre de Dieu s’accomplit au cœur même de l’épaisseur de notre humanité, de notre chair. Le Samedi saint est le jour de la « descente aux enfers ». Des icônes représentent le Christ tirant Adam et Eve, avec force et peine, du séjour des morts.
o Rédemption : Article de Jacques Nieuviarts dans Croire n° 273 p. 35 
Relecture     Pour entreprendre cette marche, je suis invité à « raconter » mon propre chemin de vie et de foi. La relecture, c’est l’art du récit, et donc d’une construction de sens, d’une recherche de cohérence. C’est aussi le récit de ce que les rencontres et les évènements me révèlent de plus surprenant et de plus inattendu. C’est encore l’art d’apprendre à mettre des mots sur les émotions les plus fortes. Au fil du temps et des évènements, des doutes et des questions, au fil des récits, se tisse la toile de mon existence, voire de mon existence avec le Christ, si les circonstances m’ont donné l’occasion de lui faire place ! La chaîne de son souvenir vient alors croiser la trame de mon existence pour tisser cette toile. Ainsi la personne apprend-elle à habiter sa propre vie et à assumer les ruptures et les conversions qui s’y présentent. Habiter sa vie, c’est l’acte de la soustraire aux aliénations qui la menacent. (Maurice Leroy – Nouveaux chemins d’évangile p. 42)
« Vivre le relecture, c’est prendre le temps de se poser, de s’impliquer en disant ‘Je’ , regarder le chemin parcouru, comment ce que nous avons vécu nous bouscule, nous relance vers les autres. Par la relecture, nous accueillons ce qui est dit et nous lui donnons du prix, c’est un cadeau, et, comme tout cadeau, il est à partager aux autres... Sans cesse nous cherchons ce qui nous fait tenir malgré les difficultés, ce qui nous pousse à agir. Dans un monde en quête de sens, su sens de l’existence, la relecture a toute sa pertinence. Notre quête est aussi celle de l’Amour, l’amour des autres et l’amour de l’Autre. Elle permet de contempler nos chemins de libération. ‘Faire relecture, c’est percer l’écorce pour trouver le fruit, car c’est là que se trouve la sève, et quand on trouve la sève, il y a l’espérance’ comme l’exprime poétiquement Pierre Niobey » (Jocelyne Lecerf – Repères ACO Juin 2011)
Religion Une croyance intime, même forte, a besoin de se nourrir dans le partage, dans une certaine socialisation qui lui donne plus de force et d’ampleur. Faute de quoi elle risque de s’étioler ou du moins de devenir muette et progressivement inaudible pour le croyant lui-même… La parole partagée est nécessaire pour faire advenir ce qui est en nous…. Une religion c’est justement cette articulation d’une foi, d’une parole, de gestes et de rites qui permettent un art de vivre cohérent avec ce qu’on croit.. On ressent aujourd’hui souvent la religion comme un frein à la liberté, comme un autoritarisme dogmatique, comme des pratiques qui seraient vidées de leur sens profond… Mais on ne se passera pas vraiment de religion – quelle qu’elle soit – si l’on souhaite vivre pleinement de la foi, en y intégrant la relation aux autres, la nécessité de lui donner corps dans des signes et des pratiques. (Régine du Charlat – Croire n° 189 p. 31
Responsabilité Dossier « Suis-je responsable de tout ? » in Croire Aujourd’hui n° 184 p 11 à 21
Résurrection
· C’est quoi pour vous la Résurrection (Croire 189 p. 6)
· La résurrection commence aujourd’hui (Croire 190 : dossier)
Surtout l’article de Joseph Moingt p. 14 « La résurrection du Christ introduit dans le temps la force explosive de son passage de la mort à la vie. …C’est un acte qui a une finalité : réussir la création. Qu’est-ce que devenir libres si ce n’est réaliser cette transcendance que Dieu a mise en nous en nous créant….La résurrection ne se rajoute pas à la création, elle est inscrite dans son programme. C’est une réalité qui travaille le monde, une loi de liberté qui s’enfouit dans nos consciences » p 16
«La foi dans la résurrection de Jésus n’est pas la croyance dans un prodige insolite ni dans le mythe d’un autre monde, c’est une insertion dans une vision de l’histoire, une orientation de vie, une décision de tous les instants, engagement à vivre d’une vie toujours nouvelle parce que sans cesse arrachée à la complaisance de soi, à l’inertie, à la suffisance : là est la vraie difficulté de croire à la résurrection et le sérieux de la foi que nous mettons en elle... Ressusciter en Lui, c’est porter sa charge d’humanité, prendre l’avenir du monde en charge, participer à l’œuvre créatrice de Dieu, actualiser son dessein sur l’univers, mettre au monde patiemment une humanité nouvelle, affranchie de ses haines et de ses peurs, réconciliée avec elle-même par les liens de l’Esprit-Saint. Telle est l’intelligence du Royaume de Dieu, à l’œuvre dans les limites du temps et de l’espace pour les repousser à l’infini, qui se dévoile dans la foi à la résurrection de Jésus, advenue pour tous en Jésus. » (Joseph Moingt – L’Evangile de la résurrection p. 49/50)

- Résurrection de la chair « …Comment prétendre que la chair est incapable de recevoir le don de Dieu consistant en la vie éternelle, alors qu’elle est nourrie du sang et du corps du Christ et qu’elle est membre de celui-ci. Le bois de la vigne, après avoir été couché dans la terre, porte du fruit en son temps. Et le grain de froment, après être tombé en terre et s’y être dissous, resurgit multiplié par l’Esprit de Dieu qui soutient toute chose…De même nos corps qui sont nourris par cette eucharistie, après avoir été couchés dans la terre et s’y être dissous, ressusciteront en leur temps, lorsque le Verbe de Dieu les gratifiera de la résurrection pour la gloire du Père. » (Irénée de Lyon – Les Essentiels 3035)

« Il vous faut renaître d’eau et d’Esprit ». L’Esprit est Celui qui divinise notre personne. C’est lui qui transforme notre corps mortel en « corps spirituel ». non pas seulement l’âme, mais aussi le corps, comme nous le devinons déjà en regardant les visages lumineux d’une Thérèse de L. ou d’un CdF. Et cette transformation qui ne sera totalement accomplie qu’après notre mort, commence dès à présent. À mesure que nous sortons de notre égocentrisme pour nous ouvrir à l’altérité et jusqu’au don de nous-même, nous laissons l’Esprit nous faire naître à cette vie nouvelle… « L’Esprit qui a transfiguré le Christ transformera alors notre corps de misère en corps de gloire »… Nous ne pouvons imaginer ce corps de lumière qui naîtra lors de notre enfouissement dans la mort… Pourtant ce sera bien notre personne, aimée par Dieu du même amour singulier. .. Cette aventure de la résurrection ne se situe pas quelque part sur un petit nuage. L’Être de Dieu, c’est l’amour. Plus j’aime, plus je deviens vivant. (Michel Hubaut – Les Essentiels 3318 p.46)

« Que vaut cette vie ? Que vaut ma vie ? Mérite-t-elle de durer ? Pour un chrétien, 3 choses au moins sont à tenir :
1- cette vie est unique ;
2- elle vaut de ne pas disparaître, y compris dans sa dimension de corporéité ;
3- et cela sera pour un salut qui est à recevoir.
« Ni les Ecritures, ni la théologie ne nous fournissent de lumières suffisantes pour une représentation de l’au-delà. Le chrétien doit tenir solidement deux points essentiels :
· Il doit croire d’une part à la continuité fondamentale qui existe, par le vertu de l’ES entre la vie présente dans le Christ et la vie future.
· Mais d’autre part le chrétien doit discerner la rupture radicale entre le présent et l’avenir du fait qu’au régime de la foi se substituera celui de la pleine lumière… » (Cong. Doct. De la foi)
Par delà la mort – L’homme est un. Le corps n’est pas une partie composante de l’homme, il est l’homme-même, en tant qu’il s’extériorise…
L’immortalité consiste en ce que Dieu, dès qu’il a créé un être entre de façon permanente en dialogue avec lui. La résurrection concerne l’homme tout entier, dans sa relation à Dieu, dans sa relation aux autres…
Qu’il suffise de dire qu’après la mort nous serons pleinement nous-mêmes.
Au cours de ma vie, l’amour s’est peu à peu incarné en moi-même ; ma personnalité a été tissée par l’amour accueilli et l’amour donné ; la manière dont j’ai exprimé cet amour par le corps qui est ma capacité de présence à autrui, cet amour a constitué à jamais ma personnalité… Je suis tissé par l’amour que j’ai reçu et que j’ai donné. Et s’il est vrai que l’amour seul traverse la mort, on peut dire que, à la mesure de l’ouverture de mon être à la totalité de Dieu et des autres, je serai à jamais cet être que j’ai constitué au long des jours.. L’Amour même de Dieu, cet amour qui un jour s’est montré plus fort que la mort en ressuscitant Jésus de Nazareth, nous rendra tous parfaitement transparents à Dieu et aux autres, à la mesure de l’amour accueilli et donné sur la terre. (Xavier-Léon Dufour – Un bibliste cherche Dieu p. 341-342) –

« À ce propos, St Paul fait une distinction utile entre le corps et la chair. Pour notre chair est la matière qui nous compose, elle n’appartient qu’à ce monde-ci. Notre corps en revanche est ce grâce à quoi nous sommes un organisme structuré en relation avec les êtres humains et le reste du monde créé. C’est lui – et non pas nos cellules – qui passera de ce monde dans l’autre, après que Dieu l’aura transformé en un corps nouveau dont nous sommes incapables d’imaginer la force qu’il aura. L’apôtre exprime par là une espérance fondamentale, à savoir que la vie dans l’au-delà n’est pas une sorte de fusion dans un grand tout indifférencié, mis une vie nouvelle dans laquelle notre personnalité et les relations que nous aurons construites, se prolongeront. C’est une donnée majeure de l’anthropologie et de la cosmologie chrétiennes. » (Michel Quesnel – La sagesse chrétienne, un art de vivre p. 104)
Révision de vie « La RdV est une pratique théologiquement appréciable. Cette invention du 20° S. peut être considérée comme un don de l’Esprit à l’Église. Elle fait connaître la foi comme un itinéraire, Dieu comme un compagnon avec qui l’on chemine. Dieu cesse d’être une idée pour devenir l’un de nous. C’est un acquis décisif pour l’invention d’un christianisme des petites choses accueillies dans leur inestimable grandeur… Grâce à la RdV, la foi échappe au moralisme qui est la mauvaise pente d’un christianisme populaire » (Henri-Jérôme Gagey)

o Ouvrir la bible en RdV « La lecture des écritures n’est pas là pour fournir aux disciples (d’Emmaüs) une clef de lecture de ce qui vient de se passer, mais tout simplement elle touche leur désir le plus profond et le plus vrai, là où sans doute Dieu les appelle. Ce réveil du cœur des disciples n’est possible, je crois, que parce qu’ils ont accepté ce détour où, momentanément, ils laissent leur souci pour entendre autre chose. Autrement dit, dans la RdV, il est bon que le texte de l’Ecriture soit pris pour lui-même, cad qu’on lui permette de rejoindre notre désir central, celui qui, en réalité est capable de nous faire vivre… (de faire) que quelque chose s’invente. (Etienne Grieu – Cahier de l’Atelier n° 499 p. 77-78=
Rite La place du rite chez les chrétiens est fondamentalement différente de ce qu’elle est ailleurs, dans la mesure où le salut n’a pas besoin du rite pour exister. Le seul salut pour un chrétien, c’est celui que Dieu opéra dans l’histoire du monde par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Comme l’écrit l’épître aux Hébreux, Jésus s’est offert « une fois pour toutes » (Heb. 7.27) L’immuable, c’est cet événement-là. Les célébrations chrétiennes n’en sont que le mémorial et l’actualisation. Elles peuvent donc être modifiées par l’Eglise à mesure que le temps évolue ; et les rites chrétiens peuvent être différents d’une culture à l’autre. Cela ne justifie pas n’importe quelle fantaisie dans les célébrations ; mais cela rend imbécile, théologiquement parlant, toute revendication liturgique fixiste, comme s’il existait un système rituel voulu par Dieu ou une « messe de toujours ».(Michel Quesnel – La sagesse chrétienne, un art de vivre p. 121/122)
‘… Je ne cherche plus une liturgie qui exprimerait ce que je crois ou ce que je vis, mais j’entre dans une action liturgique qui imprime et intériorise en moi le langage de la foi. Les gestes et les paroles du Rituel nous transforment. En agissant sur nous, ils agissent en nous. Quand une célébration commence, le premier acte posé est le signe de croix. Et celui qui entre en ce lieu en se signant expérimente que cette entrée n’est en rien anodine mais fait participer à la relation entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint dans la modalité du mystère pascal. Cependant, cette expérience ‘marquante’ des signes de la foi demande une adhésion personnelle…’ (RS Missel Dimanches 2012) 
Royaume Jésus lui-même emploie constamment cette expression sans jamais la définir. Il l’exprime avec des comparaisons ou avec des histoires qu’on appelle des paraboles. Mais on peut dire que le Règne de Dieu, c’est l’intervention de Dieu lui-même qui vient modifier les relations entre les hommes. Au lieu de la violence et de la jalousie, Dieu veut faire régner l’amour et la douceur. Il annonçait une autre manière de vivre en société, une autre logique des relations humaines. Il voulait insuffler une autre logique, changer l’humanité de l’intérieur… Mais il ne faisait pas qu’annoncer le Règne de Dieu ; on avait l’impression qu’à son contact le Règne de Dieu était déjà là. Il incarnait ce Règne de Dieu. (Dominique Fontaine – La foi des chrétiens racontée à mes amis athées – Ed Atelier – p. 34/35)

-         Royaume de Dieu « Jésus savait-il ce qu’il disait en parlant du Royaume de Dieu ? Jusqu’à un certain point, oui, il était porté par l’esprit des prophètes qui voyaient que le salut ne s’était pas réalisé, que l’alliance avec Dieu n’avait pas pris figure, puisque le peuple juif était toujours captif des nations païennes ; alors on se tournait vers un avenir meilleur, de justice, de paix, de fraternité sous la conduite de Dieu, et c’est ça qu’on appelait le Royaume de Dieu : un nouvel état des choses que Dieu instaurerait quand il viendrait sur terre inaugurer son règne sur Israël et sur les nations. Voilà ce que Jésus annonçait, sans trop savoir comment cela prendrait figure. D’ailleurs il le désigne comme un futur : il s’approche ; mais aussi comme un présent : il est déjà là ; et alors il le désigne sous une forme sociale : il est au milieu de vous, il vous rassemble déjà.
Ce Royaume de Dieu est-il vraiment venu ? Oui, mais seulement à l’état de germe, d’énergie, de force neuve, d’espérance agissante, d’esprit nouveau semé dans les cœurs. De quoi donc Dieu veut-il faire son Royaume, sinon de ce qu’il a créé, l’humanité et l’univers ? Il ne faut pas oublier l’univers, parce que, s’il n’y en a pas, plus rien n’existe, il n’y a plus d’hommes. Donc, ce Royaume de Dieu, c’est l’unité de la famille humaine, qui se construit dès maintenant par la force de l’incarnation, par la charité de l’Esprit Saint partout répandu : Jésus a mis le ciel sur terre. Il n’a pas fondé une communauté de renonçants, comme les bouddhistes. Quand Dieu est venu sur terre, ça veut dire que le Royaume de Dieu se fait là… C’est l’unité, la fraternité entre les hommes… Ce mot « Royaume », c’est un symbole que nous employons pour parler d’un monde meilleur ; nous l’attendons de Dieu parce que nous savons qu’il y a trop d’égoïsme et de haine dans le cœur des hommes pour y parvenir par nos propres forces… Nous croyons qu’il se fait là et maintenant, il est là et il vient. Observer les signes des temps, c’est se demander : où se fait-il en ce moment, où peut-il, où doit-il se faire, pour que nous allions y travailler avec Dieu et avec nos frères humains ? » (Joseph Moingt – Croire quand même p.229-230)
 
Sacré « Souvent confondue avec le religieux, la notion de sacré ne manque pas d’ambiguité. Le monde du sacré serait celui du divin, du surnaturel et de l’au-delà, alors que le monde profane serait le monde matériel, habitiel et sans mystère. Par dérivation le terme indique quelque chose à quoi l’on tient. Il évoque le respect, mais aussi la distance, la séparation… Le P. Julien Ries décrit les 3 constantes du sacré vécues par l’humanité depuis ses débuts :
o le symbole qui révèle un monde autre, un mystère,
o le rite qui permet un passage entre notre pensée ou notre vie et la réalité transcendante à laquelle nous croyons
o et le mythe qui permet à l’homme d’appréhender les origines et la création.
La quête du sacré est un instinct bien enraciné dans la nature humaine…, un sentiment universel, une émotion, un état de sidération, d’effroi ou d’amour devant quelque chose qui les dépasse. Les religions sont nées de cette expérience originelle du sacré pour le gérer, le nommer, le codifier et l’organiser avec des temples, des prêtres, des sacrifices…Muriel du Souich- Dossier Croire aujourd’hui « Le sacré mène-t-il à Dieu ? » n° 251 p. 12/13
Sacrement une démarche humaine qui va à la rencontre du don de Dieu. « Au geste de l’homme qui va tel qu’il est vers le Père, correspond un geste de Dieu qui vient vers l’homme ».  
Sacrifice Croire n° 208 p. 29 + Croire n° 243 p. 34
Sainteté Les gros mots de la foi in « Croire aujourd’hui » 216 – Oct 2006 p. 29
« La sainteté consiste à entrer en Évangile comme on entre dans un pays. Ou plutôt elle consiste à laisser l’évangile accéder à l’intérieur de nous-même. Là, provoquée par la Bonne Nouvelle, s’opérera une lente mutation : l’être humain deviendra chrétien : en lui, en ses actes, en ses paroles, on verra le Christ présent et agissant dans le monde d’aujourd’hui. Ce changement porte un nom, la sainteté ». (Michel Kubler)
Salut Voir Joseph Moingt in « La véritable histoire de Dieu » p.137
« Le salut a aussi un aspect collectif et historique. Il est une promesse de vie qui concerne aussi notre monde, il signifie l’espérance d’un ordre nouveau de fraternité, de justice et de paix qui embrasse toutes les dimensions sociales, économiques et politiques de la voie humaine. Une telle espérance n’est pas l’attente d’un paradis terrestre à l’autre bout des temps. C’est la conviction que la promesse de Dieu travaille sourdement notre histoire, comme un ferment de nouveauté et de libération… L’oubli de cette perspective rend l’annonce du salut peu crédible, son attente aliénante, puisqu’elle déserte le travail pour ce monde.. » ( J. Moingt- Parvis 33 p. 23)
« Voilà le Dieu qui nous sauve… Qui nous sauve de quoi ? Du péché ? … De la peur de Dieu »
« Le salut est une sortie lente de nos prisons, de nos calculs mortifères, de nos images de Dieu. Marche qui nous arrache à la mort, nous délivre de nos Egypte personnelles et collectives, nous rend plus vivant et plus solidaires. Osons la route. Jésus – Dieu sauve – a traversé. Il n’y a pas mérite ici, mais une décision de liberté est demandée à l’homme de bonne volonté ». (V. Margron in Les Essentiels 3116 – Mai 05)
« Cet homme dont le nom est « Dieu sauve », de quoi donc prétend-il nous sauver ,
Il nous délivre de l’absurde.  En nous éclairant sur le sens de la vie ; nous sommes nés de l’amour et pour aimer.
Il nous sauve du sentiment de notre insignifiance en nous redisant chaque jour : ‘Tu as du prix à mes yeux’
Il nous délivre de la fatalité en nous apprenant à devenir créateurs de notre destinée
Il nous sauve du mensonge et de l’illusion : la vérité vous rendra libres.
Il nous délivre du désespoir : N’ayez pas peur…
Il nous délivre des fausses images de Dieu, un dieu rival de l’homme…
Il nous délivre du mal et de la mort. » (Stan Rougier – Homélie 12° Dimanche ordinaire A)
Voir homélie de NOËL 1985 : Un Sauveur dites-vous , Mais de quoi Jésus nous sauve-t-il ?
Voir « Jésus, sauveur du monde » in Jésus-Christ de Michel Quesnel (Dominos/Flamarion p. 95)
« L’homme moderne, c’est celui qui n’a pas besoin de salut » disait Congar vers 1955 . Pour que le mot salut ait un sens chrétien, il faut admettre son incomplétude, sa vulnérabilité.

« Il faut la conscience prophétique d’un géant visionnaire comme Isaïe pour ouvrir notre imagination à ce que sera le salut. Pour fêter le retour au pays (après l’exil) on attendait une scène de liesse. Mais pour peindre le salut, le moment ultime où Dieu nous rencontrera, il faut des couleurs plus vives encore. L’écriture poétique d’Isaïe rapproche les transformations des homes et les mutations de la nature. Par des images de mouvement (boiteux qui bondit et eau qui jaillit) et d’ouverture (yeux qui se descillent, bouches qui s’ouvrent et terre qui se fend) le prophète évoque un élan irrésistible, une joie communicative qui balaie tous les immobilismes, les surdités, les aveuglements. Quand Dieu se fait proche, il transforme nos vies et cela se voit. » (Christine Renouard in Les Essentiels 03.03.09 p.52)
Qu’est-ce que le salut ? sinon d’avoir cru que tu n’étais pas enfermé dans une identité ou dans des pratiques ?
       Sinon d’avoir vu ta vie s’ouvrir afin que la vérité se fasse et te rende plus vivant, heureux ?
       Sinon la maison bouleversée de ton cœur ? (V. Margron – Libre traversée de l’évangile p. 138) 

« Le salut désigne l’intégrité de l’existence humaine dans le monde et avec le monde… Dans son existence historique, l’homme est confronté à l’absence d’intégrité à travers deux expériences principales que sont la finitude et la tension inhérente à son être. . Dans les différentes situations où l’homme fait l’expérience de la finitude, la lutte qu’il engage contre celle-ci se dévoile comme une donnée de l’existence qui atteste d’une liberté plus grande que lui, d’une espérance qui le transcende et le porte. Mais l’homme fini est aussi un être qui fait l’expérience de la division… Il éprouve la résistance, une tension qui peut faire naître soit la séparation (la Bible l’appelle le péché) ou soit au contraire une aspiration à l’unification et à l’union (le salut). Le salut désigne donc cette aspiration à l’intégrité de la vie humaine, qui est tout autant le refus de la division, de la rupture, que l’espérance du dépassement de la finitude. Ainsi posé, le salut ne pourra être vraiment compris que dans le mystère de l’incarnation, que dans la venue dans la chair d’un homme dont lme lien avec le Père permet, d’une part la réconciliation de l’homme avec lui-même, avec le monde et ultimement avec Dieu, et d’autre part d’endosser pour le compte de l’humanité la finitude de l’homme. J-C incarne le salut. J-C est lui-même, dans sa personne physique, le salut… La résurrection de Jésus-Christ manifeste que l’homme et l’humanité sont entrés dans le mystère de Dieu et que donc une telle espérance est fondée. Le Christ est ainsi celui en qui s’accomplit de la manière la plus radicale l’être de l’homme… L’homme est ce que peut devenir Dieu lorsqu’il s’extériorise ! ». (Jean-Louis Souletie et Walter Kasper – Les voie divines de la liberté p.134 – 142)
Satan Satan est-il une personne ? Croire Aujourd’hui n° 241 p. 26-28
« Satan, l’adversaire » (Claude Flipo – Hommes et femmes du NT p. 207/211)
« Satan ne se rencontre jamais face à face, puisqu’il n’existe plus assez pour avoir figure humaine. Mais s’il est impossible de l’imaginer, on peut en voir la trace dans le réseau inextricable et multiforme de jalousies, de corruption et de violence où prolifère sa semence. La Mal en soi n’existe pas : le créateur devant son œuvre ne vit-il pas que tout cela était bon ? le mal est la perversion du bien… Par sa négation même, le Malin suscite l’accusation, comme le vertige suscite la chute, une accusation sans aucune possibilité de pardon. Son arme suprême est le déserpoir ».
Sécularisation Porté par la « modernité », on entre dans un processus où la religion n’encadre plus, où la foi n’est plus portée, où la société s’émancipe de toute tutelle religieuse. La vie privée elle-même s’émancipe. La foi devient incroyable… intolérable…insupportable… En tous cas indéchiffrable (pour les plus jeunes) ou suscitant la perplexité face à la complexité. (André Fossion). On assiste à « l’exculturation du Christianisme » (Danièle Hervieu-Léger)
« Nous appartenons à la fois au monde des religions par nos croyances et nos pratiques, et au monde de la sécularité par nos manières de vivre et de penser. Il ne faut pas renoncer à cette tension intérieure, féconde, et à notre relation étroite au monde. La sécularisation est fille de l’incarnation. C’est toute l’originalité du christianisme que de nous vener dans cette aventure du monde. .. Dieu veut que l’homme soit majeur, adulte. Or l’homme majeur, c’est celui de la société civile, celui de l’individu autonome vis à vis des institutions du sacré. Dieu a voulu cette émancipation de l’homme que connaissent désormais nos sociétés… Il y a donc intérêt à ce que les religions se concertent non plus pour rivaliser en pouvoir sur la société, mais pourse mettre au service de l’humanité de façon désintéressée, dans la pleine acceptation de cet état de sécularité, en confrontant leurs idées sur l’homme, sur le sens de son existence et de sa liberté, sur un monde pleinement humanisé, sur une éthique de paix et de justice, sur la marche de l’histoire vers l’unité. (Joseph Moingt – Les Trois Visiteurs p. 65/66)
« Le caractère nouveau de la situation tient aussi bien sûr à la généralisation accélérée de la sécularisation et au « relativisme » plus ou moins global qu’elle entraîne et que Benoît XVI dénonce avec tant d’insistance. La crise survient dans un monde dans lequel l’Église n’est que l’une des instances de sens, que l’une des institutions de référence. Ce qu’on nomme sécularisation est en effet non seulement l’émancipation des réalités politiques, sociales et culturelles hors de la spère religieuse, mais aussi la mise en concurrence des diverses propositions de sens qui coexistent dans l’ensemble de la société. La question de la crédibilité n’est plus absolue, mais relative. À propos par exemple des bébés-éprouvettes, on ne se demande pas seulement si ce que dit le catholicisme est fondé, si on peut y ajouter foi. On demande aussi : Et qu’en pensent les protestants, et le juifs, et les grands systèmes philosophiques ? »  (Joseph Doré – À cause de Jésus p. 286


« On oublie parfois que le sécularisation est d’abord un processus proprement culturel qui désigne l’autonomie progressive de toutes les actions humains par rapport à la religion et à l’Église. Il importe donc de distinguer la sécularisation qui est susceptible du purifier la foi et la mission spécifique de l’Église et le « sécularisme » comme système idéologique niant l’existence de Dieu ». (Jean-Pierre Roche)
Sens de l’histoire L’histoire a-t-elle un sens ? (Dossier de Croire n° 227 p 8 / 21)
Le dérèglement des conflits à travers le monde inquiète.
Certains parlent d’un retour à la barbarie, les plus optimistes de crise ou de déclin
Non seulement l’histoire n’aurait pas de sens, mais elle irait à reculons !
Le sol sous nos pieds a toujours été incertain, mais il semble aujourd’hui plus friable que jamais.
En ce temps pascal, nous, chrétiens, sommes invités à rendre compte de notre espérance et à prendre du recul par rapport aux peurs qui nous assaillent.
Ensemble et sans naïveté, prenons le risque d’une promesse d’avenir.
« L’histoire invite à s’interroger sur les seuils que l’humanité a successivement atteints et dépassés au long de son parcours : la station debout, la maîtrise du langage, de l’agriculture et de l’écriture, l’élaboration de civilisations successives ou simultanées, les conquêtes de plus en plus stupéfiantes de la technique, la proclamation des droits de l’homme…J’ajouterai encore le message nullement périmé de Jésus que la solution des problèmes humains ne passe pas par la guerre mais par la paix et le pardon. « L’homme est capable de tout, même du bien ». Je reste persuadé que l’évolution a globalement un sens. Depuis les débuts de la terre, il a fallu plus de 4 milliards d’années pour faire un homme. « L’homme qui sait qu’il va mourir est né un jour d’ancêtres qui ne le savaient pas »… Soyons lucides, nos progrès ne parviendront pas à créer le paradis sur terre, mais il nous appartient de rendre notre planète de plus en plus humaine et vivable ». (Jean Delhumeau p. 13)
« Le mystère chrétien mystère pascal, vient révéler au grand jour une réalité que l’univers entier, matière et esprit, est en train de vivre. La résurrection ne se situe pas seulement au bout de notre histoire, elle la surplombe chaque fois que l’amour véritable inspire nos choix et nos pensées. (Article de Marcel Domergue p. 17/20)
« La foi chrétienne ne promet pas un bonheur matériel ici-bas, mais la résurrection inspire des combats, des indignations ; elle fomente, au cœur de l’histoire des hommes, une conspiration de l’amour » Philippe Chevalier p. 20)
Sexualité « Si à l’évidence l’Eglise n’est plus écoutée sur les questions relatives à la sexualité, c’est parce qu’elle semble n’entendre ni la jubilation ni la plainte des corps, ni l’extase, ni le tourment du désir, dans le nouveau désordre amoureux de nos sociétés. L’Eglise riposte au péché de la chair – qui ne dit plus son nom – sans chercher à comprendre la complexité de la chair et les fragilités de l’intime. Toujours soucieuse de son incorporation dans le monde et de l’harmonie de son corps social, l’Eglise a peine à surmonter sa défiance ancestrale à l’égard des corps individuels. C’est pourquoi depuis longtemps déjà ceux-ci ne se reconnaissent plus aucun devoir à l’égard d’une quelconque morale chrétienne. Viendra peut-être le temps où ils se considéreront en droit d’attendre que l’Eglise leur communique ce qui la constitue : la sagesse du corps et le glorieux mystère de la chair. » (Robert Scholtus – Petit christianisme d’insolence p. 53)
« La sexualité est une dimension constitutive de l’être humain et de la personne. La vie est au cœur de la sexualité… À lire la bible, on constate qu’il y a aussi dans le plaisir une dimension spirituelle. La différence sexuelle est ce qui constitue l’homme et la femme comme image de Dieu. Elle est élevée au rang de signe extérieur de l’existence de Dieu. La communion entre les sexes signifie l’amour de Dieu. L’exercice de la sexualité, c’est le don de soi et l’accueil de l’autre dans son altérité. Consentir à sa différence, construire un couple, c’est un long apprentissage ! Cet échange d’amour est une ouverture au mystère de la vie, à cet Autre qui est plus grand que nous, à cet autre qui peut être un enfant… » (Pierre Debergé – L’amour et la sexualité dans la Bible – Croire 247 p. 18)
« Par toi, avec toi, près de toi, j’ai vécu le corps à corps de deux âmes. Seul le corps à corps donne au dialogue des âmes sa force et sa plénitude. Nous avons découvert ensemble le secret : l’étreinte est l’aventure extrême de l’esprit. Le visage de l’autre devient le visage du monde. Il se défait et se décompose comme font les paysages de vent et de soleil. L’ombre se dissipe sous les coups du désir. La lumière du corps aimé tremble, se rassemble et expire dans la joie, qui recouvre tout comme la mer montante recouvre le sable. Le visage de l’amante est noyé dans les algues de la chevelure. Les rives féminines enserrent le fleuve mâle. Le dialogue même de l’amour révèle la mystique de l’éternité… Les corps qui s’étreignent n’ignorent pas qu’ils sont les instruments d’une exigence qui les dépasse. Tout ce qui compte est en jeu dans cette complicité à l’allure de combat. La lueur qui brille au bout de l’affrontement est la lueur discrète de l’absolu. Un rien peut l’éteindre. Un rien aussi la transforme en brasier ». (Jacques de Bourbon-Busset – Lettre à Laurence – Gallimard 1987 – Cité dans Croire aujourd’hui n° 247 p. 13

Silence Chercheurs de Dieu n° 155




Clarté du silence   Dans la prière muette, nous réaffirmons notre appartenance au Christ, nous la vérifions et nous la réactualisons, non point en déclarations solennelles, mais par la racine du silence, toujours plus ferme, plus profonde, là où notre être sait de lui-même où est la vie, où est notre justesse, notre point d’équilibre. Le silence de recueillement déplie dans notre corps un espace clair, comme un grand ciel nu, l’espace de notre innocence, en deçà du brouhaha, de la confusion, du mauvais brouillon que trace le plus souvent notre vie – un lieu originel, où tout peut recommencer, où nous touchons une vérité qu’aucun faux pas ne saurait démentir et à laquelle nous retournons comme à la source pour retrouver la force et la fraîcheur de la lumière inaltérable… Imposer le silence à l’imagination, à notre volonté, à l’agitation de nos désirs, aux revendications de nos manques, à notre incessant babillage, se révèle au-dessus de nos forces, et c’est là que nous mesurons la place réelle que nous accordons au Seigneur dans notre cœur, là que nous prenons conscience, en un éclair blessant, de tout le décousu, tout l’inconsistant, l’illusoire de notre vie. Savoir y retourner, apprendre à y revenir, nous sera d’un grand secours au long de parcours souvent difficiles… Tout remettre au silence se révèle véritablement libérateur : nos pesanteurs se dissolvent, nous nous y lavons, lui seul accomplit le travail de clarification, de dénouement dont nous avons tant besoin, mais que nous sommes incapables d’accomplir par nous-mêmes. (Philippe Mac Leod – Les Essentiels 12.09.2013)
 
Solitude    
Il arrive qu’être seul soit une douceur, un tout simple bonheur, une promenade sans pourquoi à travers les heures.
Mais il arrive aussi que ce soit une noirceur, un ouragan de peur, une plongée dans la laideur.
À dire vrai, ce n’est pas la solitude qui nous défait, mais le sentiment de solitude,
ce brouillard de l’être qui met le cœur en hiver et le regard à l’envers,
dans cet sorte de flottement si proche de l’effritement, dans ce peu qui tient comme il peut.
Rien ne reste sinon au profond l’écriture d’un appel qui ne dit son nom qu’à travers notre acquiescement à sortir de l’abandon.
                                                                            (Francine Carillo – Le Plus-que-Vivant p. 155)
Souffrance Numéro Spécial de Croire 199/200 Souffrance et vie – Bernard Ugueux in Prier n° 276 p. 12  


« La souffrance a peut-être un sens, celui que je découvre peu à peu. Comme un enfant, il naît au fond du fond. Comment pourrais-je accueillir avec un amour bienveillant mon bébé si je m’encombre de mille préjugés à son endroit ? Comment l’aimer véritablement si je décrète qu’il doit avoir les yeux bleus et le nez bien affiné ? Ainsi en va-t-il du sens de la souffrance. Je ne le connais pas, je n’en sais rien, mais librement je peux aller à sa rencontre. Il est difficile d’être l’ami impuissant d’un proche aux prises avec le tourment. Plutôt que de gloser, il s’agit juste d’être là. Qu’il serait vain, le papa qui aux côtés de son épouse en plein travail, se perdrait en mille palabres au lieu de lui serrer la main tendrement ». (Alexandre Jollien)

Suicide « Ce n’est pas que la misère des ouvriers qui chôment, les banqueroutes, les faillites et les ruines soient la cause immédiate de beaucoup de suicides, mais un sentiment obscur d’oppression pèse sur toutes les âmes parce qu’il y a moins d’activité générale, que les hommes participent moins à une vie économique qui les dépasse, leur attention n’étant plus tournée vers le dehors, se porte davantage, non seulement sur leur détresse ou leur médiocrité matérielle, mais sur tous les motifs individuels qu’ils peuvent avoir de désirer la mort ». (Maurice Halbwachs, Les causes du suicide – 1930 p. 374)
Symbole « Le symbole ( = mettre avec, mettre ensemble) opère une jonction faisant coïncider une figure sensible et une réalité qui ne peut être saisie ni enfermée dans un langage discursif, mais seulement expérimentée. Dans la figure sensible est atteinte une réalité d’un autre ordre, appartenant à l’indicible et à l’informulable. Ainsi l’amour, trop dense, trop intense, trop riche pour pouvoir être capté par la pensée directe… Le symbole ne signifie pas autre chose que lui-même, il rend présente une réalité qui échappe à toute autre saisie…. Le symbole est l’épiphanie d’un mystère » in X-L Dufour – Un bibliste cherche Dieu p. 218 (note 5)
Témoignage « Le langage du témoignage, dans notre culture, fait référence à la fois à la parole qui certifie et à l’existence qui authentifie. Jésus-Christ lui-même a « rendu un beau témoignage » dit St Paul ; et, à sa suite, des disciples ont mis l’accent sur l’un ou l’autre des aspect de son témoignage, selon leur vocation, parce qu’ils étaient appelés ensemble à être sel et lumière, la saveur cachée et le rayonnement visible… L’enfouissement à la manière de Charles de Foucaud, a éclairé et soutenu de nombreux chrétiens, appelés à vivre l’évangile sans discours. N’est-ce pas une spiritualité et une dynamique nécessaire à une époque de sécularisation, s’inscrivant moins dans l’espace social du visible et de l’immédiat, que dans le temps et la lenteur des cheminements… L’héritage de Charles de Foucauld est de rappeler la richesse du témoignage discret et fidèle à travers le temps. « Ne parle du Christ qu’à ceux qui t’interrogent, mais vis de telle façon qu’on t’interroge », disait Frère Roger.. Le service de l’évangile a plus que jamais besoin de témoins à qui on demande : quel est ton secret ? Pourquoi agis-tu ainsi au service des pauvres et des exclus ? Et ces chrétiens qui sont de vivantes pages d’Evangile donnent alors accès aux pages de l’Ecriture et aux sources de la vie en Eglise » (Paul Pouplin – Christus Oct. 2006 p. 364/365)
Tentation Nous faisons tous l’amère expérience de voir nos cœurs divisés, de sentir cette violence, cette jalousie, cet orgueil, ces tentations, trouver connivence dans les recoins de notre être. La première démarche que nous avons à accomplir est sans doute de reconnaître que notre cœur n’est pas encore unifié, qu’il est le lieu justement du combat. Nous pouvons nous engager avec confiance dans ce combat car celui qui en est la vainqueur s’est fait notre allié. (Croire n° 207 p. 29)
Dieu nous met-il à l’épreuve ? (Croire 207 p. 26-28)
« L’objet de la tentation est au départ purement externe. Il appartient ensuite à l’homme de lui faire place ou non en l’invitant à soi. Après quoi, une fois installé, il prend si bien ses appartements qu’il en devient propriétaire. Et le Talmud d’ajouter : au départ, les rênes du désir qui entraînent l’âme ne sont pas plus épaisses qu’un fil d’araignée, mais si on les laisse s’agripper, elles atteignent la grosseur des chaînes d’un char ! Si la volonté sait dès le départ garder ses distances, elle reste maîtresse de ses choix. Dès qu’elle fait place et entretient en elle la flamme, elle risque d’être ravagée par le feu de la passion et, au final, de ne plus rien maîtriser, jusqu’à l’aliénation »  (Rivon Krygier, rabbin : Le gouffre de la tentation – Essentiels 3188 p. 57

« Ne nous soumets pas à la tentation » Ce n’est pas Dieu qui fait entrer en tentation (Jacques 1.13/14 – I Tim 6.9) Dieu ne tente pas, mais on peut prier pour qu’il nous aide dans la tentation et l’épreuve (II Cor 12.7/9)

« Ne nous laisse pas entrer dans la tentation » Cf. ancienne version du NP : « Ne nous laisse pas succomber »… Ne permets pas que nous nous laissions séduire par des vues qui nous éloigneraient de toi ; ne nous laisse pas pactiser avec les séductions du tentateur ou avec celles qui viendraient de notre convoitise. (Etude du P. Tournay citée par Bernard Rey dans Marcher vers toi, mon Dieu p. 82)
Théologie Toute l’histoire de la théologie, depuis la première épître aux thessaloniciens jusqu’aux derniers développements de Hans Jonas dans « le concept de Dieu après Auschwitz » ou de la théorie de la kénose chez Urs Von Balthasar, n’est-elle pas une réflexion sur la contradiction qui existe entre les promesses extraordinaires d’un Dieu tout puissant et la constatation empirique d’un Dieu qui se cache, ou tout au moins déploie son action dans la faiblesse et la discrétion ? (Régis Burnet – Les Essentiels – 27 Sept 2007)
Tradition « La tradition n’est rien d’autre que la transmission de l’Évangile, ou l’Évangile transmis. Elle est porteuse du don divin du salut fait aux hommes : ce don trouve son origine dans la « tradition de soi » de Jésus qui s’est livré pour nous sur la croix. Cette tradition est vivante parce que l’Évangile de Jésus-Christ a été confié à un peuple vivant, à l’Église. Elle enveloppe l’Écriture : elle l’a précédée dans les communautés primitives qui vivaient de la parole des Apôtres, avant même que les textes du NT n’aient été écrits ; elle a produit celui-ci… Une transmission vivante ne peut en rester à la lettre pure des Écritures, elle doit aussi transmettre leur sens dans la pluralité des cultures et la multiplicité des âges. Sinon l’Église deviendrait un perroquet. La transmission de la foi engage toujours une interprétation de l’Évangile et son actualisation… » Bernard Sesboué – Croire Sept. 09
Transmettre ce qui fait vivre · Les jeunes européens, des héritiers surprenant (croire n° 201 p. 10-13) · Prendre conscience ce que l’on porte (p. 14 / 15) · Le temps de l’appropriation. (p. 16) · Quand passe le témoin (p. 17 / 19)

Travail   En réalité il n’y a pas de vrai travail sans engagement de toute la personne dans sa tâche. Le travail ne consiste pas – comme on le croit trop souvent – à obéir à des consignes. Le travail consiste à faire face à un réel qui échappe à ma maîtrise. Car il y a toujours des imprévus, des pannes, des bugs, des personnes surprenantes ou inattendues. Le travail, ce que j’appelle le travail vivant, c’est tout ce qu’il faut ajouter à la consigne pour que ça marche ! Il faut s’adapter, réfléchir, développer une intelligence du corps pour accomplir cette tâche. (Christophe Dejours)  
Trinité Comprendre et expliquer les conciles anciens in Chercheurs de Dieu n° 152 « En quel Dieu croyons-nous ? » « Dieu le Père, c’est l’œil de la source, invisible mais présent… Le Fils est la vasque remplie d’eau… L’Esprit est le fleuve qui répand l’eau de la source » (X-L Dufour – Un bibliste cherche Dieu p. 350)
En ajoutant le Fils et le Saint Esprit à la foi au Dieu unique, les chrétiens rendent-ils le dialogue impossible avec les autres croyants ? Jean-Noël BEZANÇON in Croire n° 213 p. 26/28
« Le monothéisme unitaire, où Dieu était considéré comme un solitaire, est quelque chose de déconcertant… car comment situer ce personnage qui se regarde, qui tourne autour de soi ? .. C’est de ce cauchemar effrayant que Jésus nous a délivrés… Dire que Dieu n’est pas solitaire, c’est immédiatement nous dire que la vie de Dieu va vers un Autre, que la vie de Dieu est charité… La vie divine apparaît tout entière concentrée dans ce don mutuel du Père et du Fils au Père dans l’unité du Saint Esprit… En Dieu, il n’y a qu’une manière d’exister, c’est de se donner. » (Maurice Zundel, Homélie à N-D de Valentin à Lauzanne 30.12.72)
« Le christianisme a toujours proclamé haut et fort qu’il croit en un seul Dieu. Sa bonne foi ne peut être légitimement soupçonnée sur ce point. Mais la foi trinitaire ne s’arrête pas à une métaphysique abstraite de la divinité ; celle-ci n’est que l’autre face de la révélation historique de Dieu en Jésus-Christ, elle est intrinsèquement liée à l’incarnation. Comme l’a enseigné Karl Rahner, la Trinité éternelle ou immanente, c’est à dire prise en elle-même, n’est rien d’autre que la Trinité « économique », c’est à dire celle qui se lie à l’histoire pour le salut des hommes, qui se révèle dans l’histoire et habite au cœur du monde et des hommes. Parler de la Trinité, c’est confesser « l’humanité de Dieu » selon l’ex^pression de Karl Barth… Cela engage donc une conception spécifique de Dieu, de sa relation aux hommes et de l’approche de Dieu par eux. C’est tout cela – et non un point particulier de sa doctrine – qui définit le christianisme comme religion trinitaire et le met radicalement à part des autres religions…. La foi trinitaire, c’est l’idée d’un Dieu qui est constitutivement altérité, gratuité, communion, don de soi-même à l’autre. » (Joseph Moingt – Les trois visiteurs p. 51/52)
« La Trinité n’est pas une pure vision métaphysique de l’essence divine, elle est liée à l’histoire humaine : elle est la présence de Dieu dans l’un de nous, dans un homme souffrant et humilié, et elle est son habitation en nous par le don de l’Esprit Saint. Cette visée trinitaire du Dieu incarné « pour nous » et « avec nous » est ce qui singularise la foi chrétienne. (Joseph Moingt- id° p. 58)
« L’un de la Trinité a souffert la mort dans sa chair » (Concile Constantinople II). ..Le corps du Christ est donc le lieu où s’opère la jonction de la Trinité éternelle et de la Trinité historique, ou « économique », le lieu de jonction de Dieu et du monde…. À travers le corps du Christ, la Trinité se tient à jamais en communication avec toute l’humanité qu’elle ne cesse de régénérer, d’éclairer, de vivifier et de faire passer en elle. Joseph Moingt – id° p. 89/90
Unité « L’individualisme ambiant a voulu nous faire croire que l’unité ne s’accomplit que chez les solitaires… l’unité comme tâche psychologique de l’individu, l’aboutissement d’un travail sur soi. Jésus indique une autre voie. Elle résulte d’une communion : le Père glorifie le Fils et le Fils glorifie le Père. Dans cet échange, le Père et le Fils trouvent leur unité. Cet échange les unit, les unifie… la voie vers l’unité nous est ouverte. Nous pouvons nous aussi accéder à l’unité entre nous et, ce faisant, nous rendre gloire mutuellement, si nous nous engageons dans un tel échange, dans une telle circulation d’estime réciproque. Tel est le chemin de l’unité au sein du couple, de la famille, entre chrétiens d’une même Eglise ou provenant de confessions différentes. » (Pierre-Yves Brandt – pasteur – Les Essentiels 3270 p. 53) 
Utopie… « cette trace d’infini qui n’a pas de lieu mais se laisse savourer au détour d’une rencontre qui fait évènement, au creux d’un temps fort qui nous aura soulevés » (Maxime Leroy)



o       « D’utopie, on ne peut se passer. On devrait plutôt l’attendre, non des politiques pris pas les tâches harassantes du quotidien, mais des poètes, des artistes, des philosophes, des religions : bref, de tous ceux qui nous permettent de nous arracher aux banalités impérieuses de la vie, qui nous ouvrent à un horizon vraiment autre, qui nous font respirer dans la vie de l’Esprit. Ils sont inspirateurs de l’action concrète, car ils alimentent notre critique de l’état des choses… Accepter l’imperfection de l’action politique, c’est se donner des chances pour la critique, et donc pour remédier aux défauts et aux souffrances des citoyens. C’est faire place à l’utopie comme critique du présent. Nous avons besoin de voir grand et loin. Le vrai sens de l’utopie n’est pas un rêve pour le lointain, mais une critique acerbe du présent. » (Paul Valadier – Croire 279 p. 32)

o       « Ce qui empêche une société de s’enfermer dans ses représentations » (Paul Ricoeur)
 
Valeurs Ces chrétiens (ceux de ma génaration) ont vieilli et ont vu leurs enfants se détourner sans bruits ni heurt de la foi chrétienne. Ils leur ont transmis des valeurs profondément humanistes dont ils puisaient la source dans l’évangile : respect, tolérance, ouverture, non-violence, franchise, intégrité, sincérité, vérité, amour, pardon, solidarité, sens de l’autre… Ils ont transmis ces valeurs en les vivant au cœur de leurs relations éducatives. Ils ont voulu transmettre une éthique de vie plus qu’un système de normes et d’impératifs. Mais au bout du compte ils éprouvent le sentiment d’avoir en partie échoué… (Denis Villepelet – Croire 255 p. 33) o « Ces valeurs ont été laïcisées depuis longtemps. Point besoin d’être chrétien pour y adhérer. Mieux vaut savoir toutefois d’où elles viennent. On peuse à la belle remarque de Paul Ricoeur : « Abstraitement séparées de l’expérience spirituelle qui les fonde, les valeurs sont comme des fleurs coupées dans un vase ». C’est en ce sens que le message évangélique garde une radicale pertinence, y compris pour ceux qui n’ont pas la foi. Il est l’inconscient collectif de la modernité. À ce titre, il reste un questionnement magnifique, une contre-culture assez vigoureuse pour bousculer les barbaries et les cynismes contemporains. En ce sens, le message du Christ est encore une parole superbement ‘dangereuse’. (Jean-Claude Guillebaud – La Vie du 09.04.09) o Sur quoi se fondent les valeurs laïques ? Il faut distinguer la genèse historique d’une valeur et sa portée humaine. Que le christianisme, par la longueur et la ,profondeur de son influence en Europe, ait eu un rôle important dans la genèse historique des valeurs communes existentielles, c’est un fait. Mais vient un moment où ces valeurs, même si vous dites qu’elles sont d’origine chrétienne, sont adoptées par des êtres dont la conscience y trouve sa lumière. Vient un moment où des être n’adhèrent pas au message chrétien s’appuyant sur ces valeurs, voire même y voient des valeurs pour l’humanité en elle-même, toute l’humanité. Adopter ces valeurs ne signifie nullement que l’on rejette la foi chrétienne. On peut même penser un fondement non chrétien, agnostique, à ces valeurs. Peut-on les servir parfaitement sans même savoir quel en est le fondement ultime ? Dans l’ignorance du sens complet de ces valeurs ? Oui, l’évangile de Matthieu parle bien des brebis qui ne savaient pas le sens ultime du bien (Mt 25.40) En un sens, l’infinie valeur des valeurs laïques, c’est l’évangile qui la reconnaît. (Guy Coq – Journée d’étude ACO – Nantes, Mars 2010)  
Veiller… attendre… Le temps de l’Avent est celui de l’attente… Nous n’aimons pas attendre, même si nous sommes pétris d’attentes… Attendre nous insupporte, c’est du temps pour rien, du temps perdu, du temps gâché. Nous tempêtons dans les embouteillages, nous piaffons dans les files dattente… L’attente nous enseigne que la vie ne se plie pas à notre seule volonté, mais qu’elle la déborde de toutes parts pour couler ailleurs et autrement… Pourtant l’attente est intimement cousue à la vie, parce que la vie est fondamentalement désir, élan. .. Que ce temps que nous maudissons devienne le lieu d’une autre respiration, d’un rapprochement d’avec nous-même, histoire de nous sentir à nouveau vivants. Plutôt que d’attendre d’être heureux, nous pourrions apprendre le bonheur de l’attente en choyant cette effervescence du cœur qui fait ressortir le grain de la vie… Oui, l’attente dispose à l’accueil de ce qui n’est pas encore mais dont l’effluve imprègne déjà le présent. Elle est en cela sœur de l’espérance. Elle n’est pas une passivité mais un éveil. Une attention au mystère de l’être en son lent mûrissement. Dans l’attente, le temps que nous aplatissons par notre prétention au ‘tout tout de suite’ se redéploie dans l’infini d’une promesse qui, de ne pas dire tout à fait son nom, nous tient en haleine et donc en vie . L’Avent pourrait-il devenir ainsi un chemin de conversion de nos impatiences en une patience neuve qui nous rapproche de nos attentes profondes ? (Francine Carillo – Les Essentiels 3091)  
Vérité « Je ne possède pas la vérité, j’ai besoin de la vérité des autres » (Pierre Claverie) Je suis un mendiant de la vérité. Nous devons résolument annoncer le Christ, mais être humblement attentifs à toute trace de vérité que nous décelons chez ceux qui ne sont pas croyants ou qui le sont différemment. « Ne craignons pas que la vérité mette en péril la vérité » (Mgr Christophe Butler au Concile). Si nous croyons réellement en l’unité de la vérité, nous n’aurons pas peur de reconnaître aussi comme vérités celles qui semblent contredire de prime abord ce que nous vénérons… Rejeter ou déprécier ce que d’autres tiennent pour la vérité, parce que cette conviction paraît contraire à l’enseignement de l’Eglise, c’est en fin de compte déprécier Celui en qui se trouve toute vérité. C’est réduire la vérité de Dieu à l’étroitesse de notre esprit…. Certes, nous devons finalement mettre en question l’identité et les valeurs de ceux à qui nous nous adressons, mais uniquement parce que nous les avons d’abord reconnus et avons aimé ceux qui cultivent ces valeurs. Cependant nous n’y parviendrons que si nous-mêmes nous apparaissons comme vivant réellement des valeurs que nous proclamons… Les gens doivent percevoir en nous un bonheur qui les intrigue, une liberté qui les séduit et une authenticité qui fait place à ce qui est vrai dans leur propre expérience. L’Evangélisation exige donc un profond renouvellement de l’Église : il nous faut mourir et renaître si nous voulons être des témoins crédibles. (Thimoty Radcliffe – Commentaire de Nathanaël – Conférence de 2006)  
Vie éternelle Beau texte de Bernanos in Missel des dimanches 2004 p. 550 Texte de Benoît XVI dans l’Encyclique « Sauvés dans l’espérance » cité dans Missel des Dimanches 09 p. 146 « Nous sommes promis à l’infini… Chaque vie ouverte, chaque fleur éclose se révèle d’une subtile et délicate transparence… L’universel est là, au fond de chaque conscience, il ne demande qu’à s’épanouir, à se déployer infiniment. Nous sommes vivants, mais sommes-nous entrés dans la vie ? Cette vie que nous recevons à la naissance, il nous appartient de la mener à sa plénitude, en reconnaissant sa vocation spirituelle, en sentant au plus profond de nous combien elle rejoint l’infini de Dieu, combien elle secrète la substance même de l’éternité, qui ne s’ajoute pas à l’existence, mais prend appui sur elle pour la prolonger, l’achever, comme le souffle infiniment léger que la plante abandonne dans les airs » (Plilippe Mac Léod – Les Essentiels 3327 p. 57) « Il est évidemment impossible d’imaginer à quoi ressemblera la vie éternelle dans l’au-delà. Les concerts assurés par un orchestre d’angelots font sourire. La contemplation immobile d’un Dieu immobile est désespérante d’ennui. L’image la moins mauvaise que la bible ait trouvée est celle d’un repas. Jésus l’utilisa souvent ; il la reprit au prophète Isaïe. Or un repas obéit à un scénario qui le fait se déployer du hors d’œuvre au dessert ; les plats différents se succèdent les uns aux autres, le contenu de l’assiète change, la conversation l’anime, le mouvement et la vie l’imprègnent de part en part. » (Michel Quesnel – La sagesse chrétienne, un art de vivre p. 46) « Le voile qui obscurcit vos yeux, par les mains qui l’ont tissé sera écarté. Et l’argile qui obstrue vos oreilles, par les doigts qui l’ont pétrie sera percée. C’est alors que vous verrez. C’est alors que vous entendrez. Vous ne vous plaindrez cependant d’avoir connu la cécité, ni ne regretterez la surdité, car en ce jour vous saurez les secrets desseins cachés en toutes choses et vous bénirez les ténèbres comme vous béniriez la lumière. » Khalil Gibran – Le prophète p. 103  
Vieillir Que fais-tu, grand-mère, là, dehors, toute seule ? Eh bien, vois-tu j’apprends, j’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée, j’apprends le goût de l’instant quand mes mains tremblent…J’apprends la patience et aussi l’ennui ; j’apprends que la tristesse du cœur est un nuage et nuage aussi le plaisir ;…j’apprends que les regrets sont de petites pierres pointues qui blessent les mains qui les enserrent et qu’il est meilleur que nos mains restent ouvertes ; j’apprends qu’il faut aimer, que le bonheur des autres est notre propre bonheur… ; j’apprends à regarder les montagnes qui se profilent au loin et que je n’atteindrai jamais ; j’apprends que même un corps immobile danse quand le cœur est tranquille… ; j’apprends à être vieille ! (Les Essentiels 3067 p. 56)  
Violence : Croire Aujourd’hui 143 p. 11 – Prier 246 p. 25 Transfiguration de la violence du monde : Cf. La Pâque de Frère Roger – Dossier « Méditations »  
Virginité : Philippe Mac Léod - Les Essentiels n° 3040 p. 14  
Vocation : Croire n° 150 p. 10 à 21) « La vocation d’un être donne l’allure inimitable d’une existence, son style et son souffle, sa simplicité et sa fécondité. Elle a partie liée à l’élan de la vie qui se donne, elle a la saveur du bonheur, ici et maintenant, elle porte aussi la frustation de l’inaccompli, jusqu’au bout ». (Paul legavre – Les gros mots de la foi in Croire Aujourd’hui 252 p. 35 Vocation de l’homme, du couple La vocation de l’homme, c’est la relation. C’est dans la relation à l’autre que se révèlent mes forces et mes fragilités, mes capacités à m’ouvrir et à aimer. Les paroles, les regards ou les gestes qui émaillent notre vie lui donnent toute sa chair, toute sa raison d’être . Nos relations de tous les jours seraient donc comme des « révélateurs » de ce qu’est profondément la dynamique de notre relation à Dieu : une alliance d’amour sans limite….Ce n’est pas par hasard que la tradition chrétienne considère la vie entre époux comme signe de l’alliance entre Dieu et l’homme. La famille est à mes yeux le lieu privilégié où l’on peut vivre l’évangile.  L’échec, c’est quand deux partenaires croient que l’autre n’a plus rien à offrir, que la relation est épuisée, comme une mine abandonnée, une source tarie. .. Se faire toujours plus disponible à ce mystère de la relation ouvre une perspective inespérée : celle de vivre un élan de résurrection au quotidien. (Dennis Gira – Prier 05.03 p.6-8)
« Celui qui nous a faits à son image nous a donné l’amour comme vocation générique. Mais la forme concrète de cet amour, il la laisse au choix de notre liberté…. C’est à nous de trouver les chemins qui portent plus loin l’amour, la solidarité, la justice. Dieu nous accompagnera toujours d’un même amour passionné dans le chemin commencé la veille, ou dans un nouveau chemin que nous aurons choisi aujourd’hui, si nous estimons qu’il a plus de chances de produire un amour plus grand » (Jean-Louis Segundo)


Nous avons tous des talents, tous une place quelque part. mais c’est souvent bien difficile d’y parvenir. Pour certains, cela relève même du parcours du combattant. Beaucoup disent qu’ils n’ont pas de vocation particulière. Il est vrai que nos personnalités recèlent bien des facettes, mais aussi bien des trésors… Trouver sa voie, se connaître, s’accueillir comme on est, avoir confiance en ses capacités, c’est déjà quelque part entendre l’appel qui nous est fait de vivre, de s’accomplir, d’être soi en vérité. Y répondre peut prendre du temps, parfois toute une vie. (La Vocation, un appel à s’accomplir – Croire  286 p.35)

Vulnérabilité            « Vivre avec notre insécurité fondamentale, le sentiment aigu de notre vulnérabilité… Le refouler, le nier, c’est se priver d’une heureuse cohabitation avec l’incertitude. Alors, au lieu de fourbir des armes, de construire maintes carapaces, l’œuvre d’une vie pourrait s’épanouir sur d’autres chantiers : trouver la paix dans l’insécurité, la découvrir dans les hauts et les bas du quotidien. Cette paix, comme le joie inconditionnelle, ne s’obtiennent pas ailleurs, dans un monde parfait, mais ici, en pleine difficulté, dans le doute, avec les blessures. Oui, de notre fragilité, contre toute attente, peuvent naître des ressources inouïes. Et la vraie force revient à s’appuyer sur la précarité pour aller sans bagage et sans armure, nu sur les chemins de l’existence » (Alexandre Jollien  - Les Essentiels 04.11.10)